Anton Raphael Mengs, le peintre qui fut le professeur de Francisco Goya

Autoportrait de Anton Raphael Mengs, 1774

C’est à Ústí nad Labem qu’a vu le jour l'un des peintres classiques les plus importants d’Europe en son temps. Anton Raphael Mengs fut le peintre des rois et des papes au XVIIIe siècle. En Espagne, il a d'ailleurs enseigné la peinture à Francisco Goya. Avec l’Italien Casanova, Mengs est probablement la figure européenne la plus célèbre associée à cette région de Bohême.

Ústí nad Labem en 1854 | Source: Ewald Christian Victorin Dietrich,  Das Elbethal: Oder: Panorama der Elbe und ihrer Ufer von Dresden bis Leitmeritz : historisch,  statistisch und pittoresk beschrieben. Leitmeritz: C.W. Medau,  1854/Wikimedia Commons,  public domain

Dans la première moitié du XVIIIe siècle, le baroque s’évanouit lentement et le classicisme commence à se diffuser depuis la France dans toute l’Europe. C’est à cette époque que naît à Ústí nad Labem, dans le nord de la Bohême, le 12 mars 1728, le fils du peintre de la cour de Saxe Ismael Israel Mengs, qui héritera de la vocation artistique de son père et le surpassera largement en terme de renommée. Václav Houfek, directeur du musée de la ville, explique pourquoi :

« Anton Raphael Mengs est l’un des peintres les plus importants du classicisme européen du XVIIIe siècle. »

Mais comment se fait-il qu’Anton Raphael soit né à Ústí nad Labem et non à Dresde, où son père était actif et travaillait ?

« Son père Ismael Israel Mengs était originaire de Copenhague, au Danemark. Il était issu d’une famille juive et s’était converti au luthéranisme. Lorsqu’il a tenté de s'établir à la cour de Saxe à Dresde, il a eu des problèmes pour faire reconnaître les origines légitimes de ses enfants nés d’une relation extra-conjugale. Il a alors opté pour cette solution intéressante : comme il était trop célèbre à Dresde et que toute naissance serait connue, il a cherché une ville voisine, à l'époque assez pauvre, appelée Ústí nad Labem - Aussig en allemand -, juste après la frontière, où, par beau temps, il ne fallait que quelques heures pour s’y rendre en calèche. Ainsi, à chaque fois que sa femme était enceinte, la famille se rendait à Ústí. »

Autoportrait de Anton Raphael Mengs à l'âge de 12 ans,  1740 | Source: Mengs. Die Erfindung des Klassizismus,  ed. Steffi Roettgen,  Munich: Hirmer/Wikimedia Commons,  public domain

Là, les Mengs louaient un appartement, faisaient baptiser leurs enfants dans une église catholique, puis retournaient à Dresde. Néanmoins, même à l'âge adulte, entretenir ce lien avec Ústí nad Labem s’est avéré important pour son fils, Anton Raphael Mengs. Pour être accepté en tant que descendant d’un juif converti au luthéranisme dans une Europe du Sud majoritairement catholique, le fait d’avoir été baptisé dans la foi chrétienne à Ústí était une marque équivalente à un extrait du registre d'état civil.

Dans sa jeunesse, Anton Raphael Mengs et ses sœurs ont été soumis par leur père à une rude école de peinture, un enseignement qui a produit des résultats indéniables. Sa sœur en a d’ailleurs également bénéficié :

Autoportrait de Theresa Concordia Mengs,  1774-75 | Photo: Staatliche Kunstsammlungen Dresden/Wikimedia Commons,  public domain

« Theresia Concordia a probablement été la première femme peintre professionnelle née en pays tchèques. »

Theresia Concordia est en effet également née à Ústí nad Labem comme son frère, fruit de la relation extra-conjugale de son père avec sa gouvernante. Tout comme sa sœur Juliane, elle deviendra une peintre miniaturiste respectée en son temps, représentant de nombreux rois ou membres de la noblesse. A l’âge de 16 ans, elle s’installe à Rome avec sa famille où elle mourra en 1806.

Anton Raphael Mengs était lui-même l’un des artistes les plus recherchés, sinon le plus recherché de son temps. A l’occasion de deux séjours à Madrid, il réalise la fresque du plafond de la salle d'apparat du palais royal à l'invitation du roi Charles III d'Espagne. Il transmet également son expérience aux jeunes talents de la région, dont un certain Francisco Goya, qui deviendra plus tard largement plus célèbre que son maître.

Fresco au Palais royal de Madrid | Photo: Miguel Hermoso Cuesta,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 3.0
Auteur: Vít Pohanka
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