L’OCDE fait ses recommandations pour une économie tchèque plus durable et écologique
Là où certains pays s’inquiètent du niveau élevé de leur chômage, la République tchèque se trouve dans une situation tout à fait inverse : la croissance du pays souffre du manque de main d’œuvre dans tous les secteurs. C’était l’une des principales conclusions du rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur l’économie tchèque, présenté à Prague en début de semaine par son secrétaire général, José Ángel Gurría. L’économiste mexicain a également conseillé de réduire les inégalités et de « verdir l’économie ».
Pour José Ángel Gurría, cette situation hypothèque la croissance future de l’économie tchèque. D’après les prévisions de l’OCDE, le PIB devrait tout de même augmenter de 3,8 % cette année, et ralentir à 3,2 % l’an prochain. Ainsi bon an mal an, le niveau de vie en République tchèque converge doucement vers la moyenne des 36 pays membres de l’OCDE, les Etats les plus développés de la planète. Le Premier ministre tchèque, Andrej Babiš, a retenu quelques enseignements de sa rencontre avec le secrétaire général de l’organisation :
« Le manque de main d’œuvre dans toutes les professions est pour nous le plus grand problème. Le second aspect négatif de notre économie est l’évolution du marché de l’immobilier avec une croissance très importante des loyers, surtout pour les jeunes familles. C’est un grand problème de pouvoir fonder une famille. »L’OCDE a fait quelques recommandations pour assurer la durabilité de l’économie tchèque. Il conviendrait d’augmenter le niveau de compétences des salariés tchèques, de favoriser l’emploi des femmes à travers des mesures incitatives et d’adapter l’âge de départ à la retraite à l’évolution de l’espérance de vie.
Actuellement, le seuil de départ à la retraite est fixé à 65 ans, avec la possibilité pour le gouvernement de l’évaluer et de le modifier tous les cinq ans. Aussi, pour la sociale-démocrate Michaela Marksová, ancienne ministre du Travail et des Affaires sociales, revoir le système des pensions de retraite ne serait pas la priorité :
« Soyons réaliste. Pour commencer, l’espérance de vie moyenne en République tchèque est légèrement inférieure à la moyenne des pays développés. Ensuite, il faut se demander qui travaillera et à quel poste ? Si l’âge de départ à la retraite devait être repoussé, je pense que c’est une question assez fondamentale. »
A Prague, José Ángel Gurría a également présenté un rapport sur la politique environnementale menée par la Tchéquie. Des efforts ont bien été salués dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais ils restent largement insuffisants.L’air y est l’un des plus pollués parmi les pays de l’OCDE et quelque 6 500 personnes y décèderaient chaque année prématurément en raison de cette pollution. D’après le ministre de l’Environnement Richard Brabec (ANO), il faut poursuivre la politique de remplacement des vielles chaudières au charbon :
« Le programme de remplacement des vieilles chaudières fonctionne très bien et nous voulons continuer à le développer. Et il devrait, dans une large mesure, contribuer à baisser les émissions depuis ces sources locales. Ce sont elles qui tuent ; il s’agit du benzopyrène, des microparticules de poussières qui sont cancérigènes. »
Pas sûr que cela suffise en matière de lutte contre la pollution. Car l’OCDE pointe du doigt surtout la part de l’industrie lourde dans l’économie tchèque et sa dépendance au charbon. De surcroît, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique de la Tchéquie est le quatrième plus faible des pays membres de l’organisation…