Becherovka : anniversaire de Josef Becher, le génie de la bouteille
Le créateur de la liqueur la plus populaire de République tchèque, Josef Vitus Becher, est né il y a exactement 250 ans à Karlovy Vary. C’est lui qui a inventé la boisson qu’on connaît aujourd’hui sous le nom de Becherovka, en modifiant une recette qu’il avait reçue d’un physicien anglais du nom de Christian Frobrig. La liqueur est depuis devenue un des produits d’exportation tchèques les plus reconnus.
Qu’elle soit servie dans un cocktail au comptoir bruyant d’un bar, ou bien dans un verre après un dîner à la maison, la liqueur Becherovka a déjà été bue au moins une fois par des millions de personnes dans le monde. La personne à qui revient le mérite d’avoir créé cette recette est Josef Vitus Becher, un pharmacien allemand des Sudètes, issu d’une famille d’hommes d’affaires et de politiques locaux installés en Bohême de l’Ouest dans la ville thermale de Karlovy Vary.
Alors que Becher est trentenaire, il concocte sa fameuse boisson. En 1805, il rencontre le physicien britannique Christian Frobrig, qui séjournait à Karlovy Vary et les deux hommes se lient d’amitié en discutant du pouvoir guérisseur des épices. Avant de quitter la ville, Frobrig donna à Becher la recette anglaise d’une liqueur pour soigner les maux d’estomac.Becher s’attèle alors à modifier la composition de sa boisson pendant deux années avant d’essayer de la vendre comme une Bitter anglaise, puis plus tard comme la Karlsbader Becherbitter en 1807. La Becherovka était née.
La politique de l’entreprise fixe à deux le nombre de personnes vivantes à connaître la recette exacte. Au micro de Radio Prague, le directeur de l’usine Tomáš Bryzgal, reconnaît que c’est toujours le cas aujourd’hui :
« C’est vrai. Mon collègue Bohuslav Pich sommes les deux seuls à connaître la recette. Ce n’est pas juste une promesse de discrétion mais aussi un contrat de confidentialité. »
« Nous pouvons révéler que la Becherovka est composée d’un mélange d’environ vingt herbes et épices différentes. Les herbes proviennent principalement de République tchèque et d’Europe Centrale tandis que les épices sont surtout issues de pays exotiques d’Asie et d’Afrique. »
Le secret est si bien gardé que l’entreprise commande les ingrédients chez différents fournisseurs afin de tromper quiconque essayerait de deviner la recette à partir des données bancaires.La Becherovka était déjà une boisson populaire lorsque Josef Becher a placé son fils Jan à la tête de l’entreprise. Ce dernier a poursuivi l’œuvre paternelle et fait de la marque une des liqueurs officielles livrées à la cour impériale austro-hongroise. En 1922, Becherovka devint une marque protégée.
C’est la signature de Jan, gage de qualité du produit, que l’on peut encore voir aujourd’hui sur chaque bouteille de Becherovka. Le gérant de l’usine révèle aussi qu’il y a une justification derrière la forme et la couleur si caractéristiques de la bouteille.
« La forme ovale de la bouteille est typique de la Becherovka depuis au moins la moitié du XIXe siècle. »
« La couleur verte de la bouteille, qui protège à la fois le mélange d’herbes et empêche la lumière d’altérer la liqueur, a été également pensée au même moment. »
Au cours du XXe siècle, la Becherovka est devenue l’un des produits les plus exportés de Tchécoslovaquie. En 1997, l’entreprise a été rachetée par le géant mondial de spiritueux, Pernod Ricard.Aujourd’hui, Becherovka exporte vers plus de quarante pays et se porte très bien depuis quelques années, affichant des records d’exportations qui ont dépassé, l’année dernière, les 3,6 millions de litres.
Pour Tomáš Bryzgal, la liqueur a l’avantage de pouvoir être facilement mélangée avec d’autres boissons.
« C’est l’un des plus gros avantages de la Becherovka. Cette boisson est populaire auprès de la communauté des barmen et pas seulement en République tchèque, mais dans le monde entier. »
« Son goût caractéristique à la fois doux et amer, ainsi que son arôme unique donnent au consommateur l’opportunité de l’utiliser dans une grande variété de boissons. »La plus connue de ces créations est probablement le « béton », un mélange de Becherovka, de tonic et de citron vert, qui a été présenté à l’exposition internationale de Montréal en 1967. Pour ceux qui préfèrent boire la liqueur pure, M. Bryzgal a un tuyau :
« Il est généralement recommandé de boire la liqueur quand elle est fraîche. Je dirais que la température idéale est autour de 0ºC. »
« Cependant, certains préfèrent la boire en-dessous du niveau de congélation et d’autres adorent une Becherovka chaude, bien qu’ils soient plutôt en minorité. »
« Dans tous les cas, la température exacte dépend des préférences du consommateur. »
Une nouvelle Becherovka vient d’être mise sur le marché, la Becherovka non filtrée (Nefiltrovaná Becherovka), avec une couleur de bouteille ambre qui rompt la tradition verte.