Blocage des postes frontière tchéco-autrichiens
Samedi, environ 3000 adversaires autrichiens de la centrale nucléaire de Temelin, ont bloqué trois passages frontière entre la Haute-Autriche et la Bohême du sud, pour protester contre la mise en service de cette centrale prévue avant le 20 septembre prochain. Durant cinq heures, 200 tracteurs ont barré les routes pour empêcher le passage des voitures dans les deux sens. Astrid Hofmanova.
Cette pomme de discorde entre l'Autriche et la République tchèque, appelée la centrale nucléaire de Temelin, remonte au début des années quatre-vingt-dix, où nos voisins du sud commençaient à mettre en doute les mesures de sécurité de cette centrale. Le gouverneur de la Haute-Autriche, Josef Pühringer, en tête du blocage de l'un des trois postes, a accusé la République tchèque de non respect des principes de bon voisinage. Il a critiqué ce qu'il a appelé le comportement arrogant du Premier ministre tchèque, Milos Zeman, qui, il y a quelques jours, a promis de réagir aux protestations autrichiennes par des actes, soit par la mise en marche de la centrale. Pühringer, qui lie le problème de Temelin à l'intégration européenne, a parlé de l'arrogance et du nationalisme tchèque qui n'ont pas leur place dans une Europe du XXIe siècle. Le gouvernement tchèque, qui considère ces protestations comme une réaction hystérique et embarrassante par laquelle l'Autriche risque de se déshonorer devant toute l'Europe, refuse de lier le problème de Temelin à notre adhésion à l'Union européenne. Le porte-parole du gouvernement, Libor Roucek, souligne que, jusqu'à présent, la partie autrichienne n'était pas en mesure de préciser ses objections aux mesures de sécurité qui, selon lui, répondent aux normes les plus rigoureuses, valables non seulement en Europe mais aussi aux Etats-Unis. « L'Autriche a pris une position ambiguë », poursuit Roucek, « elle est contre l'énergie nucléaire en République tchèque, mais dans le même temps elle l'importe de la Bavière... ».
Le blocage des postes frontière tchéco-autrichiens a été aussi accompagné par des activités diplomatiques. Dimanche, lors d'une rencontre des ministres des Affaires étrangères des Quinze, le chef de la diplomatie autrichienne, Mme Benita Ferrero Waldner, a tenté de gagner des alliés européens contre Temelin, parmi lesquels son homologue français Hubert Védrine, dont le pays préside l'Union européenne mais qui dispose aussi du plus grand potentiel nucléaire dans le monde entier.