L’heure des regrets : contre Lyon, Plzeň a rugi trop tard

Stanislav Tecl, photo: ČTK

Il n’y a plus de club tchèque en coupes d’Europe de football cette saison. Malgré sa victoire (2-1) à domicile en match retour, le Viktoria Plzeň a été éliminé par l’Olympique lyonnais en 8es de finale de la Ligue Europa. Le handicap de trois buts que possédait l’équipe de Bohême de l’Ouest après la large défaite (1-4) concédée à l’aller à Gerland la semaine dernière, s’est avéré trop important. Mais que les regrets étaient nombreux jeudi soir, tant la qualification, d’apparence inaccessible avant le coup d’envoi, a finalement été proche.

Stanislav Tecl,  photo: ČTK
« C’est vrai, nos sentiments sont partagés. Nous pouvons être déçus, car nous avons fait un très bon match aujourd’hui. Je pense qu’il y avait la place pour passer. C’est un peu bête de dire les choses comme ça, mais il ne nous a manqué que deux buts. Cela peut paraître beaucoup, en même temps nous avons eu tellement de possibilités de marquer… Bien sûr, c’est moi qui ai eu la meilleure occasion avec le penalty. Si j’avais marqué, il nous aurait resté vingt minutes pour mettre le quatrième but. Malheureusement, j’ai échoué au plus mauvais moment. »

Remplis de déception, ces mots étaient ceux de Stanislav Tecl, l’avant-centre de Plzeň auteur du but vainqueur (62e), mais surtout exécuteur malheureux du penalty qui aurait pu changer la face d’une confrontation franco-tchèque particulièrement spectaculaire au retour comme à l’aller.

On ne refait pas l’histoire et il ne sert à rien de rejouer un match de football avec des « si ». N’empêche, à la vue de sa nette domination en deuxième mi-temps, les près de 11 000 spectateurs qui avaient rempli le petit stade de Štruncovy Sady n’ont pu s’empêcher de penser qui si ce fameux penalty tiré par Stanislav Tecl à la 70e minute ne s’était pas écrasé sur la base du poteau gauche d’Anthony Lopes, le gardien lyonnais, le Viktoria Plzeň aurait peut-être bien arraché sa qualification pour les quarts de finale. Peu après le coup de sifflet final, Rémi Garde, l’entraîneur de l’OL, n’a d’ailleurs pas cherché à noyer le poisson :

« Je n’étais pas très rassuré quand nous avons concédé le penalty. Ça aurait pu faire 3 à 1 et il restait alors encore un bon quart d’heure à jouer. Cela serait sans doute devenu très compliqué pour nous. Alors, les sentiments… Oui, il y a eu des doutes en deuxième mi-temps, je le reconnais sans problème. »

Viktoria Plzeň - Olympique lyonnais,  photo: ČTK
A la mi-temps, alors que Bafétimbi Gomis venait d’ouvrir le score juste avant que l’arbitre renvoie les deux formations aux vestiaires (45e+2), l’affaire semblait pourtant plus entendue que jamais. Lyon menait alors en effet 5 à 1 sur l’ensemble des deux matchs. Qui pouvait imaginer à ce moment-là que les Tchèques, qui avaient en outre déjà singulièrement manqué de réalisme et de réussite en première période, puissent encore renverser la vapeur ? Dušan Uhrin, l’entraîneur de Plzeň, était de ceux-là :

« Je suis d’abord content que nous ayons montré que nous savons jouer au football. Je pense que nous avons fait oublier la mauvaise impression laissée au match aller, même si ça n’efface pas les regrets. Nous avons abordé ce retour avec l’envie de gagner et en étant persuadés qu’il était encore possible de se qualifier. Malheureusement, après le 4 à 1 encaissé à Lyon, notre retard était trop important. Ce ne sont pourtant pas les occasions de but qui ont manqué ce soir et je dois dire qu’à cinq minutes de la fin, je croyais encore mes joueurs capables de marquer les troisième et quatrième buts qui nous auraient emmenés en prolongation. »

Pour cela, il aurait cependant fallu que les poteaux du but lyonnais ne renvoient pas deux tirs tchèques et surtout qu’Anthony Lopes, l’autre héros mais lui heureux du match, ne réalise pas plusieurs parades de grande classe. Et même s’il refusait les couronnes qui lui étaient tressées par ses coéquipiers, le portier portugais de l’OL admettait avoir eu face aux attaquants tchèques la chance qui est celle de tout bon gardien qui se respecte :

« Je ne suis pas le genre de garçon à me lancer des fleurs, je me suis simplement efforcé de faire de mon mieux. C’est vrai qu’ils ont eu beaucoup d’occasions, ils nous ont posé beaucoup de problèmes avec leurs qualités en rentrant énormément dans notre défense. On savait qu’ils étaient dangereux sur les centres en retrait, on l’avait vu à la vidéo, et pourtant ils nous en ont quand même mis deux comme ça. Heureusement, entre un poteau et une barre, la baraka était aussi avec nous aujourd’hui, et c’est bien de l’avoir de temps en temps dans des matchs comme celui-là. »

Viktoria Plzeň - Olympique lyonnais,  photo: ČTK
Et plus encore que la baraka, c’est carrément un miracle qu’évoquait le président de Lyon, Jean-Michel Aulas, pour commenter la qualification de son équipe :

« On s’attendait à un très bon match [de notre adversaire]. Ce qui a été le plus compliqué finalement, c’est le fait d’avoir marqué en première mi-temps et de nous retrouver devant cette très bonne équipe de Pilsen au score. Mais au vu des occasions que nous avons concédées, on peut dire c’est presque un miracle d’avoir réussi à résister. Je pense que gagner largement à l’aller rend toujours le second match plus difficile et déconcentre. Nous avons fait une première mi-temps à peu près correcte mais en concédant beaucoup d’occasions et si Pilsen avait fait preuve de plus de précision dans la finition, ils auraient très bien pu renverser le score et se qualifier. Ce fut donc vraiment très difficile pour notre équipe et c’est une qualification heureuse sur l’ensemble des deux matchs. »

Ce constat ne consolera sans doute pas les joueurs de Plzeň, mais si même Jean-Michel Aulas le dit, alors c’est que c’est vrai, non ?