Bouclier anti-missiles : le gouvernement tchèque ouvre officiellement les négociations avec Washington

Jiri Paroubek à Brdy, photo: CTK

Le gouvernement de Mirek Topolanek (ODS) a accepté mercredi d'entamer des négociations officielles sur l'installation d'un radar américain dans un terrain militaire, situé à une soixantaine de kilomètres au sud de Prague. Les négociations avec Washington pourraient durer jusqu'à la fin de l'année. Ce sera ensuite au Parlement de décider.

Mirek Topolanek,  photo: CTK
« Nous avons choisi une attitude différente de celle des Polonais, qui n'ont répondu aux Américains que par une seule phrase » : selon le Premier ministre Mirek Topolanek, la note remise aux autorités américaines par son gouvernement est avant tout une « déclaration politique ». Il a tenu à préciser qu'aucune démarche irréversible ne serait faite avant que le projet soit soumis aux votes des parlementaires.

Au début de l'année, Washington avait officiellement demander à Prague et à Varsovie d'héberger sur leur territoire respectif un radar et des missiles, dans le cadre de son système anti-balistique, pour faire face à d'éventuelles menaces venues du Moyen-Orient.

Le projet a déjà provoqué de vives réactions à Moscou et des divisions au sein de de l'Union européenne et de l'OTAN. Dans sa réponse officielle publiée mercredi, le gouvernement tchèque s'engage à « oeuvrer pour que la base de radar soit intégrée dans le futur système de défense de l'OTAN ». Satisfaction pour les Verts donc, le parti écologiste (SZ) membre de la coalition gouvernementale ne souhaitant pas laissé ce dossier traité de manière bilatérale. Dana Kuchtova, ministre de l'Education, est la vice-présidente des Verts :

Jiri Paroubek à Brdy,  photo: CTK
« La note adressée est exactement dans l'esprit dans lequel elle a été discutée à la Chambre des députés. Nous avons donné notre accord à l'ouverture des négociations sur la base de radar et nous allons négocier sur la possibilité d'inclure cette base dans le cadre de l'OTAN. Donc les conditions posées notamment par les Verts lors de leur dernier congrès sont remplies. »

Tandis que le gouvernement de centre-droite avalisait le début des négociations à Prague, le leader de l'opposition social-démocrate (CSSD) rendait visite mercredi aux quelques soldats basés sur le terrain militaire de Brdy, à l'endroit même où le radar américain pourrait être installé. Jiri Paroubek avait emmené avec lui des maires de la région et des journalistes sur ce terrain successivement occupé par les nazis puis les Soviétiques. De grosses inscriptions en cyrillique sont d'ailleurs encore lisibles sur les baraquements délabrés.

Jiri Paroubek à Brdy,  photo: CTK
Le sous-lieutenant Brezinsky était l'un des guides :

« On est sur le terrain militaire de Brdy. L'armée soviétique était installée ici jusqu'en 1992. Ici, dans ce bunker, on ne sait pas trop ce qu'il y avait avant, du matériel militaire, mais on ne sait pas lequel. Pour l'instant on ne fait qu'entretenir les locaux, on ne sait pas ce qu'il va se passer après. »

Josef Vondrasek est le maire de la ville voisine de Rozmital. Il visitait la base pour la première fois :

« J'espère que c'est une blague cette décision du gouvernement. On n'en a pas besoin de ce radar ici. D'abord si on accepte, il y aura d'ici dix ans des Américains partout, et puis ensuite c'est mauvais pour des raisons de santé et les risques engendrés, c'est comme si on posait un énorme micro-ondes en pleine nature ! Nous voulons aussi organiser un référendum, pas seulement à Rozmital mais dans 11 communes en tout. »

Lors du premier référendum local sur l'installation du radar, organisé dans la commune de Trokavec, 71 des 72 électeurs s'étaient opposés au projet. Au niveau national, un récent sondage estimait que 61% de la population tchèque était contre le radar américain. Pour Jiri Paroubek et le Parti social-démocrate, le débat ne fait que commencer. C'est en tout cas ce qu'il a affirmé aux habitants des communes voisines de la base militaire, venus l'écouter lors d'une conférence organisée à Prikosice par le CSSD:

« C'est seulement à partir de maintenant que toute cette question va pouvoir être discutée et débattue. Je pense que ces négociations vont durer environ un an, et pendant cette année tous les aspects du problème doivent être étudiés, notamment les potentielles conséquences sur la santé dont vous avez parlé aujourd'hui. »

Rappelons que le gouvernement tchèque ne dispose pas d'une majorité à la Chambre des députés. La position des sociaux-démocrates pourrait s'avérer déterminante, les communistes étant, eux, totalement opposés au projet américain.