Brexit, crise migratoire : à Prague, Donald Tusk prône l’unité de l’Union européenne
A la veille d’un sommet-clé qui doit rassembler les chefs d'Etat et de gouvernement de l’Union européenne à Bruxelles, jeudi et vendredi, le président du Conseil européen, Donald Tusk, était à Prague, mardi, dans le cadre d’une tournée des capitales européennes. Sujets principaux figurant au programme de ce sommet, les réformes voulues par la Grande-Bretagne en contrepartie de son maintien au sein de l’UE et la crise migratoire ont donc logiquement également été abordés à Prague.
Rappelons que le dirigeant européen a présenté, le 2 février, un pré-accord qui sera discuté à Bruxelles, pour répondre aux revendications britanniques et éviter ce fameux « Brexit ». Mais qu’il s’agisse des thèmes de l'immigration, de la souveraineté politique ou même de l'économie, les sujets délicats restent nombreux. Le Premier ministre Bohuslav Sobotka a d’ailleurs profité du passage de Donald Tusk pour rappeler quelle est la position tchèque sur cette question :
« La position de la République tchèque n’a pas changé et c’est également celle du groupe de Visegrád (V4) réuni à Prague ces lundi et mardi. Nous voulons faire en sorte que la Grande-Bretagne reste membre de l’Union européenne. C’est une question d’importance stratégique pour l’Europe, c’est aussi la question de son avenir qui est en jeu ici. Nous souhaitons qu’un compromis soit trouvé. A l’heure actuelle, dans le pré-accord qui nous a été présenté, nous voyons encore certains points problématiques dont il faut discuter dans le cadre du Conseil européen. »Concrètement, Prague, tout comme les trois autres pays du V4 (Hongrie, Pologne et Slovaquie), a exprimé ses craintes quant à la demande britannique de changements dans le système de la libre circulation des personnes en Europe. Londres souhaitant restreindre l’accès aux prestations sociales pour les ressortissants européens sur son territoire, Donald Tusk a proposé un « mécanisme de sauvegarde » qui permettrait de suspendre, pour une durée de quatre ans, le versement des aides aux migrants intra-européens. Cette limitation, qui vise avant tout les travailleurs des pays d’Europe centrale et de l’Est, nombreux à travailler en Grande-Bretagne, nourrit les inquiétudes de leurs dirigeants. Actuellement, les citoyens européens y travaillant peuvent bénéficier par exemple d’allocations pour leurs enfants, même si ceux-ci vivent dans le pays d’origine de leurs parents. Un des termes du pré-accord prévoit que la Grande-Bretagne ait la possibilité d’indexer ces allocations au niveau de vie du pays de départ ; autant de clauses qui ne laissent pas d’inquiéter en Europe centrale.
Autre sujet au programme du sommet de Bruxelles : les migrations. Donald Tusk a appelé à la nécessité d’une unité des pays de l'UE, le seul moyen, selon lui, de trouver une solution à la crise. Le chef du Conseil européen a également félicité la République tchèque pour son aide apportée à la Macédoine pour surveiller ses frontières. Mais il a également averti qu’une exclusion de la Grèce de l’espace Schengen ne constituait pas une solution :
« Nous ne devons pas oublier les Etats membres les plus touchés par la crise, comme c’est le cas de la Grèce. Ils ont besoin que l’on continue de les aider, et même qu’on les aide encore davantage. »La République tchèque et les autres pays du groupe de Visegrád soutiennent l'idée d'un « plan B » selon lequel les frontières externes de l'espace Schengen pourraient être déplacées de la Grèce vers la Macédoine et la Bulgarie, si Athènes ne parvient pas à mieux gérer l’afflux de migrants. De cela, pas plus Bruxelles que Berlin ou encore Paris ne veulent entendre parler, tous s’accordant à dire que c’est à la Turquie qu’il appartient de respecter les engagements pris en novembre dernier pour limiter les départs de migrants vers l’UE, soit une vision des choses qui, pour une fois, rejoint celle de la République tchèque (et partiellement celle des autres pays du V4). Prague a toutefois haussé le ton ce mercredi : avant de s’envoler pour Bruxelles, Bohuslav Sobotka a bien insisté sur le fait que la Turquie disposait encore de deux à trois semaines pour respecter ses engagements. Dans le cas contraire, si elle ne parvient pas d’ici mi-mars, de nouvelles frontières pourraient être tracées.