Affaire de l’ex-gardien Vondruška : les Tchèques à nouveau confrontés à leur passé communiste
Après une vague de protestations, soulevée à la fin de 2012 par la nomination de deux conseillers régionaux communistes à České Budějovice, la controverse continue avec la nomination d’une autre personnalité liée à l’ancien régime, à ce même poste à Liberec, dans le nord du pays. L’affaire suscite un vif débat, car il s’agit d’un certain Josef Vondruška, un ex-gardien soupçonné d’avoir torturé des prisonniers politiques et faisant actuellement l’objet d’un procès.
La plainte a été déposée il y a plus de quatre ans. Privé de son immunité parlementaire, Josef Vondruška a effectivement comparu devant le tribunal, mais il a été acquitté de ces accusations par manque de preuves. Après ce verdict, prononcé en 2011, Jiří Wolf a déclaré à la Radio tchèque :
« Il est vrai qu’il manquait de témoignages directs pour justifier cet acte d’accusation. Il n’a pas été prouvé par des témoins, que Vondruška avait frappé quelqu’un. Mais cela ne veut pas dire qu’il est innocent ni qu’il a été réhabilité. Je pense que ce procès était une chance pour la justice tchèque de prouver qu’elle respectait les droits de l’homme. Mais elle a échoué. Depuis 1989, plusieurs anciens gardiens ont comparu devant les tribunaux, mais pas un seul n’a été condamné. Pour moi, cela signifie que la justice est encore entre les mains de l’ancien pouvoir communiste. »
Or, la cour d’appel de Hradec Králové a finalement décidé la réouverture du procès, en s’appuyant sur les nouveaux témoignages de deux autres anciens prisonniers. L’un d’entre eux, Pavel Skramlík, aurait vu de ses propres yeux Josef Vondruška s’attaquer à plusieurs reprises à Jiří Wolf : « Il l’a frappé au ventre avec une matraque et l’a jeté contre le mur. (…) J’ai aussi entendu Wolf crier de douleur », a-t-il déclaré. L’historien Aleš Kýr, quant à lui, a essayé de prouver, devant les juges, que la prison de Minkovice n’était équipée de caméras comme l’a suggéré Josef Vodruška. Ce dernier réfute toutes les accusations qui relèvent, selon lui, de la pure fantaisie. De même, il n’envisage pas de quitter son nouveau poste de conseiller régional de Liberec qu’il occupe en dépit des protestations de 26 autres membres du conseil. On l’écoute :« Je me poserais cette question si j’étais condamné. Mais tant que le tribunal n’aura pas rendu de jugement définitif établissant ma culpabilité, je ne vois pas sur quoi je devrais réfléchir. »
Toujours est-il que Josef Vondruška risque dix ans de prison ferme pour abus de pouvoir. Le verdict pourrait être prononcé en juin prochain.