Ces femmes qui font le bonheur des Tchèques
Mardi 8 mars prochain sera célébrée la Journée internationale des droits des femmes. Un peu à l’avance, nous avons décidé de rendre hommage à quelques-unes des femmes qui, ces dernières années, cette année ou dans les années à venir, ont fait, font ou feront encore le bonheur du sport tchèque. Et elles sont si nombreuses que c’est en deux parties que Radio Prague revient sur le parcours de ces femmes. En voici la première…
Trois ans plus tard, le constat n’est plus tout-à-fait le même. Depuis le sacre du hockeyeur Jaromír Jágr en 2005, cela fait désormais dix ans que plus aucun homme n’a été élu Sportif tchèque de l’année. Entre la fondeuse désormais à la retraite Kateřina Neumannová en 2006, la phénoménale Martina Sáblíková à trois reprises (2007, 2009 et 2010), la double championne olympique du lancer du javelot Barbora Špotáková (2008 et 2012), la double lauréate de Wimbledon Petra Kvitová (2011 et 2014) et Zuzana Hejnová (en 2013 et 2015), ce sont cinq femmes qui se sont succédées ou relayées au palmarès en l’espace de dix ans.
En décembre dernier, c’est donc la sprinteuse Zuzana Hejnová, qui a repris place sur le trône imaginaire de reine du sport tchèque. Restée invaincue tout au long de la saison 2015, la spécialiste du 400 mètres haies avait coiffé la couronne de « meilleure » pour la deuxième fois de sa carrière, après un premier sacre donc deux ans plus tôt :
« Pratiquement tous ceux qui figurent aux dix premières places du classement ont été sacrés champions du monde et il est donc difficile de faire un choix, de choisir le meilleur, surtout qu’il s’agit de disciplines très différentes les unes des autres et que la concurrence n’est pas partout la même. C’est une enquête, du coup vous ne pouvez jamais être sûrs de rien. Mais c’est vrai qu’en 2013, après avoir remporté toutes les courses auxquelles j’avais participé durant la saison, je m’attendais un peu plus à être élue. Cette année, je dirais que c’est une plus grande surprise. »Femme très discrète en dehors de la piste, Zuzana Hejnová entend bien refaire parler d’elle, et pas qu’un peu, en cette année 2016 dont les Jeux olympiques à Rio de Janeiro constitueront bien entendu le point d’orgue. Après une saison 2014 blanche en raison d’une blessure, la hurdleuse a retrouvé en 2015 l’exceptionnel niveau de performance qui était le sien en 2013. Un retour à la compétition remarquable et très remarqué, puisque, après le décathlonien Tomáš Dvořák (1997, 1999, 2001) et le lanceur de javelot Jan Železný (1993, 1995 et 2001), elle est devenue la troisième athlète tchèque de l’histoire à être sacrée championne du monde pour la deuxième fois de sa carrière.
Et en août prochain au Brésil, Zuzana Hejnová, médaillée de bronze il y a quatre ans, entend bien devenir également la troisième femme tchèque de l’histoire à décrocher l’or olympique en athlétisme, après les lanceuses de javelot Dána Zátopková à Helsinki en 1952 (le même jour que son mari Emil sur 5 000 mètres) et Barbora Špotáková à Pékin en 2008 et Londres en 2012. Pour parvenir à cet objectif et satisfaire ses ambitions, Zuzana Hejnová, qui a remporté l’épreuve du 400 mètres ce week-end à Ostrava aux championnats de République tchèque en salle, a décidé de faire l’impasse sur les Mondiaux indoor qui se tiendront à Portland du 17 au 20 mars prochain pour laisser la priorité à la préparation de la saison en plein air.
Pour Barbora Špotáková, la famille passe désormais avant la carrière
La plupart des femmes aiment les bijoux et, dans le cas de Barbora Špotáková, ceux en or de préférence à l’argent. Après une saison 2015 en dents de scie, la lanceuse tchèque disputera à Rio, à 35 ans, ce qui sera probablement une des dernières grandes compétitions de sa carrière en rêvant donc d’une nouvelle breloque dorée. Double championne olympique, championne du monde (à Osaka en 2007), championne d’Europe (à Zurich en 2014), recordwoman du monde (72,28 mètres) et quadruple lauréate de la Ligue de diamant (2010, 2012, 2014 et 2015), Barbora Špotáková possède d’ores et déjà un des plus beaux palmarès de l’histoire du sport tchèque, un palmarès digne de celui de son ancien entraîneur Jan Železný.Un coach qui compte assurément parmi les meilleurs au monde, mais dont elle s’est pourtant séparée à la fin de la saison 2014. Tandis que Železný souhaitait se consacrer à l’entraînement à 100%, Barbora Špotáková, elle, mère d’un petit garçon depuis mai 2013, voyait les choses autrement et entendait passer plus de temps avec sa famille. Un choix de femme et de mère de famille qu’elle a toujours assumé et n’a jamais regretté, comme elle l’expliquait récemment :
« La saison dernière a été mi-figue mi-raisin, mais je reste convaincue que la décision de m’entraîner seule, sans entraîneur, m’a fait du bien. Je reconnais que le bilan est quelque peu mitigé et que les résultats n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes. Mais si c’était à refaire, je reprendrais la même décision. Au moins, cela m’a permis de passer plus de temps avec mon fils et mon mari. Rien que pour ça, cela valait le coup de tenter l’expérience. »
Une expérience que Barbora Špotáková ne retentera néanmoins plus en cette année olympique. A moins de six mois de l’ouverture des Jeux, c’est désormais avec son premier entraîneur, Rudolf Černý, qu’elle travaille de nouveau. Mais comme le précise Rudolf Černý, certaines règles de fonctionnement semblent avoir été instaurées :
« Le problème avec elle est de faire en sorte de combiner ses obligations de sportive de haut niveau avec sa vie de famille. Mais la saison dernière, elle avait aussi d’autres centres d’intérêt que l’athlétisme et son fils. Elle sortait parfois avec son mari, on l’a vue à des concerts. Je n’ai rien contre, mais il faut aussi que Barbora sache ce qu’elle veut. On ne peut pas tout faire et tout avoir en même temps. La pratique du sport de haut niveau suppose certains sacrifices. Nous avons donc convenu de certaines choses pour cette année. Elle n’aura plus son enfant avec elle quand elle s’entraînera, mais ils pourront ensuite par exemple passer deux jours ensemble sans penser à l’entraînement. Il faut s’adapter aux besoins de Barbora pour qu’elle s’entraîne bien tout en n’étant pas épuisée et de mauvaise humeur. »