Aussi lent qu’un lundi

Až naprší a uschne
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Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Pour cette fois, c’est un « Tchèque du bout de la langue » tranquille – v klidu, que nous vous proposons. Si vous aussi, vous vous sentez gagné par une envie irrépressible de ralentir - zpomalit, alors écoutez bien cette émission…

Až naprší a uschne
Dans une émission précédente, nous avions fait un bout de chemin avec un chef trop impatient – complètement « hrrr ». Nous lui avions déjà suggéré de ne pas trop forcer sur le « šup šup »– ce petit mot placé ça et là pour exprimer une volonté d’accélération. Pour cette fois, laissez-vous gagner par « la force tranquille » – « klidná síla », et rejetons une bonne fois pour toutes les formules culpabilisantes telles que « Kdo pozdě chodí, sám sobě škodí ! », soit « qui arrive en retard cause du tort à soi-même ». Nous avons reconnu le verbe « škodit » - « nuire, porter préjudice », et dont est dérivé le très courant « škoda » - « dommage ». C’est pourquoi nous préférons proposer une formule plus humaine : « Kdo pozdě chodí, žije si s chutí ! », soit « qui arrive en retard vit avec goût ».

Maintenant que nous avons notre motto, nous pouvons élaborer un état des lieux des expressions relatives à la lenteur en tchèque. Quelques images pour commencer : à une personne lente, de préférence quand elle est en train de manger, on peut poser la question « jíš rybu ? »– « tu manges du poisson ? » sans doute parce qu’il s’agit d’une activité lente par excellence de par sa précision. On peut aussi lui dire, et cette expression peut également être utilisée dans certaines situations, qu’elle est « comme un film au ralenti » – « jak zpomalený film ». Et si on veut exaspérer notre chef « hrrr » de la dernière fois, à la question « kdy to bude ? »– « c’est pour quand ? », au lieu de lui servir du « tout de suite ! », on peut lui répondre « až naprší a uschne »– soit « quand il aura plu et que ça aura séché ».

On ne peut pas dire que les Tchèques soient de grands flatteurs de la lenteur ! Les expressions de la lenteur sont basées sur le verbe « táhnout »– « s’étirer, se traîner » – ça commence donc bien. Ensuite, on peut décrire cet étirement, ce traînement : grâce au pauvre escargot qui doit avoir les oreilles qui sifflent, et ce dans toutes les langues, à force d’entendre dire : « táhneš se jako šnek » - « tu te traînes comme un escargot ».

Táhneš se jako šnek
Au passage, « šnek » est un mot assez utile au moment de lier des connaissances avec des Tchèques quand on est Français, puisqu’il n’est pas rare de l’entendre dans une des premières questions que l’on vous posera, à savoir si vous en mangez...

On peut se traîner comme un escargot, mais on peut aussi « se traîner comme une mauvaise odeur » - « táhnout se jako smrad ». A la question « pourquoi une mauvaise odeur ? », on nous a expliqué que c’est parce qu’une mauvaise odeur, ça reste et ça persiste, ça se traîne en quelque sorte. On constate la connotation négative assez évidente de la lenteur tchèque – comme si une mauvaise odeur se traînait plus longtemps qu’une odeur agréable… Et puis on peut aussi « se traîner comme une volée d’oies » – « Táhnout se to jako hejno hus ».

Enfin, terminons avec une de nos expressions préférées : « táhne se to jako pondělí »– « ça se traîne comme un lundi », sans aucun doute parce que le lundi est la journée de reprise du travail et qu’une semaine complète se présente devant nous avant un nouveau week-end.

Et c’est sur ce petit éloge de la lenteur que se referme ce « Tchèque du bout de la langue ». En attendant de vous retrouver dès la semaine prochaine, portez-vous du mieux possible – mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj !