Alcool : plus d’un million de Tchèques ont une consommation à risque

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On le savait déjà : l’alcool est un problème de santé publique en République tchèque Le rapport annuel sur les substances addictives, rendu public ce mercredi par le Centre national d’observation des drogues et des dépendances, ne fait que le confirmer. Plus d’un million de personnes ont un comportement très risqué ou à risque avec l’alcool, qui est de loin la drogue responsable du plus grand nombre de décès.

Photo illustrative: Eva Turečková
Le groupe de rock Tři sestry n’est pas le dernier pour chanter sous toutes ses coutures ce que boire de l’alcool, et surtout de la bière, veut dire. Cela constitue sans doute un exercice de style assez répandu dans la culture populaire tchèque, qu’on pense aussi aux aventures bien connues du soldat Svejk, notamment quand il devient l’assistant du curé militaire Otto Katz, un individu plutôt porté sur la bouteille.

Thème récurrent dans le monde culturel, l’alcool représente aussi un problème pour la santé des Tchèques. Bien qu’ils boivent légèrement moins de bière que par le passé, selon les données récentes de la Fédération tchèque des brasseries et des malteries (ČSPS), ils en restent les premiers consommateurs mondiaux, avec 143 litres ingurgités en moyenne par habitant l’an passé. Surtout, leur consommation d’alcool, elle, ne baisse pas. L’addictologue Michal Miovský voit plusieurs raisons à cela :

Michal Miovský,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
« On reste en présence de deux facteurs principaux. Le premier c’est que l’exécution des lois n’a pas une bonne tradition en République tchèque cette dernière décennie. L’accessibilité de l’alcool et le respect des normes qui ont été établies sont des problèmes significatifs : ce n’est pas que notre législation est mauvaise ou si différente au regard des autres pays européens, mais qu’elle n’est pas appliquée. Et il y a ensuite quelque chose qui est sans doute fondamental, c’est qu’il y a une ambiance d’ensemble qui pousse vraiment à la consommation. »

Selon le nouveau rapport du Centre national d’observation des drogues et des dépendances, plus d’un demi-million de Tchèques ont une consommation d’alcool qui peut nuire à leur santé ; ils boivent quotidiennement deux ou trois bières pour les hommes, une ou deux pour les femmes. A ce groupe, s’en ajoute un autre, dont l’effectif est légèrement supérieur, des personnes qui présentent un risque de tomber la dépendance à l’alcool.

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Le document identifie également quelques évolutions nouvelles à cette consommation. Les Tchèques fréquentent moins les débits de boisson que par le passé et ont davantage tendance à boire chez eux. Mais les inquiétudes se portent surtout sur les jeunes, qui ont une relation à l’alcool de plus en plus tôt. 70% des adolescents déclarent ainsi avoir consommé de l’alcool au cours du mois écoulé, ils sont quatre sur dix à avoir eu une consommation que certains qualifieront de festive, d’autres d’excessive, avec l’ingurgitation de cinq verres d’alcool ou plus en une seule occasion.

Un phénomène qui laisse présager de comportements à risque lors de leur vie d’adulte. Le coordinateur de la lutte anti-drogue Jindřich Vobořil confirme les dires de Michal Miovský, en pointant du doigt l’accessibilité des boissons alcoolisées et le non-respect de la législation existante en la matière :

« Jusqu’à 90% des personnes derrière les caisses ignorent le fait que vendre de l’alcool à quelqu’un de moins de 18 ans peut constituer un délit. L’autre chose, c’est qu’elles doivent apprendre à savoir dire ‘non’. »

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Le rapport s’intéresse également aux autres substances addictives. Parmi elles, c’est la pervitine, une drogue s’apparentant à la méthamphétamine et souvent produite en Tchéquie, qui pose le plus problème. C’est ce qu’indique Pavla Chomynová, une des auteurs de ce travail :

« On trouve le plus souvent la pervitine parmi les utilisateurs problématiques de drogue. Pour l’année 2015, nous évaluons à 47 000 le nombre de consommateurs à problème, et parmi eux quelque 34 000 consomment de la pervitine. »

L’alcool n’en reste pas moins la cible principale de cette cuvée 2016 du rapport sur les addictions en Tchéquie. Il tue quarante fois plus que les drogues illégales.