Centrale de Prunéřov : le ministère de l’Environnement prend au sérieux les inquiétudes de la Micronésie

La centrale thermique au charbon de Prunéřov, photo: Petr Štefek, Wikimedia

En décembre dernier, en pleine conférence de Copenhague sur le climat, l’information, curieuse il est vrai, avait quelque peu prêté à sourire. Les Etats fédérés de Micronésie, situés dans le Pacifique à 13 000 kilomètres de Prague, avaient en effet fait part au ministère tchèque de l’Environnement de leurs inquiétudes relatives au projet de rénovation de la centrale thermique au charbon de Prunéřov, en Bohême du Nord. Depuis, la Micronésie, menacée directement par la montée du niveau des océans, n’a pas laissé tomber l’affaire.

La centrale thermique au charbon de Prunéřov,  photo: Petr Štefek,  Wikimedia
Le Bureau de l’Environnement et des catastrophes naturelles de Micronésie est revenu à la charge début janvier. En décembre déjà, les autorités de ce minuscule groupe d’îles paradisiaques avaient envoyé une première lettre au ministère tchèque de l’Environnement dans laquelle elles se disaient préoccupées par la modernisation de la centrale de Prunéřov. Le ministère micronésien demandait donc l’autorisation d’avoir un droit de regard sur les études d’évaluation de l’impact sur l’environnement de la centrale une fois les travaux achevés. La centrale électrique incriminée, située au nord du pays, dans une des régions les plus industrialisées et polluées de République tchèque, est la dix-huitième source la plus importante d’émissions de dioxyde de carbone en Europe. Elle est la propriété du géant énergétique ČEZ, la société nationale de production et de distribution d’électricité, dont le président du conseil de surveillance, Martin Kocourek, n’a pas caché son étonnement devant l’initiative prise par la Micronésie :

Martin Kocourek
« Je dois avouer que j’ai été surpris parce que, à l’origine, c’est une information qui était entrée par une oreille et sortie par l’autre. J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’une plaisanterie avant d’apprendre qu’il s’agissait bien d’une démarche officielle de leurs autorités chargées de cette problématique. Il convient donc de la considérer avec sérieux. »

Comme la plupart des pays situés dans l’océan Pacifique, la Micronésie risque d’être submergée par la montée des eaux des mers, conséquence des émissions de CO2 et du réchauffement climatique. Ses responsables politiques en charge de l’environnement affirment être bien conscients du fait que ce ne sont pas précisément les émissions produites par la centrale de Prunéřov qui font monter le niveau des océans et qu’il existe environ 5 000 centrales électriques du même genre dans le monde qui contribuent, ensemble, aux émissions globales de gaz carbonique et à la dégradation du climat.

En attendant, il y a quinze jours de cela, le ministère tchèque de l’Environnement aurait dû rendre une décision relative aux travaux d’un montant de 800 millions d’euros devant servir à prolonger la durée de vie de la centrale de Prunéřov jusqu’en 2025. L’annonce de la décision a toutefois été remise à plus tard, une des raisons de ce retard étant justement la déclaration de cinq pages envoyée début janvier par la Micronésie.