« Bodies... The exhibition »: une expo qui crée la polémique à Prague
Depuis samedi dernier, les Pragois peuvent contempler une vingtaine de cadavres conservés grâce à une méthode dite de plastination, un processus qui permet de remplacer les fluides corporels par des polymères de plastique. L'expo montre 22 cadavres et des organes conservés dont une vessie, une rate, des poumons, trois coeurs et un cerveau.
Et moins d'une semaine après son inauguration à la salle Lucerna, les réactions hostiles sont déjà nombreuses, d'abord dans les milieux confessionnels. Pour le prêtre et président de l'Académie chrétienne tchèque, Tomas Halik, il s'agit avant tout d'une régression :
« Je crains que, si nous permettons l'utilisation de cadavres dans une exposition pour le business et le sensationnel, notre civilisation tombe à un niveau indigne de l'homme. »
Dans les milieux scientifiques également, des critiques se sont faites entendre. La société tchèque d'anatomie a publié un texte de protestation contre l'exposition, accusée d'enfreindre les règles de l'éthique et de la morale. Un point de vue partagé par Vaclav Hampl, recteur de l'Université Charles de Prague.
Au niveau politique également, l'exposition a provoqué des réactions indignées. Le vice-président de la commission parlementaire pour la Santé, Boris Stastny, a même demandé sa fermeture immédiate. La mairie du premier arrondissement de Prague a dû, à la demande d'un citoyen, se prononcer sur la compatibilité de l'expo avec les normes en vigueur sur l'inhumation des cadavres. Résultat : compatible.Mais la polémique ne s'arrêtera sûrement pas là. Pour l'instant en tout cas, pas question pour les organisateurs de fermer leurs portes au public. Petr Novak, de la société Interkoncert :
« Pour commencer, nous recommanderions d'abord à tous les détracteurs de l'exposition de la visiter, parce qu'ainsi ils pourront se rendre compte que leurs protestations sont sans fondement. »Le président de la société Premier Exhibitions, responsable de l'expo, affirme que son entreprise a acheté officiellement les corps humains à l'école de médecine d'une ville chinoise et qu'il s'agit de corps non réclamés ou non identifiés. Néanmoins, les associations de défense des droits de l'homme et les professionnels de la santé sont circonspects, car les explications sur l'origine des cadavres sont contradictoires. Ils suspectent que les corps et les organes proviennent de prisons ou de camps chinois, sans le consentement des familles.