Český Krumlov, l’autre perle de la Vltava
Český Krumlov est réputé pour être l’une des plus belles villes d’Europe centrale. Avec à peine plus de 14 000 habitants, cette localité de Bohême du Sud attire chaque année des voyageurs du monde entier. Il faut dire que le cadre de Český Krumlov a tout d’une carte postale. Bordé par un méandre de la Vltava, le centre historique de la ville se déploie autour d’une élégante place et est surplombé par un imposant château de style Renaissance. Les ruelles tortueuses de la bourgade ont un charme un brin désuet et invitent le visiteur à la flânerie. Après des travaux de restauration, la ville a été classée au patrimoine mondial de l’Unesco en 1992. Les édifices Renaissance et baroques ont retrouvé leur lustre d’antan et, abstraction faite du nombre de touristes, le temps semble avoir été suspendu dans cette petite ville de Bohême. Nous vous emmenons aujourd’hui à la découverte de ce lieu insolite…
« C’est une très jolie ville dans laquelle on ressent beaucoup l’héritage austro-hongrois de la culture tchèque. Cette ville nous fait beaucoup rêver puisque nous avons l’impression d’être dans un décor de cinéma. Cela nuit peut-être à la ville car c’est un haut lieu du « tourisme de masse » tchèque. Nous avons un peu l’impression d’être dans une Prague en modèle réduit. Malgré cela, nous avons quand même pu apprécier la beauté et la finesse de l’art austro-hongrois. C’est une très jolie ville malgré tout cet afflux de touristes américains et allemands venus de l’Autriche proche et de Prague. »
« Český Krumlov offre sans doute une image plus authentique de la République tchèque que Prague et nous permet ainsi de mieux comprendre l’âme de ce peuple, avec ce romantisme un peu suranné que nous découvrons dans beaucoup de romans. Nous ne pouvons en effet pas venir ici sans penser à des artistes tels que Joseph Roth ou Kafka. Je vous laisse imaginer la richesse culturelle de la ville. Je pense que c’est, avant tout, cela qui marque. A mon sens, c’est une étape nécessaire si l’on veut connaître ce qui constitue les fondements de la culture et de l’âme tchèques. »Une étape nécessaire car l’histoire de la ville est riche et son patrimoine extrêmement bien préservé. Quelque peu laissés à l’abandon pendant la période communiste, les superbes édifices de Český Krumlov ont par la suite subi d’importants travaux de restauration, et, depuis 1992, tout le centre historique est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Il semble que la configuration et l’allure de la ville n’aient guère changé depuis le XVIIIe siècle. Une promenade dans les ruelles tortueuses du centre plonge d’emblée le visiteur au cœur d’une autre époque.
Fondés au XIIe siècle, la ville et le château sont stratégiquement placés au bord de la Vltava, qui était à l’époque une voie de communication importante en Bohême. Appartenant d’abord à la maison Rosenberg, Český Krumlov est placé entre les mains de l’Empereur Rodolphe II à partir de 1602. Peuplée en grande majorité d’Allemands, la ville fera également partie de l’Empire d’Autriche puis de l’Empire austro-hongrois en 1867. Durant le XXe siècle, Český Krumlov sera en proie aux mêmes troubles politiques que dans le reste du territoire tchécoslovaque. Après la Seconde Guerre mondiale et l’expulsion des Allemands, la ville sera délaissée par les autorités politiques. Son patrimoine ne sera redécouvert qu’après la révolution de velours. Les principaux édifices de la ville ont été construits entre les XIVe et XVIIe siècles et relèvent des styles gothique, Renaissance et baroque. Les bâtiments de la petite place de la vieille ville forment un ensemble au charme pittoresque et constituent le cœur historique de la cité. A partir de là, un dédale de rues sinueuses et pavées mène le visiteur vers le château. Perchée sur un éperon rocheux et presque encerclée par la Vltava, la forteresse de Český Krumlov domine majestueusement la cité. Après avoir gravi une volée de marches, le visiteur peut enfin pénétrer dans l’enceinte du château. A l’origine de style gothique, le château a été transformé au XVIe siècle dans un style Renaissance. Différents circuits de visite permettent de découvrir cette imposante forteresse. Les cours et les jardins sont, quant à eux, en accès libre. Un détour par le château vaut la peine rien que pour le point de vue qu’il offre sur la ville et ses alentours. Malgré sa petite taille, à peine 14 000 âmes peuplent Český Krumlov, la bourgade présente, rien que par son cadre, un intérêt certain. L’été, il est également possible de descendre la Vltava en canoë-kayak depuis différentes villes situées en amont, une façon originale de découvrir les beautés de la région. Jean-Sébastien n’a, semble t’il, pas eu le temps de s’ennuyer lors de son escale dans la ville :« Nous avons vu le château qui est quand même très grand et qui est assez riche. Il bénéficie de certaines pièces uniques dans toute la République tchèque, notamment en ce qui concerne la fin du gothique, plutôt le gothique flamboyant proche de la Renaissance et le baroque rococo comme nous le connaissons en France, par exemple à Versailles. La ville en elle-même est vraiment intéressante. Nous sommes allés voir un centre d’art consacré à Egon Schiele. Malgré son nom, ce centre ne contient aucune œuvre unique et originelle d’Egon Schiele. Il permet cependant de promouvoir les nombreux artistes de la Bohême du Sud et offre finalement un tremplin, peut-être plus accessible que ceux de la capitale tchèque, pour les jeunes artistes modernes de cette région. Je pense sinon que ce qui est intéressant à faire, c’est tout simplement de flâner, de se promener, de prendre une bière dans quelques ‘hospoda’ de la ville pour admirer les reflets cristallins dans le méandre de la Vltava. Cela nous rappelle d’ailleurs cette symphonie de Smetana. »Český Krumlov, une ville dans laquelle il fait bon vivre et se promener au fil de l’eau. Au détour de chaque rue, c’est une page d’histoire qui s’est écrite et le visiteur se prend à rêver d’une époque révolue, où seigneurs et vassaux côtoyaient troubadours et autres « petites gens » du peuple. Une plongée dans le passé tchèque qui fait ressurgir, telle une madeleine de Proust, les grandes œuvres littéraires et artistiques de Bohême dans la mémoire du promeneur. Une belle façon de découvrir ou de redécouvrir les trésors de Bohême…