Avenir énergétique : la commission d’experts sur l’énergie recommande 50% d’électricité d’origine nucléaire

Photo: Commission européenne

Une commission de spécialistes dirigée par l’ancien président de l’Académie des sciences tchèque, Václav Pačes, ainsi que la présidente de l’Institut de sûreté nucléaire, Dana Drábová, rendra prochainement au ministère de l’Industrie un document de travail sur la politique énergétique de la République tchèque pour les quinze prochaines années.

Photo: Commission européenne
Alors qu’après la catastrophe de Fukushima, l’Allemagne a annoncé son retrait définitif du nucléaire, selon Václav Pačes, biochimiste et chef de la commission indépendante sur l’avenir des ressources énergiques en République tchèque, la part du nucléaire dans la production d’énergie domestique tchèque devrait atteindre 50% de la consommation totale dans les dix-huit prochaines années. Une déclaration faite le 28 mai au quotidien Hospodářské noviny et qui intervient alors que la commission sur l’énergie vient de rendre au ministère de l’Industrie une première version du document de travail qui doit définir la politique énergétique de la République tchèque pour les dix prochaines années. L’accroissement jusqu’à 50% en 2030 (contre 30% aujourd’hui) de l’énergie nucléaire dans la production totale nécessiterait la construction de nouveaux réacteurs dans les deux centrales du pays : celles de Temelín et de Dukovany. Sur ce point le président de la commission d’experts sur l’énergie Václav Pačes :

Václav Pačes
« Sur la base de nos réflexions et de nos de calculs nous sommes convaincus du fait qu’il est économiquement avantageux d’ouvrir deux nouveaux blocs de réacteurs à Temelín ainsi qu’un cinquième bloc à Dukovany. »

Un agrandissement qui devrait toutefois coûter plus cher que prévu s’étonne Václav Pačes

« D’un autre côté je dois avouer que j’ai été un peu consterné d’apprendre ce qui se dit aujourd’hui, à savoir que les deux nouveaux blocs de Temelín coûteraient près de 300 milliards de couronnes (environ 12 milliards d’euros). Une estimation curieuse puisque les deux premiers blocs ont coûté 100 milliards de couronnes (4 milliards d’euros) alors qu’ils ont été mis en place sur la base de la technologie de l’américain Westinghouse qui est très chère. »

Une surévaluation du prix à rapprocher du rôle que le géant de l’énergie tchèque ČEZ entend jouer sur l’avenir du secteur et qui entend définir ses propres règles du jeu, notamment économiques :

« Ce qui est intéressant, c’est ce que le groupe ČEZ est prêt à participer à l’élargissement de Temelín à la condition que le prix d’achat de l’électricité soit garanti par l’Etat. Je trouve absurde que l’Etat garantisse quelque chose qui est déjà entre les mains d’une entreprise très puissante »

Le second volet du document de travail concerne le soutien au développement des énergies renouvelables. Celui-ci devrait, selon les experts de la commission, être arrêté lorsqu’elles atteindront 15% du total de l’énergie produite. Par ailleurs, l’énergie produite à partir des ressources fossiles, le charbon notamment, devra être rendue plus efficace.

Tous les experts de la question ne partagent toutefois pas ces recommandations jugées trop proches des lobbys industriels. Pour les écologistes, les propositions de la commission vont en sens inverse de la tendance des pays européens. L’ancien ministre de l’Environnement et membre du parti des verts, Martin Bursík, critique le manque d’impartialité et de professionnalisme de la commission sur l’avenir énergétique. Il rappelle par ailleurs le coût de production des différentes sources d’énergie :

« Selon la Cour des comptes en France, en 2020, les centrales nucléaires produiront de l’électricité à raison de 70 à 90 euros par mégawatheure, tandis que les éoliennes produiront de l’électricité pour 58 euros par mégawatheure. Et durant ces trois dernières années, le prix de l’électricité produite par les panneaux photovoltaïques est également en baisse. »

Dans les milieux écologistes, les critiques fusent à l’endroit de la commission. Certains observateurs fustigent le manque d’audace de la politique énergétique tchèque, comparant les experts de la commission dirigée par Václav Pačes à des promoteurs du télégraphe et du téléphone analogique à l’heure où le monde est passé à l’Internet et la téléphonie sans fil.