Alexandr Hackenschmied

Alexandr Hackenschmied, 1936

Le cinéma indépendant ne déclare pas la guerre à l'industrie cinématographique. Le cinéma indépendant veut travailler sur les terrains délaissés par l'industrie afin de la compléter. Le cinéma indépendant doit montrer à l'industrie qu'il existe une méthode de travail nouvelle et meilleure.

Voilà un extrait du texte sur le cinéma indépendant, rédigé par le célèbre photographe et cinéaste, Alexandr Hackenschmied, dans les années trente. Il est l'un des représentants les plus remarquables de l'avant-garde tchéco-américaine, du film documentaire tchèque et mondial. Depuis la fin des années vingt, jusqu'au années quarante, il s'est consacré au développement de la culture théorique et à l'accessibilité du cinéma, ainsi que de la photographie au large public. Vers la fin des années trente et dans les années quarante, il a publié un grand nombre d'article sur le cinéma mondial de l'époque. Sans omettre, évidemment, une centaine de comptes rendus dans le journal Narodni osvobozeni(Libération nationale) et dans la revue Pestry tyden(Semaine variée). Il est considéré comme le pionnier d'un style de photographie tout à fait particulier, appelé nouvelle et appliquée.

L'artiste est né le 17 décembre 1907 à Linz, en Autriche. Mais, il passe son enfance à Prague. La photographie, une passion qui le tient depuis l'adolescence. A quinze ans, le désir d'être indépendant sur le plan technique, le pousse à s'équiper d'une chambre noire pour pouvoir traiter et tirer les photos. Dans les années vingt et au début des années trente, il se consacre donc à la photographie. Sa grande passion sera, en fait, un passage au monde du cinéma. Alexandr fait partie du mouvement artistique novateur. A plusieurs reprises, il expose ses oeuvres photographiques, qui paraissent également dans de nombreuses publications. En 1930, inspiré par l'exposition de Stuttgart Film und Fotografie, Alexandr Hackenschmied organise, à Prague, l'exposition La Nouvelle photographie(Nova fotografie). A cette époque, il tourne également son premier film Promenade inutile(Bezucelna prochazka). Entre autre, il réalise le décor d'Erotikon, film muet, réalisé par Gustav Machaty en 1929, les prises de vue de Novembre, réalisé par Otakar Vavra, prises de vue et montage du film La route chante d'Elmar Klos, les deux derniers sortis dans les années trente. La situation politique en Bohême s'aggrave. Le film d'Alexandr Hackenschmied La Crise(Krize), axé sur le fascime, témoigne de la situation compliquée de la région des Sudètes. La première a lieu en 1939, à Paris, où le cinéaste est poussé à fuir le régime nazi à cause de ses origines juives. Pendant près de six mois, il résidera dans la capitale de la France. Au cours de cette période, il part à Londres où il travaille avec le réalisateur Francis Thompson. Américain, Thompson lui propose de le suivre à New York. Alexandr n'hésite pas et part définitivement aux Etats Unis. A cet instant, il ignore qu'il ne reverra pas sa patrie avant une cinquantaine d'année. Il adore New York, la ville qui, d'après ses propres paroles, le remplit d'une énergie positive. En plus, Alexandr n'a pas trop de difficulté à trouver du travail, étant donné que son nom est loin d'être inconnu. Dans les années quarante, il fait la connaissance de sa première épouse, la cinéaste Maya Deren. Alexandr la prend en photo pour une série de portrait et de nus. Malheureusement, le mariage avec Maya ne durera pas très longtemps. Le couple divorce en 1947. Alexandr obtient la nationalité américaine et change son nom de famille. Il devient Alexandr Hammid. Assez rapidement, il se fait une place au soleil dans le monde du cinéma. Il est reconnu comme expert du film documentaire et considéré en tant que représentant du film indépendant et expérimental.

Dans les années soixante, à l'occasion de l'Exposition mondiale à New York, il présente une nouveauté extraordinaire, le film To Be Alive(Vivre), réalisé en coopération avec Francis Thompson, sur un écran à trois dimensions. To Be Alive, sera primé par un Oscar comme le meilleur film documentaire court métrage, en 1965. Dans les années soixante- dix, c'est un vrai boom avec l'écran géant IMAX. Pendant plusieurs années, Alexandr Hackenschmied travaille pour l'Organisation des Nations Unis. Il reste très actif, jusqu'à un âge assez avancé. A quatre-vingt ans, il se retire définitivement de la vie professionnelle et ferme la boîte de production qu'il gérait avec son ami Francis Thompson.

Une rétrospective de l'oeuvre photographique du célèbre cinéaste et photographe a eu lieu à l'Institut français, à Prague, en présence du fils de l'artiste, Tino Hammid, en février 2004. A l'occasion, un vernissage à l'atelier du photographe Josef Sudek et à l'Institut français ont été organisés. Les visiteurs ont été invités à assister à la projection du premier film du cinéaste Promenade inutile, réalisé en 1930 et Meshes of the Afternoon, film qui est à l'origine du film indépendant américain, tourné avec sa femme Maya Deren.

Alexandr Hackenschmied est décédé à New York cet été, en 2004, à l'âge de quatre-vingt-dix-sept ans.