Avantages et inconvénients d'une couronne forte

Le cours de la couronne par rapport au dollar américain, graphique: CTK

L'euro en-dessous de la barre psychologique des trente couronnes, le dollar flirtant avec la même limite, la monnaie tchèque est incontestablement forte en ce moment. Mais sur les plans économique et commercial, cet état de fait ne comporte pas que des avantages. Guillaume Narguet vous explique pourquoi.

Le cours de la couronne par rapport au dollar américain,  graphique: CTK
Le citoyen tchèque moyen est, bien entendu, enchanté. A l'heure des premiers départs en vacances vers le sud de l'Europe et ses plages ensoleillées, le litre d'essence est de deux couronnes moins cher que l'an dernier, à la même époque, et surtout, le taux de change avantageux de la couronne par rapport à l'euro devrait sensiblement alléger le budget familial consacré à la farniente exotique estivale. En revanche, à la rentrée, de retour au bercail, la grisaille automnale pourrait s'avérer un peu plus prononcée que d'habitude. L'effet boomerang des fameux cercles vicieux économiques enseignés au lycée. Car si la couronne tchèque venait à se maintenir à un niveau de change élevé, par rapport aux monnaies références que sont le dollar et l'euro, les entreprises locales pourraient être rapidement amenées à procéder à des coupes dans leurs budgets et à devoir économiser. Les premiers touchés risqueraient alors d'être les employés, les patrons n'hésitant pas à réduire l'augmentation des salaires, voire, dans le pire des cas, à licencier. Ce cas de figure concerne essentiellement les entreprises exportatrices. Au premier rang des moins bien loties, figurent celles dont l'activité est basée sur un savoir-faire manuel dans des secteurs comme le textile ou la verrerie, là où la concurrence s'effectue avant tout au niveau des prix.

En revanche, pour les sociétés importatrices de matières premières ou de pièces servant à la fabrication, la situation est avantageuse. La monnaie d'échange étant généralement le dollar, le coût à l'achat est alors moindre. Mais là encore, des importations trop bon marché peuvent constituer une menace pour la stabilité de l'économie intérieure et la bonne santé des entreprises locales. Les importateurs ont, en effet, la possibilité de pratiquer une politique de prix de vente de leurs produits à la baisse, provoquant ainsi une situation de concurrence à laquelle les producteurs locaux tchèques ont bien du mal à répondre. Le meilleur exemple est sans doute celui de l'usine automobile Skoda qui perd régulièrement de ses parts sur le marché tchèque et ce, notamment au profit de Renault et de Peugeot-Citroën.