Après Lyon, Plzeň a la gueule de bois

Olympique Lyon - Viktoria Plzeň, photo: ČTK

Largement défait à Lyon (1-4), jeudi soir, en match aller des huitièmes de finale de la Ligue Europa, le Viktoria Plzeň a grandement hypothéqué ses chances de qualification. Lors du retour la semaine prochaine en Bohême de l’Ouest, le dernier club tchèque encore en lice en coupes d’Europe sera condamné à un exploit pour renverser la vapeur. Quant aux Lyonnais, même s’ils refusaient bien entendu de l’admettre à haute voix après leur convaincante prestation, ils peuvent déjà commencer à envisager les quarts de finale.

Olympique Lyon - Viktoria Plzeň,  photo: ČTK
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les près de 30 000 spectateurs qui garnissaient le stade Gerland ne se sont pas ennuyés durant les quarante-cinq premières minutes. Dès la 2e, Plzeň ouvrait en effet la marque : suite à une action habilement menée sur le côté gauche, Tomáš Hořava, libre de tout marquage aux six mètres, reprenait victorieusement de la tête un centre de Jan Kovařík au cœur d’une défense lyonnaise pas encore entrée dans le match. Mais l’OL ne tardait pas à réagir et dix minutes à peine plus tard, Gueїda Fofana, suite à un corner, trompait Petr Bolek de près d’une reprise du genou. Cette fois réveillés pour de bon, les Lyonnais accentuaient leur pression, mais c’est le Viktoria qui se créait les meilleures occasions, sans succès. Au repos, les deux formations se quittaient donc dos-à-dos (1-1).

Le spectacle ne baissait pas d’intensité en seconde période, bien au contraire, mais il se concentrait alors essentiellement dans la moitié de terrain tchèque. En l’espace d’un peu moins de vingt minutes (53e-70e), les Rhodaniens inscrivaient trois buts, le premier par Alexandre Lacazette, puis par Arnold Mvuemba et de nouveau par Gueїda Fofana, ainsi auteur d’un doublé. Le sort de la rencontre était alors déjà pratiquement plié et le dernier quart d’heure ne changeait plus rien à l’affaire. Lyon s’imposait en déroulant, profitant d’une confortable avance qui devrait lui permettre de voyager sereinement en République tchèque jeudi prochain.

« Les deux premières minutes ont été de très mauvaise facture. On a commencé en étant dans une léthargie très inquiétante. On a été sanctionnés, puis notre jeu s’est mis en place petit à petit. On a réussi à égaliser assez rapidement, ce qui nous a permis de ne pas trop douter. On avait envisagé et on aurait aimé ne pas encaisser de but chez nous, ça n’as pas été le cas, il a donc fallu se remettre dans le match, mais je crois que, dans l’ensemble, les joueurs ont fait une bonne partie. A la mi-temps, j’ai indiqué que Plzeň avait fait beaucoup d’efforts pour nous contenir. Même si on n’a pas eu des occasions franches à la pelle, on les a quand même bien bousculés et fait beaucoup courir. On a réussi à reproduire la même chose en deuxième mi-temps, voire même à augmenter encore un peu plus le rythme. Je ne dirais pas qu’on a eu de la réussite, plutôt le réalisme qui nous fait parfois défaut sur certains matchs. »

Au terme des quatre-vingt-dix minutes, l’analyse de l’entraîneur Rémi Garde était partagée également par son capitaine Maxime Gonalons :

Olympique Lyon - Viktoria Plzeň,  photo: ČTK
« C’est vrai qu’on n’était pas présents dans les duels et que nous avons perdu pas mal de ballons. Malheureusement, on a encaissé un but très rapidement, mais je n’ai pas senti l’équipe affectée pour autant. On a su rester calmes, ce qui nous a permis de déployer notre jeu et de gagner ce match très important, surtout à la maison. Je pense qu’on a fait un grand pas, en tous les cas une bonne partie du chemin. Il en reste encore, mais on se rendra à Plzeň un peu plus sereinement. On dispose d’un certain avantage que l’on va s’efforcer de conserver pour nous qualifier et gagner là-bas. »

Dans le camp adverse, on s’en doute, on n’envisageait bien évidemment pas cette première confrontation à Lyon sous la même optique. Après une défaite (0-1) à Prague contre le Sparta dimanche dernier dans le match au sommet de la Gambrinus Liga (le championnat tchèque), ce nouveau revers, en Ligue Europa cette fois, a laissé des traces. Et ce sont des visages très marqués par la déception qui sont sortis des vestiaires de Gerland, à commencer par l’entraîneur Dušan Uhrin :

« Nous sommes bien rentrés dans le match. Notre objectif était de marquer un but, c’est ce que nous avons fait, malheureusement, derrière, nous en avons aussi concédé quatre. Nous avons trop ouvert le jeu en deuxième mi-temps. Lyon est une équipe très mobile avec des joueurs qui vont vite devant et nous avons commis trop d'erreurs individuelles sur les côtés. C’est un très mauvais résultat, car à domicile, même avec le soutien de notre public, nous n'aurons plus beaucoup de chances de nous qualifier. »

Stanislav Tecl  (au milieu),  photo: ČTK
Paradoxalement peut-être, l’entraîneur tchèque continue d’estimer que le Shaktar Donetsk, que le Viktoria a sorti au tour précédent, est supérieur à l’OL actuel. Cet avis provenant du banc de touche n’était cependant partagé que partiellement par l’avant-centre Stanislav Tecl, un des héros malheureux de Plzeň jeudi soir :

« C’est difficile à dire. Lyon a bien joué collectivement, tandis que le Shakhtar a sans doute de meilleures individualités encore, mais l’équipe ne tirait pas dans le même sens comme Lyon l’a fait aujourd’hui. Nous n’avons pas vraiment été surpris par le niveau de Lyon, le problème est plutôt que tout le monde en République tchèque nous voyait déjà en quarts de finale. Je pense que la force de Lyon n’a pas été appréciée à sa juste valeur. »

Ce qui est certain en revanche, à la vue de l’ambiance de fête qui régnait dans les tribunes, c’est que le public lyonnais, lui, a apprécié à sa juste valeur le spectacle proposé par son équipe. Il revient désormais au Viktoria d’en faire de même à Plzeň lors du retour, ne serait-ce, faute probablement de qualification, que pour donner une meilleure image du football tchèque.