Au pavillon tchéco-slovaco-polonais à Cannes, les professionnels tchèques font grève

Finis les espoirs des cinéastes tchèques de voir tripler les aides publiques attribuées à la production nationale, qui sont ici dix fois moins élevées qu'en Pologne ou en Hongrie. Rejeté, le 12 mai dernier, par le président Vaclav Klaus, l'amendement à la loi sur le Fonds de soutien au cinéma n'a pas été adopté, ce mardi, par la Chambre des députés. Six voix ont manqué pour passer outre le veto présidentiel.

Pendant huit ans, les réalisateurs et producteurs ont milité pour la mise en place d'une telle loi. Initié par l'ancien ministre social-démocrate de la Culture Pavel Dostal et bouclé par son successeur et représentant du même parti Vitezslav Jandak, l'amendement à la loi sur la cinématographie avait été adopté à deux reprises à la Chambre basse du Parlement, puis rejeté par le président Vaclav Klaus. Pour ce dernier, l'industrie du cinéma n'est qu'une forme de commerce et ne nécessite pas de subventions publiques. Les grands noms du cinéma national ont réagi en lançant une pétition. Selon eux, le nouveau système de financement du cinéma favoriserait les productions jusqu'alors « minoritaires », à savoir le cinéma d'auteur, d'animation, les films historiques et pour enfants.

Un système dont les chances de mise en place sont maintenant presque réduites à zéro, du moins dans un proche avenir... En signe de protestation contre le rejet par les députés de la loi en question, le Centre du cinéma tchèque et l'Association des producteurs dans l'audiovisuel ont décidé de fermer, ce mercredi, la partie tchèque du pavillon tchéco-slovaco-polonais au Marché du Film de Cannes. Marketa Santrochova, du Centre du cinéma tchèque, se trouve sur place et nous en dit plus :

« Nous voulons profiter de notre présence à Cannes pour créer ici une sorte de plate-forme qui nous permette de protester contre le rejet de cette loi. C'est une décision absolument scandaleuse. Cet après-midi, nous avons organisé une conférence de presse, en présence de professionnels du cinéma européens. Parallèlement, nous terminons toutes nos activités au Marché. De nombreux producteurs, réalisateurs tchèques, ainsi que des représentants du festival de Karlovy Vary présents à Cannes se sont joints à nos protestations. Nous lançons également une pétition dont nous ferons une large publicité. »

Photo: CTK
Quelles sont les réactions de vos collègues à Cannes ?

« Les Slovaques et les Polonais se sont immédiatement montrés solidaires avec nous. En même temps, nous essayons de ne pas nuire à leurs propres activités au Marché. »

Le cinéma polonais est nettement plus soutenu par l'Etat que le cinéma tchèque...

« C'est exact. D'ailleurs, le nouvel Institut du film polonais est notre partenaire à Cannes. Nous cherchons à nous faire soutenir justement par ce type d'institutions. »

De Cannes, Marketa Santrochova, représentante du Centre du cinéma tchèque. Selon Pavel Strnad, président de l'Association des producteurs dans l'audiovisuel, d'autres protestations et démarches en faveur du cinéma tchèque se préparent.

Auteur: Magdalena Segertová
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