Anniversaire du 21 août 1968 : appel à la vigilance
Il y a précisément 49 ans, les troupes du pacte de Varsovie envahissaient la Tchécoslovaquie, mettant fin à la tentative de libéralisation du régime communisme baptisée Printemps de Prague. Celle-ci avait était conduite sous la direction Premier secrétaire du Parti communiste d’alors, le Slovaque Alexander Dubček qui a essayé en vain de mettre en place un « socialisme à visage humain. »
« Nous voyons les gens fuir les tirs de mitraillette. Ils courent vers le bâtiment de la radio et crient, comme nous, ‘Dubček, Dubček’ ! »
Michael Kocáb, musicien, ancien député et principal négociateur du départ des troupes soviétiques de la Tchécoslovaquie en 1991, raconte :
« La puissance militaire envoyée dans l’ancienne Tchécoslovaquie était immense : jusqu’à 750 000 soldats selon certaines sources. C’est inimaginable aujourd’hui, comparé aux quelque 5 000 soldats russes qui opèrent actuellement en Ukraine… Cinq pays du pacte de Varsovie ont envoyé ici 6 300 chars, 800 avions géants… Il faut rappeler que l’Albanie s’était dite prête à participer à l’opération, mais elle n’a finalement mobilisé aucun soldat. La Roumanie, quant à elle, a refusé catégoriquement de participer à l’invasion. La Yougoslavie nous a même exprimé sa solidarité et proposé une aide matérielle. Les soldats de la RDA, eux-non plus, n’ont pas franchi les frontières, ce qui s’explique par le traumatisme de la Deuxième Guerre mondiale. »
« L’invasion en Tchécoslovaquie a commencé le 20 août vers 23h00. En l’espace de deux heures, les occupants ont conquis la Slovaquie. Ici, à Prague, les principaux combats se sont déroulés tôt le matin, entre 6h00 et 8h00. Dans la matinée, l’armée soviétique contrôlait l’ensemble du territoire. Le ministre de la Défense de l’époque a ordonné à l’armée tchécoslovaque de ne pas agir. Il est vrai que cela n’aurait servi à rien, vu que les soldats soviétiques étaient deux à trois fois plus nombreux. Il n’empêche que la victoire leur a été offerte. C’est quelque chose qui me tourmente, de même que l’inactivité de l’ONU au moment de l’invasion. »Si, en 1968, la Tchécoslovaque semblait ne pas avoir d’alliés sur la scène internationale, la situation est toute autre 49 ans plus tard estime le président de la Chambre des députés, Jan Hamáček, qui a participé à la cérémonie de souvenir organisée devant le bâtiment de la Radio tchèque :
« L’Alliance atlantique et l’Union européenne sont les meilleures garanties de liberté, de sécurité et de paix que nous n’avons jamais eues, les meilleurs alliés que nous pouvons avoir dans ce monde instable et en proie à toute sorte de dangers. Nous ne pouvons pas compter sur le fait que nous vivons dans une société relativement sûre. Une crise peut survenir très vite. Notre pays aurait alors besoin de personnalités fortes qui voient au-delà de leurs intérêts et objectifs immédiats. »
A l’occasion de ce 49e anniversaire des événements d’août 1968, plusieurs appels à la vigilance ont ainsi été lancés. L’un d’entre eux a été formulé par la vice-présidente du Sénat, Miluše Horská. En rappelant le courage des présentateurs de l’ancienne Radio tchécoslovaque, elle a plaidé pour l’adoption d’une loi qui soutiendrait l’indépendance des médias tchèques du service public face aux partis politiques.