Anna Zemánková, une grand-mère tchèque, « classique » de l’art brut

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Du 18 septembre au 25 octobre, la galerie genevoise Une sardine collée au mur, spécialisée dans l’art brut, présente les oeuvres d’Anna Zemánková. Rappelons rapidement que l’art brut, ce sont des créations spontanées d’artistes autodidactes. Disparue en 1986, Anna Zemánková était une femme au foyer qui au moment de sa ménopause est tombée dans une grave dépression. C’est en autodidacte qu’elle se met alors à créer des peintures, une production ininterrompue des années 1950 à sa mort. Flora Berne, la galeriste qui l’expose explique comment elle a découvert son oeuvre.

« Anna Zemánková est un grand classique de l’art brut. Elle fait partie des références. Elle est répertoriée dans énormément de littérature d’art brut, dans des ouvrages spécialisés. Moi j’ai eu la chance de découvrir les oeuvres de visu, à la collection ABCD à Paris il y a trois ou quatre ans. J’ai rencontré à plusieurs reprises Terezie Zemánková, la petite-fille d’Anne Zemánková, lors des ses voyages à Genève. On a eu un bon contact, et ainsi on a commencé à parler des oeuvres et j’ai pu découvrir tout l’univers Zemánková de fond en combles, grâce à Terezie. »

Quel est l’univers d’Anna Zemánková ? Pour les auditeurs qui ne peuvent pas voir les peintures, pourriez-vous nous les décrire et nous dire ce qui vous a plu chez elle ?

« Ce qui est très étonnant chez Anna, ça a été sa très grande productivité pendant les trente années où elle a dessiné. Elle s’est beaucoup inspirée des motifs folkloriques tchèques qui servaient notamment à la couture des dames à l’époque, dans les années 1960-70. Elle s’est attachée à dépeindre une végétation luxuriante, flamboyante avec des aspects très mystérieux puisque évidemment c’est une flore, une végétation qui n’existe pas, qu’elle a stylisée à partir de son imaginaire et c’est quelque chose de très prenant. Parce que les images sont à la fois délicates et très fortes, très puissantes. Ces images sont toujours composées par de subtiles mélanges entre des parties très fines, très délicates, travaillées avec beaucoup de minutie et des éléments de composition très forts. Je dirais qu’il y a presque une ambiguïté féminin/masculin dans son dessin, avec une utilisation des couleurs qui est magnifique. Pour quelqu’un d’autodidacte comme elle, elle avait un vrai talent de coloriste. Et une composition sur la feuille de dessin très souvent en déséquilibre et qui occupe tout l’espace. »

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L’exposition que vous organisez dans votre galerie Une sardine collée au mur, c’est la toute première exposition personnelle d’Anna Zemánková ?

« Ici, en Suisse elle a déjà évidemment été exposée dans le musée de l’art brut à Lausanne. Mais ici, en Suisse, c’est la toute première exposition personnelle, dans une galerie suisse en tout cas. Pour moi c’est un grand honneur de pouvoir montrer cette artiste à Genève. »

Retrouvez Flora Berne ainsi que la petite-fille d’Anna Zemánková, Terezie, qui gère son patrimoine artistique, dans l’émission culturelle du 28 septembre, pour découvrir un peu mieux cette artiste étonnante et également préciser un peu plus le concept d’art brut...