Brexit, crise migratoire : à Bruxelles, la République tchèque se dit globalement satisfaite

Bohuslav Sobotka (à droite) au summit à Bruxelles, photo: ČTK

Un satisfecit pour l’Union européenne et pour la Grande-Bretagne : le premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka s’est félicité du compromis trouvé à Bruxelles, jeudi et vendredi derniers, relatif aux revendications britanniques de réformes de l’Union européenne, au sortir d’un sommet extraordinaire rassemblant les chefs d’Etat et de gouvernement européen sur cette question majeure de l’avenir de l’UE. Autre gros sujet à l’agenda de la fin de la semaine dernière : la crise migratoire. Là aussi, la République tchèque n’a pas trouvé grand-chose à redire.

Bohuslav Sobotka  (à droite) au summit à Bruxelles,  photo: ČTK
« Je pense qu’il y avait dès le départ un intérêt non seulement politique, mais aussi économique, stratégique, sécuritaire, à ce que la Grande-Bretagne reste membre de l’Union européenne. L’accord qui a été trouvé et signé est une des conditions importantes pour que lors du prochain référendum les Britanniques puissent s’exprimer en faveur du maintien de leur pays au sein de l’UE. L’accord était aussi une condition incontournable pour que le premier ministre britannique puisse appeler ses concitoyens à aller dans ce sens. »

C’est par ces mots que le premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka s’est exprimé à l’issue des longues négociations finales autour de l’accord proposé à la Grande-Bretagne par le président du Conseil de l’Europe, Donald Tusk. Ce dernier avait la semaine dernière fait la tournée de plusieurs capitales européennes, dont Londres, Paris, Prague et Berlin, pour, jusqu’à la dernière minute, convaincre les partenaires européens de la justesse de l’accord.

Une des questions-clés pour la République tchèque et d’autres pays de l’Europe centrale était celle des prestations sociales accordées aux ressortissants européens sur le territoire britannique. La République tchèque et ses partenaires centre-européens sont à cet égard parvenus à limiter en partie les exigences britanniques d’origine. Ainsi, les limitations de certains avantages accordés aux employés issus d’autres pays de l’UE ne concerneront pas les ressortissants européens déjà installés en Grande-Bretagne.

Tomáš Prouza,  photo: ČT
La situation est toutefois plus complexe en ce qui concerne les allocations accordées aux enfants, où Londres a obtenu que pour les ressortissants européens venant travailler dans le pays et qui laisseront leurs enfants dans leur pays d’origine, il soit possible d’indexer ces allocations au niveau de vie du pays de départ. En dépit de ce revers, la République tchèque s’est dite satisfaite qu’une partie de ses revendications aient été entendues. Tomáš Prouza, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes :

« En ce qui concerne l’allocation pour les enfants, le changement sera a priori effectif dans deux ou trois ans, pas avant. Du point de vue des Tchèques qui travaillent en Grande-Bretagne, nous avons réussi à défendre tout ce qui était important à nos yeux. Nous avons fait en sorte qu’ils ne se retrouvent pas plus mal lotis, et surtout que les nouvelles conditions ne soient pas mises en application du jour au lendemain. »

Si les autocongratulations ont ainsi fusé de toutes parts, après la signature de l’accord, c’était sans compter sur la déclaration pour le moins fracassante du très populaire maire conservateur de Londres, Boris Johnson, ce dimanche : ce dernier a en effet – enfin – dévoilé son jeu en se prononçant pour le « Brexit », donc la sortie de l’Union européenne. Il se place ainsi en opposition au premier ministre britannique David Cameron, dans son propre camp politique, brouillant la future campagne pro-UE du locataire du 10 Downing Street.

Photo: ČTK
Pour le reste, sur la question de la crise migratoire, Bohuslav Sobotka a indiqué que la priorité commune de l’ensemble des pays membres de l’UE restait le respect de leurs engagements par la Grèce et la Turquie :

« Le sujet principal de la discussion jeudi était : comment assurer la protection des frontières extérieures de l’espace Schengen ? Cela correspond à ce que les pays du groupe de Visegrad disent depuis le tout début. La protection de ces frontières extérieures est le paramètre-clé pour résoudre la crise migratoire. Parmi les conclusions du Conseil de l’Europe, il y a eu un appel clair à la Turquie. D’ailleurs, un sommet extraordinaire des pays européens doit se dérouler début mars à laquelle devrait participer le premier ministre turc. Nous examinerons où en est l’application du plan d’action décidé entre l’UE et la Turquie. Il y a aussi eu un appel à la Grèce à respecter les conditions qui découlent de son appartenance à l’espace Schengen, ainsi que l’a rappelé récemment la Commission européenne. »

Le premier ministre tchèque s’est voulu temporisateur et a rappelé que si la République tchèque et les autres pays du V4 (Hongrie, Pologne et Slovaquie) avaient proposé une solution consistant à déplacer les frontières de l’espace Schengen en renforçant les contrôles entre la Bulgarie et la Turquie, entre la Bulgarie et la Grèce et entre la Macédoine et la Grèce, ce projet n’était qu’un plan de réserve et que ce dernier n’entrait pas en contradiction avec ceux de l’Union.