Devons-nous combattre auprès des Américains ?

Un soldat d'Irak, photo: CTK

Devons-nous combattre auprès des Américains en Irak ? C'est la question à « la une » actuellement en Tchéquie, tant au niveau officiel qu'individuel. Omar Mounir

Un soldat d'Irak,  photo: CTK
Outre le droit de survol du territoire tchèque par des avions américains engagés dans le conflit irakien, et le stationnement éventuel de troupes pour les mêmes raisons, Washington demande à Prague une participation des troupes tchèques à l'intervention militaire américaine au Proche Orient. La demande porte sur les 250 militaires de l'unités anti-chimique déjà engagée au Koweït, auxquels les Américains demandent à ce que soit ajoutée une cinquantaine d'experts dans la lutte contre les armes de destruction massive. Washington s'engage à couvrir toutes les dépenses. Le ministre de la Défense tchèque, Jaroslav Tvrdik, parle d'hôpital militaire qui ne serait prêt qu'au mois d'avril, puisqu'il vient de rentrer d'Afghanistan. Voilà pour la demande.

Quelle attitude est celle des officiels ? Quelles chances à cette demande d'aboutir d'autant qu'elle pourrait être de conséquences lourdes pour la Tchéquie ?

Le ministre des Affaires étrangères, Cyril Svoboda, a déclaré que Prague ne donnera pas un chèque en blanc aux USA. Se rangeant derrière la légalité internationale, il recommande au gouvernement de surseoir à toute décision, en attendant que l'ONU se prononce. C'est probablement la raison pour laquelle il n'y a pas de communiqué gouvernemental mais des déclarations éparses.

Pour Jaroslav Tvrdik, chef de la Défense, le doute n'est plus permis, Saddam Hussein détient des armes de destruction massive, et il y a lieu d'intervenir contre lui, sans même attendre le feu verts des Nations unies. Mais il argue d'une difficulté majeur : le nerf de la guerre. Il songe à l'émission d'un emprunt public, mais il ne pense pas que le projet puisse passer au Parlement.

A propos de parlement, les observateurs estiment, que si la participation de la Tchéquie au conflit irakien passerait au Sénat, faudrait-il d'abord que la demande y parvienne. Car il n'est pas dit, estime-t-on, que les députés la laisseraient passer. Si l'Union de la Liberté soutenait la demande américaine, les communistes lui diraient non. Quand aux sociaux-démocrates et aux députés de l'ODS, ils ne semblent avoir dégagé aucun consensus là-dessus, tandis qu'on appelle à des manifestations contre la guerre pour le 15 janvier.

Que pense le Tchèque moyen de la question ? Traditionnellement les Tchèques réprouvent le recours à la force, hormis une minorité. Et de fait, il ressort d'un sondage CVVM de fin novembre, que les Tchèques partisans de l'intervention en Irak ne sont que 28% alors que les opposants atteignent 58%. Seuls 14% sont indécis.

C'est le plus souvent que les opposants à la guerre se prévalent de la légalité internationale, de considérations morales ou de l'incertitude quant aux intentions réelles des Américains.

Auteur: Omar Mounir
lancer la lecture