Bientôt des repas gratuits pour les écoliers ?
Le gouvernement de coalition d’Andrej Babiš souhaite mettre en place à partir de 2020 la gratuité des déjeuners pour les enfants des écoles maternelles et les écoliers des premières années de l’école élémentaire. Une proposition qui divise sur l’échiquier politique tchèque.
A l’heure actuelle, deux versions du projet sont à l’étude au sein du cabinet Babiš. D’un côté le parti social-démocrate (ČSSD) souhaite instaurer la gratuité pour les enfants en dernière année d’école maternelle et pour les écoliers des cinq premières années d’école primaire. De l’autre le mouvement ANO est arrivé avec une proposition encore plus ambitieuse : la gratuité des repas pour tout le cycle élémentaire, soit jusqu’aux 15 ans des écoliers.
L’actuelle ministre du Travail et des Affaires sociales Jana Maláčová (ČSSD) a pour l’heure soutenu les deux projets et tient pour acquis que les écoliers tchèques pourraient déjeuner gratuitement à la cantine d’ici deux ans.
Radka Maxová (ANO) est la présidente du groupe parlementaire pour la politique sociale, elle explique pourquoi ce projet est souhaité par le gouvernement :
« Nous considérons cela comme une mesure en faveur de la famille. Les déjeuners coûtent environ 600 couronnes (23 euros) par mois, soit 7 200 couronnes par an (279 euros). Cet argent pourrait être utilisé à d’autres fins, comme pour des activités sportives ou artistiques par exemple. »Cette mesure, si elle est envisagée de manière générale, vise avant tout les familles les plus défavorisées qui n’ont souvent pas de quoi payer les repas à la cantine de leurs enfants. C’est le cas notamment des mères seules comme le rappelait au printemps dernier Dana Pavlousková, du Club des mères célibataires, une association de soutien et de lutte contre la pauvreté de cette frange de la population :
« Seule une femme sur quatre parvient à intégrer les fruits et légumes dans son menu quotidien. En ce qui concerne les enfants, vous devez leur payer des activités périscolaires, des sorties scolaires, des classes vertes : en République tchèque, seules un quart de ces mères peuvent se permettre de faire ces dépenses. »
La gratuité des déjeuners pour les plus jeunes enfants permettrait donc de leur garantir en premier lieu un repas chaud par jour, mais aussi de favoriser leur équilibre alimentaire, alors que bien souvent, le petit-déjeuner ou le repas du soir se réduisent à la portion congrue.
Mais dans l’opposition, et chez les partis de droite notamment, on voit cette mesure d’un mauvais œil. D’aucuns la considèrent comme une allocation sociale qui ne dit pas son nom et posent la question de son financement. C’est le cas notamment du parti d’extrême-droite SPD. Lubomír Volný est membre du groupe parlementaire pour la science et l’éducation :« En tant que père d’un enfant de sept ans, j’aimerais bien que tout soit gratuit pour les enfants de ce pays. Mais nous le savons bien : rien n’est jamais gratuit. Donc ces repas ne seront pas gratuits puisqu’il faudra bien que quelqu’un les paye. Si l’on considère la somme de 5,4 milliards de couronnes (près de 2010 millions d’euros) que cela coûterait annuellement, il faudra les trouver quelque part, à un endroit où ils manqueront. »
Aujourd’hui déjà, une partie des repas des cantines tchèques sont pris en charge par l’Etat. Les parents des enfants en école maternelle ou primaire dépensent tous les jours respectivement 35 et 25 couronnes (1,35 et 0,95 euros) par repas. Les auteurs de la proposition défendent le projet en évoquant l’exemple d’autres pays, comme la Finlande, la Hongrie, l’Ecosse ou l’Angleterre. Dernier Etat en date à avoir adopté ce principe de gratuité, la Slovaquie voisine.