« Asraël », une symphonie monumentale de Josef Suk
Notre émission dominicale est consacrée cette fois à Josef Suk, compositeur et violoniste tchèque, dont nous nous rappelons le 147e anniversaire de la naissance en ce mois de janvier. Nous allons écouter une de ses œuvres majeures, la symphonie en cinq mouvements intitulée « Asraël », que Suk a composée en 1904-1905.
Né en 1874 dans le village de Křečovice non loin de Prague, Josef Suk a évoqué beaucoup plus tard cette petite commune oubliée par ces paroles :
« Quel silence l’entourait au temps de mon enfance ! Et c’est grâce à ce silence que j’ai compris, dès cette époque, l’âme de ce pays et de son peuple. »
Dès l’âge de six ans, le petit Josef, fils d’un instituteur, commence à jouer du violon et bientôt aussi du piano et de l’orgue. Il n’a que 11 ans lorsqu’il est admis au Conservatoire de Prague. Quelques années plus tard, il intègre la classe de composition d’Antonín Dvořák. C’est un moment crucial dans la vie du jeune musicien qui deviendra bientôt l’élève préféré du grand compositeur et plus tard aussi son gendre, car il épousera Otilka, la fille d’Antonín Dvořák.
« C’est une musique paradisiaque », a déclaré Antonín Dvořák après avoir entendu le poème scénique « Radůz a Mahulena » de l’écrivain Julius Zeyer, mis en musique par le jeune Josef Suk. Le compositeur représente le lyrisme et le post-romantisme dans la musique tchèque. Il a créé de nombreuses pièces pour orchestre ainsi que des œuvres de musique de chambre, dont sa sérénade pour cordes, son cycle pour piano « Des choses vécues et rêvées », « Le Chant d’amour », le poème symphonique « Le Conte », des œuvres inspirées de l’histoire tchèque, ainsi qu’un cycle de compositions pour orchestre qui reflètent sa vie.
Ce cycle regroupe les œuvres symphoniques « Asraël », « Conte d’été », « Maturation » et « Epilogue ». La symphonie « Asraël » est dédiée à Antonín Dvořák et à l’épouse de Josef Suk, Otilka, décédés successivement en 1904 et 1905. Asraël est l’ange de la mort dans certaines traditions hébraïques et musulmanes. Dans cette œuvre profondément humaine et philosophique qui porte son nom, Josef Suk a exprimé tout son chagrin après la disparition de son beau-père et de sa femme, atteinte d’une maladie cardiaque.
Avant de vous faire écouter la symphonie, rappelons encore que Josef Suk, également virtuose du violon, a parcouru l’Europe avec le célèbre Quatuor tchèque, le premier ensemble tchèque de musique de chambre. Josef Suk l’a cofondé avec ses amis du conservatoire en 1892 et il y a été le second violon pratiquement jusqu’à sa mort en 1934.
Professeur de Jaroslav Ježek ou de Bohuslav Martinů au Conservatoire de Prague, Josef Suk est mort dans son village natal de Křečovice, où il est inhumé et où se trouve son musée. Pour éviter toute confusion : il était le grand-père d’un autre grand violoniste tchèque, Josef Suk jr. (1929-2011).