Ancien ministre de l’Industrie et du Commerce, Vladimír Dlouhý est le candidat tchèque au poste de secrétaire général de l’OCDE
Ce jeudi, la République tchèque a officiellement présenté la candidature de l’ancien ministre de l’Industrie et du Commerce et actuel président de la Chambre de Commerce Vladimír Dlouhý au poste de secrétaire général de l’ Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Radio Prague Int. a posé quelques questions au candidat tchèque qui aspire à succéder à Ángel Gurría, qui achève son troisième mandat.
« On m’a proposé de présenter ma candidature. Ce n’était pas mon idée à l’origine. Le ministre des Affaires étrangères m’a suggéré de présenter ma candidature il y a environ un an. Un peu plus tard, j’ai trouvé un accord avec le président Zeman, le Premier ministre Andrej Babiš et le ministre des Affaires étrangères, et après quelques délibérations, on m’a offert cette possibilité et j’ai décidé d’accepter à la fin de l’année derière. C’est un défi et j’en suis fier. Ce serait un vrai succès que de voir un Tchèque devenir secrétaire général [de l’OCDE], donc je pense que c’est un défi qui vaut la peine d’être relevé. »
Que pensez-vous que votre expérience et vos origines centre-européennes peuvent apporter à l’OCDE ?
« Je commencerais par ce dernier point. Oui, en effet, les pays d’Europe centrale n’ont toujours pas eu de représentant à un poste aussi haut placé au sein de l’OCDE. Une Bulgare est actuellement à la tête du FMI. Cependant, madame Grigorieva a vécu très longtemps aux Etats-Unis, donc, si je ne me trompe pas, aucun ressortissant d’Europe centrale ‘typique’ n’a jamais occupé une telle position. »
« J’ai été ministre de l’Economie dans le tout premier gouvernement communiste suggéré par Václav Havel et approuvé en 1989, quand le pays s’appelait encore la Tchécoslovaquie. Après sa dissolution, j’ai été ministre de l’Industrie et du Commerce pendant cinq ans. Je pense que mon expérience de cette époque-là est très forte, car nous faisions alors face à des défis inconnus en raison de la transformation radicale d’une économie planifiée à une économie de marché. J’ai eu à diriger un grand ministère avec un grand nombre de projets très différents, donc je pense que j’ai pu prouver mes capacités en termes de management. »
« J’ai aussi une bonne expérience du secteur privé. Avec ma petite société de conseil, j’ai travaillé avec des clients internationaux comme Goldman Sachs, Rolls Royce, ABB. Je travaille d’ailleurs toujours avec Goldman Sachs aujourd’hui. »
« J’ai une expérience dans le domaine académique. J’enseigne à l’Université Charles et j’ai fait partie du conseil de surveillance à l’Institut de technologie de l’Illinois. Je parle en outre cinq langues, et j’ai été ministre d’un gouvernement qui a approuvé la candidature de la République tchèque à l’OCDE. Nous avons été le premier pays d’Europe centrale à rejoindre cette organisation et même le premier ministre à y représenter la République tchèque lors des réunions ministérielles annuelles, quand nous en sommes devenus membres. »
Le ministre des Affaires étrangères Tomáš Petříček a déclaré à propos de votre candidature que « l’objectif de la République tchèque[était] d’amener dans les structures de l’OCDE un expert issu des pays en transformation » et que « le thème de la République tchèque [était] de soutenir la production à valeur ajoutée. » Qu’est-ce que cela signifie ?
« Comme toutes les institutions internationales, l’OCDE se trouve à un croisement, car le monde entier est aussi à un carrefour après cette pandémie. Avant celle-ci, il y avait un consensus sur le fait qu’une toute nouvelle tendance en économie allait nécessiter des transformations et de nouveaux modèles qui devront être adoptés par les PME et les multinationales. Cela crée de nouveaux défis pour les politiques économiques, et dans l’éducation des jeunes, afin que la jeune génération soit prête à des modèles d’entreprise totalement différents, pas seulement les infrastructures traditionnelles, mais aussi les infrastructures numériques, l’intelligence artificielle, la robotique et toutes ces nouvelles tendances auxquelles le monde fait face. L’OCDE doit s’adapter aussi en se basant sur ses succès passés. »
Le ministre des Affaires étrangères a déclaré que son ministère allait tout faire pour vous aider à être élu. Quelle est votre stratégie de campagne et comment peuvent-ils vous aider ?
« Je ne suis pas là pour parler à la place des membres du gouvernement. J’apprécie grandement le soutien du ministre des Affaires étrangères, du Premier ministre et du président. En fait, tout ce dont nous avons parlé auparavant doit signifier que par seulement moi, mais aussi la République tchèque, en tant que membre expériementé de l’OCDE, a une vision claire de la manière dont cette institution devrait se transformer et se développer à l’avenir. Je voudrais souligner une chose en particulier : l’OCDE a toujours été vue comme une institution dirigée par ses membres, avec des Etats-membres qui décident de quelle manière l’OCDE doit procéder, quels sont les centre d’intérêts que l’OCDE devrait couvrir. C’est un point crucial de ma candidature : je pense que l’OCDE devrait éviter trop de management vertical du secrétariat, c’est clair. Il y a aussi d’autres choses que nous devons faire en lien avec le budget pour les deux années à venir, un problème crucial lié au système de retraites au sein des pays de l’OCDE etc. Tout ceci tourne autour d’une seule chose : le compromis. Il est très clair qu’avec 37 pays, vous avez une diversité d’opinions, donc une des qualités du futur secrétaire général doit être de réussir à trouver des compromis. »