Accueil des réfugiés : Bruxelles brandit la menace de sanctions
La Commission européenne a fait les comptes : sur les 160 000 réfugiés arrivés en Italie et en Grèce dont l’accueil doit être réparti entre les autres pays de l’UE d’ici à septembre 2017, à peine un dixième l’ont effectivement été. « Des résultats encourageants » selon Bruxelles mais qui ne sont sans doute pas liés aux efforts de la République tchèque. Depuis l’adoption de ce mécanisme à l’été 2015, Prague a accueilli sur son sol douze réfugiés et n’est pas disposé à faire plus malgré la menace de sanctions.
En réalité, rares sont les pays, comme la Finlande, à être sur la bonne voie pour parvenir aux objectifs fixés, mais les pays du groupe de Visegrád, dont l’opposition à tout système de répartition obligatoire de l’accueil des migrants est connue, sont très en retard. La Tchéquie peut ainsi se targuer de faire mieux que la Slovaquie, où seulement neuf réfugiés ont été relocalisés, et surtout que la Pologne et la Hongrie, qui n’ont pour l’heure rien fait.
Une nouvelle fois, Bruxelles a appelé les Etats membres à redoubler d’efforts et le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, a évoqué de possibles sanctions contre les pays récalcitrants. En mai dernier, il était question de leur faire payer une amende de 250 000 euros par jour et par migrant, ce qui avait suscité l’ire des capitales centre-européennes. A la Télévision publique tchèque, l’eurodéputée libérale suédoise Cecilia Wikström a détaillé une autre proposition qu’elle souhaite soumettre à ses collègues parlementaires d’ici un mois :
« Selon moi, cette idée d’amende n’est pas bienvenue. Je trouve qu’il n’est pas très éthique de mettre une étiquette de prix sur des gens qui fuient la guerre et les persécutions. Avec mes collègues eurodéputés, nous étudions une autre piste : envoyer moins d’argent depuis les fonds européens aux pays qui ne respectent pas la législation européenne. Je dois dire que je trouve qu’il est assez ironique que les pays qui ont les mots les plus durs et qui sont certains de ne pas vouloir voir le moindre réfugié sur leur sol sont justement les quatre pays qui reçoivent le plus de dotations depuis les fonds européens, plus que les autres Etats membres. »
Il n’est pas certain que ce type de menaces fasse infléchir la position tchèque. Au sommet informel des dirigeants européens à La Valette, début février, la question de la répartition automatique des réfugiés a à peine été abordée puisqu’aucun accord n’était possible. Le premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka avait reçu un mandat clair : s’opposer, comme les fois précédentes, à tout système de quotas.
Pour Prague, la priorité est d’empêcher les réfugiés de rejoindre l’Europe. C’est précisément ce qui a été discuté à Malte avec des mesures ciblant tout particulièrement la Libye, point de départ de nombreux migrants pour tenter de franchir la Méditerranée. Un programme de renforcement des garde-côtes et de lutte contre les passeurs qui convient tout à fait au chef du gouvernement tchèque :« A l’heure actuelle, nous contribuons à hauteur de plusieurs dizaines de milliers d’euros pour renforcer les garde-côtes libyens. La somme que nous apportons a déjà été allouée et j’imagine que nous pourrons continuer à fournir une aide à l’avenir. C’est une bonne opportunité afin d’arrêter l’immigration illégale vers l’Europe, alors à nous de suivre cette voie ! »
Les Vingt-Huit réfléchissaient également à un accord similaire à celui conclu avec la Turquie afin que la Libye garde sur son sol les réfugiés qui y arrivent. Voilà qui déplaît fortement à de nombreuses ONG qui dénoncent la façon dont les migrants y sont traités. De surcroît, comme le remarque l’ancien ministre des Affaires étrangères Cyril Svoboda, conclure un accord avec l’Etat libyen n’est pas chose aisée dans la mesure où celui-ci n’existe tout simplement pas aujourd’hui.