Aide sociale à l’enfance : une nouvelle campagne pour davantage de familles d’accueil professionnelles
Plus de 8 000 enfants en République tchèque vivent actuellement dans des centres d’accueil, soit un des chiffres, proportionnellement à la population du pays, les plus élevés d’Europe. Pour tenter d’améliorer la situation, le ministère du Travail et des Affaires sociales a lancé une campagne intitulée « Právo na dětství » (Le Droit à l’enfance), dont l’objectif est d’augmenter le nombre de familles pouvant accueillir temporairement des enfants en difficulté avant que ceux-ci ne reviennent dans leur famille biologique ou qu’ils ne trouvent une famille d’adoption.
« La campagne fait partie d’un projet de longue durée qui veut transformer le système de la protection de l’enfant dans notre pays. Il ne s’agit pas seulement d’une campagne visant à soutenir le développement des familles d’accueil. Elle veut, avant tout, avertir le public professionnel et les politiques des problèmes que rencontre l’enfant en difficulté, et souligner qu’il faut faire le maximum pour que l’enfant puisse rester dans sa famille, ou sinon, de montrer quelles mesures il faut prendre pour minimiser ses frustrations. »
L’accueil de l’enfant pour une courte durée déterminée existe en République tchèque depuis 2006 mais n’a été mis en pratique qu’à partir de 2013. Il reste actuellement, et pas seulement aux yeux de l’opinion publique, moins apprécié que les formes plus traditionnelles – l’accueil pour une période indéterminée ou l’adoption. Même si la plupart des experts en la matière soulignent qu’un environnement familial peut aider à prévenir les privations psychologiques, produites souvent par des séjours dans les centres d’accueil, cette campagne a trouvé également ses adversaires, entre autres en raison des rémunérations financières destinées à ces assistants familiaux professionnels. Nous écoutons la députée Radka Maxová du mouvement ANO :« Être mère ou père n’est pas une qualification suffisante pour pouvoir devenir un parent d’accueil. Je ne suis pas tout à fait sûre qu’il faille préférer les familles professionnelles aux centres d’accueil. Ce type de prise en charge existe en République tchèque depuis deux ans et pour l’instant, nous n’avons pas d’analyses qui confirmeraient ses avantages. De plus, je pense que cette campagne était également ciblée sur la réduction du chômage. Je ne veux pas mettre en cause quiconque mais je crains qu’un certain nombre de demandeurs d’emploi puissent y voir une simple possibilité de gain. Pour ces raisons, il faut que la procédure de sélection et les mécanismes de contrôle dans le choix des candidats convenables, fonctionnent bien. Et je crois qu’il y a encore des choses à améliorer. »
Les rémunérations représentent actuellement 20 000 couronnes par mois lorsque la famille s’occupe d’un enfant, mais aussi lorsqu’elle fait partie du programme d’accueil mais n’a pas d’enfant à charge. C’est justement ce dernier point qui suscite la controverse. Michaela Marksová-Tominová s’oppose à ces arguments en indiquant que ces rémunérations ne servent qu’à couvrir les besoins de la famille liés à l’accueil de l’enfant et souligne que les frais relatifs aux soins des enfants dans les familles d’accueil sont plus bas que ceux concernant les enfants vivant dans les établissements d’enfants :« En ce qui concerne les familles d’accueil à courte durée déterminée, nous attendons que leur nombre augmente. Mais le but est surtout d’assurer la possibilité, pour un enfant nouveau-né qui attend soit de retourner dans sa famille, soit de trouver une famille d’adoption, de rester dans une famille plutôt que dans un centre d’accueil pour nourrissons. Néanmoins, nous ne cherchons pas des familles d’accueil à tout prix. Le processus de sélection des candidats s’étale sur une longue période de neuf à douze mois. Et après cette sélection, les futurs parents d’accueil doivent assister à un cours d’au moins 72 heures, qui ne concerne pas seulement la prise en charge de l’enfant mais qui les prépare également, par exemple, à la communication avec la famille biologique, ce qui est sans aucun doute difficile. »Bien qu’en 2014, le nombre de familles d’accueil à courte durée déterminée soit passé de 153 à 421, ce nombre n’est en aucun cas suffisant. Cette campagne promet ainsi, à travers différents projets qui se tiendront jusqu’au mois d’octobre, d’informer le public et les professionnels sur toutes les possibilités qui s’ouvrent actuellement dans ce domaine de l’aide sociale.