A quand le vrai débat en République tchèque sur la Constitution européenne ?

La République tchèque est-elle le principal adversaire des projets envisagés par l'Allemagne, pays qui préside l'Union européenne, et consistant à donner un nouveau souffle au Traité constitutionnel de l'Union européenne ? Le serveur l'UEobserver et certains médias étrangers, se référant aux négociations qu'a eues à Prague la chancelière allemande Angela Merkel, répondent à la question par l'affirmative. Plusieurs articles sont apparus dans la presse tchèque, à ce sujet...

L'avenir de la République tchèque au sein de l'Union européenne, au moment où s'ouvre le deuxième volet du débat sur le Traité constitutionnel, est le thème d'un article qui est paru dans la dernière édition de l'hebdomadaire Respekt. Celui-ci fait d'abord remarquer que la Tchéquie est le seul pays à avoir nommé comme négociateur un homme politique. Un politicien en plus, dont les positions sèment souvent la controverse.

L'eurodéputé Jan Zahradil, l'un des deux négociateurs tchèques à côté de Jiri Sedivy, est effectivement connu pour ses positions et déclarations eurosceptiques, voire antieuropéennes. Selon ses récentes déclarations, le texte du Traité constitutionnel, qui avait été rejeté par les consultations populaires en France et en Hollande, ne s'apprête pas à être mis à jour. « L'Europe des démocraties au lieu d'une intégration européenne profonde ». Voilà l'alternative qu'il privilégie.

Jan Zahradil
Le quotidien Hospodarske noviny cite Jan Zahradil, selon lequel l'un des problèmes clés de la Constitution européenne serait lié à la Charte des droits fondamentaux. Celle-ci élargirait trop les compétences des institutions européennes. Et le journal de citer les paroles de l'eurodéputé tchèque :

« La Charte ouvrirait la possibilité de faire entrer le droit européen dans les systèmes sociaux et de pension nationaux. C'est ce qu'il faut empêcher ».

Selon Jiri Paroubek, chef du parti social-démocrate qui est le principal parti de l'opposition et qui se déclare être un parti proeuropéen, la position du nouveau gouvernement tchèque serait « eurosceptique voire europhobe ». A propos de la Constitution européenne, il dit :

Jiri Paroubek
« Les choses évoluent, bien sûr. Ce que je pense, c'est que l'Europe a besoin d'une constitution, qu'elle a besoin d'un arrangement entre les institutions des Etats nationaux et les institutions de l'Union européenne, ainsi qu'entre les institutions européennes elles-mêmes. »

Déplorant par la truchement de ses différents représentants l'approche officielle, le parti social-démocrate initie, d'ores et déjà, la convocation d'une réunion extraordinaire de la Chambre des députés qui se pencherait sur la question de la Constitution européenne.

La position de la nouvelle coalition gouvernementale est-elle réellement antieuropéenne et est-elle unanime, s'agissant de la Constitution européenne ? L'hebdomadaire Respekt, déjà cité, signale que les choses sont loin d'être aussi simples et qu'il existe à ce sujet une cacophonie des voix au sein de cette coalition.

Mirek Topolanek et Angela Merkel,  photo: CTK
Si le Parti civique démocrate (l'ODS) n'est pas favorable à l'idée de la Constitution européenne telle quelle, le parti des Verts s'est en revanche toujours défini comme son partisan, de même qu'un autre parti de la coalition gouvernementale, le parti chrétien-démocrate. Ce dernier défend pourtant cette position de plus en plus tièdement et sans beaucoup de conviction, comme si cette question, pour citer le journal Respekt, « ne l'intéresserait point ».

Dans ses pages, nous pouvons également lire : «Lors de sa récente mission à Prague, Angela Merkel a appris que les Tchèques ne veulent pas la Constitution. D'un autre côté, ils ne sont pas à même de soumettre une autre variante qui serait la leur ».

Le journal conclut pourtant sur un ton légèrement optimiste en évoquant l'esprit politique et géographique réaliste du nouveau Premier ministre, Mirek Topolanek. Et d'écrire : « Il est peu probable que le gouvernement tchèque dise non, au cas où la majorité écrasante des autres disent de nouveau oui. Topolanek réalise que le prix à payer serait trop élevé, se traduisant notamment par des relations lésées avec nos voisins ».