« Après un an d’école en ligne, même les bons élèves rencontrent des difficultés »
Crise sanitaire oblige, la grande majorité des élèves en République tchèque suivent un enseignement à distance depuis désormais bientôt cinq mois. Bien qu’officiellement priorité du gouvernement, la réouverture des écoles, souhaitée par les parents, les enseignants et les enfants eux-mêmes, reste problématique en raison du nombre toujours élevé de nouvelles infections et d’hospitalisations. Malgré la volonté de bien faire, nombreux sont les élèves en difficulté. Pour les aider, des initiatives individuelles se mettent en place.
Dans une commune de la banlieue de Prague, Dita Bosáková donne des cours de rattrapage à domicile. Elle témoigne de son expérience au micro de Radio Prague International :
« Lors du premier confinement au printemps dernier, j’avais six élèves. Actuellement, je donne des cours individuels à dix enfants. Plusieurs d’entre eux viennent plusieurs fois par semaine. Ce sont des collégiens, âgés de 11 à 13 ans. Je reçois tout le temps les appels de parents qui, par le bouche à oreille, ont appris que je donnais des cours de soutien scolaire et sollicitent mes services. Mais je ne peux pas prendre plus d’élèves, je consacre à l’enseignement deux à trois heures chaque jour, après mon travail, et même le week-end. »
Dita Bosáková n’est pas enseignante de profession. Manager en restauration, elle a commencé, il y a quelques années, à donner des cours particuliers d’anglais à son amie et à ses enfants.
« J’ai réalisé que cela me plaisait beaucoup et que j’avais la capacité à transmettre mes connaissances aux enfants, à leur faire comprendre la matière. C’est ce qui est le plus important. »
Si Dita Bosáková a commencé avec des cours d’anglais et de tchèque, avec la pandémie et la fermeture des écoles, elle a dû élargir son champ d’enseignement à presque toutes les matières enseignées au collège :
« J’aide les enfants dans leur apprentissage des mathématiques, de la physique, de l’histoire-géographie… Avec les enfants, je révise un peu tout, selon leurs besoins. Souvent, ce sont des enfants à qui je donnais déjà des cours d’anglais ou de tchèque avant la pandémie. Mais leurs parents m’ont demandé de les aider dans d’autres matières aussi. Parce qu’ils travaillent et n’ont pas le temps de s’occuper de leurs devoirs ou aussi parfois parce qu’ils ne savent pas expliquer à leurs enfants ce qu’eux-mêmes ne comprennent pas. Parfois, les parents n’ont tout simplement pas les connaissances nécessaires. »
« Je constate aussi que les écoles publiques tchèques, surtout les collèges, n’incitent pas les élèves à travailler de manière autonome. C’est un problème qu’a révélé le confinement. Par conséquent, l’ambiance dans certaines familles est très tendue… »
Le suivi des cours via un écran, en restant chez soi, sans contact direct avec les professeurs et les camarades de classe, est une expérience que les élèves tchèques vivent au quotidien depuis bientôt un an, à l’exception des quelques semaines de déconfinement à la fin du printemps et au début de l’automne.
Quelles sont donc, selon Dita Bosáková, les principales difficultés de l’enseignement distanciel ?
« Le volume d’apprentissage n’a pas changé par rapport aux cours en mode présentiel. Mais les élèves ont moins d’heures de cours et lorsqu’ils sont en ligne, ceux-ci sont aussi plus courts. Et puis ils sont perturbés soit par des élèves indisciplinés, soit par des problèmes techniques. Ceux-ci sont très fréquents, c’est dérangeant, et du coup l’enseignement perd une certaine continuité. »
« Forcément, les élèves sont plus qu’auparavant amenés à travailler seuls. Comme je l’ai dit, cela leur pose problème. C’est assez curieux : ils se débrouillent merveilleusement bien avec les outils numériques, mais ils ont du mal à trouver des informations pertinentes sur Internet ou dans la littérature. »
« J’observe qu’avec le temps qui passe, même les bons élèves rencontrent des difficultés. Ceux qui sont doués et auxquels je donnais auparavant plutôt des cours de perfectionnement, ont besoin de plus d’explications. Ca, c’est nouveau… »
Les collégiens partagent avec Dita Bosáková tous leurs soucis : ils souffrent de la disparition des activités de loisir et de la vie de groupe.
« Ce qui leur manque également, ce sont les cours de sport, de dessin, de travaux manuels… C’est-à-dire des activités de détente, mais organisées et collectives. Bref, ils se disent tous impatients de reprendre le chemin de l’école, même s’ils devront à nouveau se lever tôt le matin ! (rires) »