Suite aux inondations au Pakistan et devant l’ampleur de la catastrophe, l’ONU s’est récemment inquiétée de la lenteur de la réaction à l’appel d’urgence de fonds. Les Nations Unies souhaiteraient en effet accélérer une aide internationale qui tarde à venir. En République tchèque, la situation est similaire: les ONG constatent, elles aussi, un déficit d’intérêt des donateurs tchèques, pourtant jusqu’alors réputés pour leur générosité.
Moravie, 1997
Souvent frappés par des catastrophes naturelles et notamment des inondations, dont les premières d’une ampleur catastrophique remontent à l’été 1997 en Moravie, les Tchèques ont appris à faire preuve de solidarité. Ils ne sont donc indifférents ni au sort de leurs compatriotes ni à celui d’autres populations du monde. On se souvient ainsi, par exemple, des sommes importantes et presque surprenantes qui avaient été collectées par les différentes ONG du pays, quelle que soit leur orientation, suite au tsunami en Asie du sud-est au début de l’année 2005.
Pakistan, photo: CTK
Cette fois, les millions de Pakistanais dans le dénuement ont, semble-t-il, moins ému les Tchèques, il est vrai sans doute plus préoccupés par les dommages causés dernièrement par la montée des eaux dans la région de Liberec. Ainsi, Člověk v tísni (« People in need »), l’ONG la plus importante du pays, n’a récolté que quelques centaines de milliers de couronnes, tandis que la Charité catholique tchèque n’a reçu depuis le début du mois d’août que 350 dons sous forme de SMS, un mode d’aide auquel ont souvent recours les Tchèques, maniaques du téléphone portable. Directrice du Forum des donateurs tchèques, Pavlina Kolousová, nuance cependant la situation actuelle :
Photo: Barbora Kmentová
« Il est bien entendu dommage que si peu de fonds aient été récoltés jusqu’à présent pour l’aide au Pakistan. Etant donné l’ampleur de la catastrophe, on pouvait s’attendre à plus, c’est vrai. D’un autre côté, on remarque quand même que la tendance en matière de dons est plutôt à la hausse. Depuis le début de l’année, le montant des dons faits par les Tchèques est supérieur de 600 000 euros à celui de l’année dernière à la même époque. »
Les Tchèques ne sont donc pas avares. Simplement ils sont moins solidaires avec les Pakistanais. Organisation humanitaire elle aussi traditionnellement très active, ADRA n’a ainsi reçu qu’un peu plus de 140 000 couronnes pour le Pakistan, soit à peine 5 600 euros. Difficile dans ces conditions d’apporter une aide concrète, mais la porte-parole d’ADRA, Tereza Svobodová, se montre compréhensive :
Pakistan, photo: CTK
« Il y a déjà eu beaucoup de catastrophes et d’événements exceptionnels cette année. Cela a d’abord commencé dès le mois de janvier avec le tremblement de terre à Haïti. Ensuite il y a eu les inondations, que ce soit chez nous en Moravie au printemps, puis au Bangladesh et de nouveau chez nous. J’ai envie de dire qu’il est presque normal que les gens fassent moins de dons. »
Si les dons sont donc cette fois nettement moins importants que ceux faits en d’autres occasions du même type, il n’en demeure pas moins que les Tchèques ne sont assurément pas les premiers responsables de l’insuffisance de l’aide internationale dont se plaignent les Nations Unies.