L’Etat entend moderniser ses centrales thermiques et nucléaires

Photo: ČTK

Ces lundi et mardi, onze militants de Greenpeace ont occupé la tour de refroidissement de la centrale thermique de Chvaletice, en Bohême de l’Est. L’organisation écologique proteste contre le prolongement prévu de l’exploitation de la centrale jusqu’en 2030. Parallèlement, le chef du gouvernement Bohuslav Sobotka a plaidé, lors d’un forum international organisé à Bratislava, pour le développement de l’énergie nucléaire, un projet qui prévoit l’élargissement des centrales de Temelín et de Dukovany.

Photo: ČTK
C’est par des sifflets que plusieurs centaines d’employés de la centrale de Chvaletice, dans les environs de la ville de Pardubice, ont protesté, lundi, contre l’action menée par les militants de Greenpeace. Dans la nuit de dimanche à lundi, ceux-ci sont parvenus à escalader la tour de refroidissement, haute de 100 mètres, pour y déployer leurs banderoles. L’incident n’a pas perturbé le fonctionnement de la plus récente des centrales thermiques existantes dans le pays. Deux de ses chaudières sont actuellement hors service en raison de travaux de modernisation dont le coût s’élève à 2,5 milliards de couronnes (environ 93 millions d’euros), tandis que les deux autres sont en cours de réparation suite à un incendie. Jan Rovenský, de l’organisation Greenpeace, explique le sens de la démarche :

Jan Rovenský  (à droite),  photo: ČTK
« C’est le prolongement de l’exploitation de la centrale d’au moins dix ans qui est l’objet de notre mécontentement. Cette décision est malheureuse, car la centrale de Chvaletice est le principal pollueur de la région. »

En effet, les habitants de la région de Pardubice se plaignent depuis longtemps des émissions de poussière de la centrale, poussière qui recouvre leurs maisons et jardins et rend l’air irrespirable. Selon Greenpeace, les polluants émis par la centrale, dont le fonctionnement nécessite chaque année des millions de tonnes de lignite, sont à l’origine de plusieurs dizaines de décès.

De son côté, son propriétaire, la société Severní energetická, affirme que les protestations de l’ONG sont absurdes, les travaux en cours visant justement à réduire les émissions de poussière. « Il est triste de voir qu’une organisation écologique lutte contre l’amélioration de l’environnement » a remarqué la porte-parole de la société, Gabriela Sáričková Benešová.

Le renforcement de l’énergie nucléaire représente un autre point de discorde entre les militants écologistes, dont les activistes autrichiens, et l’Etat tchèque. Participant, ce mardi, au Forum européen de l’énergie nucléaire de Bratislava, le Premier ministre a rappelé que le nucléaire était un des piliers du système énergétique tchèque. Une conception qui est loin d’être partagée par tous les pays de l’Union européenne. On écoute Lenka Kovačovská, en charge du dossier énergétique au ministère de l’Industrie et du Commerce :

Temelín,  photo: Archives de Radio Prague
« Au niveau européen, le nucléaire est une question marginalisée, une question dont certains Etats membres de l’UE refusent de parler. Dans les documents officiels de l’Union, le mot ‘nucléaire’ est presque perçu comme vulgaire. Toutefois, sans l’énergie nucléaire, nous ne serions pas capables d’appliquer les mesures de décarbonisation, de nombreux pays ne pourraient pas couvrir leurs besoins en énergie. Au cours du forum, une autre question importante, mais négligée a été traitée : celle de l’utilisation de l’énergie nucléaire dans la médecine. »

Bohuslav Sobotka, quant à lui, a reconnu à Bratislava que « l’énergie nucléaire était un thème qui suscitait de vives émotions. »« Je regrette que ces émotions soit utilisées pour discréditer un débat réaliste sur le nucléaire. Souvent, il s’agit de pur populisme », a déclaré Bohuslav Sobotka en ajoutant qu’au-delà des ressources d’énergie renouvelables, la République tchèque a besoin d’une source stable d’approvisionnement en énergie.

Et pour cause, l’Etat tchèque prévoit la mise en place de nouveaux réacteurs de ses deux centrales nucléaires de Temelín et de Dukovany. A l’occasion du forum international de Bratislava, Bohuslav Sobotka et son homologue slovaque Robert Fico ont aussi évoqué un projet tchéco-slovaque de construction d’une nouvelle centrale nucléaire à Jaslovské Bohunice, dans l’ouest de la Slovaquie.