Cette poussière de New York qui vole à Prague...
Le 11 septembre... Qu'ajouter encore à cette date, alors que tout a été dit ? Une simple constatation, peut-être : la tragédie américaine a marqué la vie des habitants de toute la planète bleue. Les Tchèques ne font pas exception...
Un an après les crash du World Trade Center, les journaux et magazines tchèques fourmillent de photos de la catastrophe, d'analyses et commentaires, concernant le drame, de questions auxquelles on n'a toujours pas trouvé les réponses. Et aussi de témoignages frissonnants, de souvenirs émouvants...
agence a dû supprimer le voyage outre-Atlantique, faute de clients... "On prenait en photo une église sur la 5ème avenue", raconte-t-il. "Soudain, un Américain passe en courant à côté de nous, en criant : 'Laissez tomber l'église, un gratte-ciel a pris feu!" Pour Oldrich Cerny, les Etats-Unis restent l'un des plus beaux pays au monde. Dieu sait, si le guide y reviendra. Cette année, son "Le 11 septembre au matin, j'ai allumé la télé et je suis resté bouche bée", se souvient la vedette tchèque de la Ligue nord-américaine de hockey sur glace, Jaromir Jagr. "Pendant toute la journée, j'étais chez moi, dans ma chambre d'hôtel. Quelques jours après, les entraînements ont commencé, mais personne d'entre nous n'a pensé au hockey. Et le public était très peu nombreux..." "Le 11 septembre, j'étais chez un copain à Brooklyn", raconte Matej Dadak, comédien d'un théâtre pragois. "On voulait faire des courses au WTC. Mais la veille, on avait fait une soirée et on s'est réveillé trop tard. Heureusement..."
Les débris, les flammes, la panique... Plusieurs Tchèques suivent l'apocalypse de près, d'autres fixent le petit écran chez eux, à l'autre bout du monde. Deux immigrés tchèques ne survivront pas à l'enfer : Alena Sesinova, 57 ans, ingénieur, et Lukas Rambousek, 27 ans, agent financier, tous les deux travaillaient dans les bâtiments qui symbolisaient la force du capital mondial.
Prague est tellement loin de New York. Et pourtant, on y a senti, comme à Paris, à Sydney, ou à Helsinki, le goût amère des larmes, l'odeur du brûlé, la poussière étouffante. "Le 11 septembre, c'est mon anniversaire. L'année dernière, je ne l'ai pas fêté, pour la première fois de ma vie. Cette année, je ne le fêterai pas non plus", dit Jaroslav Tvrdik, ministre tchèque de la Défense nationale.
Le 11 septembre 2002, la République tchèque se souvient de la catastrophe. Elle la commémore à la cathédrale St.-Guy, au Château de Prague, elle joue et chante, comme les autres pays du monde, le Requiem de Mozart. Elle s'interroge à propos des origines de la violence, de la haine. Enfin, elle regarde vers l'avenir et cherche l'espoir. "Nous nous apercevons que la mondialisation n'est pas seulement un mot. Nous faisons tous partie d'un monde, nous vivons dans un seul endroit. Il n'y a pas où s'enfuir devant le mal. Faisons tout pour que le monde soit un endroit sûr pour les bons gens",écrit dans son article pour la presse, le Premier ministre tchèque, Vladimir Spidla. Et le Président Havel d'ajouter : "Que ce jour-là devienne un appel à la contemplation, à l'autoréflexion."