Après l’Euro 2012, Tchèques et Polonais sont plus proches que jamais
Le championnat d’Europe de football en Pologne a inspiré le quotidien Lidové noviny, qui s’est penché sur les relations qui existent entre Polonais et Tchèques. Nous vous présentons les grandes lignes de deux articles consacrés à ce thème... Le journal a aussi évoqué, dans une de ses récentes éditions, les différents aspects du problème épineux de l’éducation des Roms en République tchèque.
Le match qui a opposé les sélections tchèque et polonaise pour les quarts de finale à l’Euro 2012, match remporté par les Tchèques 1 à 0, semble avoir été selon l’auteur de l’article la dernière source potentielle de conflit. Pour le reste, « les relations mutuelles sont aujourd’hui plus idylliques que jamais ». Ceci dit, ces sympathies mutuelles ne sont pas partagées en parts égales. Le journal précise :
« Nous sommes les témoins de l’un des grands paradoxes des relations centreuropéennes. Pour un grand nombre de Tchèques qui se sont rendus à Wroclaw pour soutenir leurs footballeurs, il s’agissait de leur premier contact avec notre grande voisin du nord. Les Tchèques, à l’exception de ceux qui habitent dans les régions limitrophes, ne connaissent guère leurs frères slaves. Leur culture ne les intéresse pas. Selon un sondage effectué en 2010 concernant les nations préférées de Tchèques, les Polonais n’arrivent d’ailleurs qu’en septième position ».
« Au cours de la dernière décennie, la cote de popularité des Tchèques en Pologne ne cesse en revanche de monter », signale le journal qui se réfère aux données d’une récente enquête selon laquelle les Tchèques devancent les Italiens, les Espagnols et les Français et constituent aujourd’hui la nation préférée des Polonais. Le journal écrit :
« La tchécophilie est un phénomène que nous pouvons rencontrer en Pologne à chaque pas. L’intérêt pour la culture tchèque est remarquable. Les livres d’auteurs tchèques sont couramment traduits en polonais, les films tchèques, anciens et nouveaux, y remportent de beaux succès, des groupes de musique du pays s’y produisent régulièrement. Les œuvres d’auteurs polonais, Szczigiel et Surosz, et en particulier ‘Gottland’ et ‘Pepiki’, qui décrivent avec beaucoup de finesse et d’humour les différentes facettes de la mentalité de leurs voisins tchèques, ont encore encouragé ces sympathies. »Quel regard les Polonais portent-ils donc sur ces derniers ? Selon les réponses accordées dans le cadre d’une recherche effectuée par l’Institut de psychologie de l’Académie des sciences, ils les voient comme des gens gentils, courtois et sympathiques, bien qu’assez réservés. Ce qui les étonne le plus, c’est l’attitude plutôt négative des Tchèques à l’égard de la religion, le fait qu’ils ne respectent pas le dimanche... En proie à une pensée stéréotypée, les Tchèques, quant à eux, considèrent les Polonais plus que tout comme des marchands habiles et avenants, aussi comme des compagnons communicatifs et gais, parfois trop bruyants.
Le journal rappelle en conclusion que le tchèque et le polonais sont deux langues slaves qui se ressemblent et que, de ce fait, Tchèques et Polonais arrivent à se comprendre. Leur conversation se déroule le plus souvent par l’intermédiaire d’un mélange des deux langues.C’est aussi un article paru dans l’édition de ce mercredi du quotidien cité qui parle des relations entre Polonais et Tchèques, à la lumière de l’Euro 2012. Son auteur Luboš Palata écrit :
« Au cours du championnat d’Europe de football, et même après l’élimination de la sélection polonaise par la sélection tchèque, les Polonais n’ont cessé de manifester leur soutien et leurs sympathies à la Tchéquie. Donc, l’événement majeur de l’Euro 2012 en Pologne, ce n’est pas la qualification de la sélection tchèque pour les quarts de finale mais le fait que les Tchèques aient découvert que les Polonais leur étaient très proches... Je suis convaincu que ce championnat s’inscrira dans l’histoire comme le début de nouvelles relations tchéco-polonaises, d’une première ‘fraternité tchéco-polonaise’. »
Dans ce domaine pourtant, les Tchèques ont un grand retard à rattraper. Car pour eux, comme l’écrit le journal, « les Polonais et la Pologne demeurent dans une grande mesure une ‘terra incognita’... » Plus loin, il explique plusieurs raisons pour lesquelles la Pologne d’aujourd’hui devrait soulever notre intérêt :« La Pologne a derrière elle vingt années miraculeuses qui ont permis à un pays arriéré et pauvre de se transformer en un Etat économiquement fort, doté d’une jeune génération universitaire cultivée, d’une élite politique proeuropéenne, de la meilleure armée à l’échelle de l’Europe centrale, d’autoroutes, d’aéroports et de corridors de chemines fers, édifiés à l’aide des fonds européens. »
Luboš Palata constate que la Pologne ‘européenne’ devient un Etat dont les Polonais peuvent être fiers. Et de faire remarquer que, pour la partie tchèque, les vingt annés écoulées ont été moins glorieuses, en dépit de certains progrès. En conclusion, il souligne :
« Pour être à l’avenir ‘frères’ des Polonais, il nous faudra suivre leurs pas. Mais si les choses continuent chez nous comme durant ces dernières années, nos frères polonais s’éloigneront bientôt vers l’Occident pour se retrouver dans une nouvelle Europe qui est en train de se former... Et nous, nous resterons de nouveau seuls. »
Et encore à propos de sondages... Une des récentes éditions du quotidien Lidové noviny s’y réfère pour constater qu’une majorité écrasante de Tchèques ne souhaite pas avoir de Roms pour voisins. D’un autre côté, ils sont unanimes pour estimer que les enfants roms doivent bénéficier d’une éducation de qualité ; un atout qui leur est pourtant rarement disponible. Martin Šimáček, directeur de l’Agence pour l’inclusion sociale, explique :
« Plusieurs rapports concernant l’éducation des Roms rédigés par différentes institutions, dont l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) ou encore le médiateur public, ont fourni des données alarmantes. Selon celles-ci, les enfants roms représentent plus de 30 % de l’ensemble des enfants qui fréquentent à l’heure actuelle les écoles dites ‘pratiques’, écoles qui sont réservées aux enfants souffrant d’un léger handicap mental. Il s’agit d’une tendance qui est en hausse. »
La situation est encore pire dans des régions défavorisées, dans le nord du pays notamment, où les enfants roms représentent jusqu’à la moitié des élèves de ces écoles pratiques. Le journal note que l’on identifie pourtant au sein d’aucune population, pas plus la population rom qu’une autre, de léger handicap mental qui serait supérieur à 3 %. Les enfants roms fréquentent aussi très peu les écoles maternelles – quelque 30 % seulement comparé à 70 % des enfants de la population majoritaire. Martin Šimáček :« Cette mauvaise éducation se traduit par le fait qu’une grande partie des jeunes Roms, dépourvus de toute capacité de concurrence, n’arrivent pas à se mettre en valeur sur le marché du travail... Tant que l’on n’arrivera pas à renverser cette tendance, le problème ne fera que s’approfondir et aura des retombées catastrophiques sur le taux de chômage des Roms en République tchèque. »En conclusion, l’auteur de l’article insiste sur la la cohabitation des enfants des populations rom et majoritaire dans des écoles qui est, selon lui, la seule façon d’amoindrir, voire d’éliminer les préjugés.