A Tout Prague : dix ans d’infos en français sur la République tchèque
A Tout Prague est un magazine francophone sur Prague et la République tchèque. Petr Fuksa en est le rédacteur en chef.
Pouvez-vous nous décrire ce que l’on peut trouver dans ce magazine ?
« On essaie de toucher tous les francophones et francophiles en Tchéquie et à l’étranger qui s’intéressent à la République tchèque. Les sujets sont très variés. On se concentre moins sur l’actualité, même si on a une ou deux pages sur des concerts ou des évènements actuels. Mais on a surtout la rubrique tourisme, ou on présente des personnalités tchèques intéressantes, que ce soient des personnalités contemporaines ou des personnalités historiques. On essaie de présenter des évènements, des expositions qui sortent de l’ordinaire, de mettre toute les informations pratiques que les gens recherchent quand ils sont soit expatriés, soit touristes. »
Où peut-on trouver ce magazine ?
« Il est disponible dans toutes les sociétés francophones – françaises, belges, suisses – en République tchèque. On est présent dans les grands hôtels, dans les institutions, et dans les ambassades. On a un réseau d’abonnés. C’est surtout de cette façon qu’on est distribué. Et aussi, les numéros anciens comme les numéros actuels sont à disposition à la médiathèque de l’Institut français de Prague. »Est-il distribué en France ou à l’étranger ?
« C’est par abonnement. On a pas mal d’abonnés, en France, en Belgique et même au Canada. On est dans les offices tchèques de tourisme de Toronto, de Paris, de Bruxelles et de Zurich. »
Avez-vous une idée du nombre de lecteurs d’A Tout Prague ?
« On a à peu près 10 000 lecteurs par numéro. L’avantage du magazine, c’est qu’il n’est vraiment pas basé sur l’actualité. Les gens s’abonnent souvent aux anciens numéros. Par exemple, hier, nous avons rencontré un monsieur qui est venu à Prague. Il a commandé huit ou neuf anciens numéros et il a pris un abonnement pour le futur. Donc si un sujet intéresse, les gens commandent les anciens numéros et les magazines ne sont pas jetés. Ils sont souvent conservés dans les bibliothèques. »
Effectivement, c’est un beau magazine, avec un papier de qualité. Cela doit coûter cher de fabriquer un magazine comme celui-là. Comment arrivez-vous à tenir le coup dans un monde médiatique impitoyable ?« Ce n’est pas évident. On finance tout par la publicité, nous n’avons pas de support gouvernemental ou institutionnel. Mais chaque numéro qui est sorti a généré du profit. C’est un des principes de notre société. On ne sort pas un numéro avant que le budget ne soit couvert par la publicité. »
Avez-vous des retours sur ce que vous faites, ou sur ce que les gens recherchent le plus comme information ?
« Avec chaque numéro, on a des retours par mail. C’est très intéressant parce que je n’ai pas le souvenir de retours négatifs, ce qui est surprenant parce que généralement préfèrent écrire des choses négatives plutôt que positives. A chaque numéro, on a des retours sur le contenu, sur ce que les gens recherchent, ou éventuellement sur ce qui manquait dans tel ou tel article. Mais ce sont surtout des surprises qui poussent les gens à écrire, comme par exemple que c’est un Tchèque qui a inventé les lentilles de contact ou des choses comme ça. Les gens ne connaissent pas beaucoup de personnes célèbres nées en Tchéquie et ils apprécient beaucoup d’apprendre ces choses. Notre deuxième abonné à vie était M. Barrande. Les Tchèques connaissent très bien Joachim Barrande parce qu’il a beaucoup fait pour la paléontologie. Il a retrouvé des pierres des temps préhistoriques. Il y a un quartier de Barrandov qui porte son nom. Et donc ce M. Barrande, qui est un descendant direct de Joachim Barrande, nous a contactés parce qu’il a trouvé un article sur son aïeul dans notre revue. On s’est rencontré. Il nous envoie régulièrement des revues intéressantes, des articles intéressants. C’est très agréable d’avoir des gens comme ça. Il n’est pas le seul. »
Du point de vue médiatique, il est de plus en plus difficile d’intéresser un lectorat français sur ce qui se passe en Europe centrale et donc en République tchèque. Avez-vous également ce sentiment ? Et comment réussissez-vous à attirer votre lectorat ?
« Il est vrai qu’il est difficile d’attirer des lecteurs et de les garder. On est sur un marché assez restreint, au niveau du lectorat. Et j’ai quand même l’impression que le nombre de gens, francophones et francophiles, qui s’intéressent à la République tchèque, ne varie pas tellement. Il est vrai qu’il y a moins de Français qu’au début des années 1990 où ils géraient des grandes sociétés. Mais souvent ils restent en contact avec la Tchéquie et s’y intéressent toujours. Et il y a aussi de nouvelles personnes qui arrivent, pour des séjours plus courts, mais en quantité, je pense que ça reste quand même au même niveau. »A Tout Prague a aussi un site internet assez bien fait, assez riche, plus souvent actualisé que la version papier. A quoi ressemble ce site internet ?
« Dans le site on a essayé de mettre vraiment toutes nos connaissances des Tchèques et des francophiles qui vivent en Tchéquie, et qui sont capables de comprendre ce qu’un Français ou un francophone recherche comme information, qu’il reste longtemps ou qu’il soit touriste. On essaie de mettre notre amour de la République tchèque et notre amour du savoir-vivre français ensemble. Et je pense qu’on est un site très unique dans ce sens. »C’était Petr Fuksa, rédacteur en chef du magazine A Tout Prague. Sachez également qu’A Tout Prague se développe sur internet autour des frontières tchèques. Existent d’ores-et-déjà A Tout Budapest, A Tout Bratislava et A Tout Vienne, en attendant la création des sites pour d’autres capitales centre-européennes.