Charcuterie française et consommateurs tchèques
Petit tour aujourd’hui du côté d’un événement spécial organisé par la mission économique Ubifrance à Prague et par la Fédération française des industries charcutières (FICT) pour présenter les produits français en République tchèque.
« Je suis Stéphanie Fuiret, chargée d’étude économique au sein de la FICT. Nous organisons en partenariat avec Ubifrance un séminaire afin de pouvoir aider nos entreprises à exporter. Nous organisons deux fois par an ce type de séminaire, essentiellement en Europe ; au mois de juin dernier nous étions à Vienne. Nous étudions au préalable un marché et envoyons à nos entreprises une étude de marché et les produits susceptibles d’être appréciés par les consommateurs locaux. Celles qui sont intéressées se joignent à nous. En général il faut une dizaine d’entreprises. »
Est-ce que le marché tchèque possède des particularités ?
« Apparemment oui, les consommateurs tchèques sont très sensibles au goût, et au prix bien évidemment. Mais je pense que les produits français peuvent correspondent à ce qu’ils recherchent. »Entre deux capitales pas très éloignées – Vienne et Prague – y a-t-il vraiment des différences entre les préférences des consommateurs ?
« A Vienne, pour le jambon de Bayonne, le consommateur l’apprécie en tranches très très fines, c’est vraiment une spécificité locale. A Prague, ils apprécient beaucoup le saucisson et le cervelas par exemple. »Vous êtes venus avec des producteurs de cervelas ?
« Oui, il y a ici la société Iller. » « Je m’appelle Alain Beck, je suis directeur commercial de l’entreprise Iller, une PME familiale basée en Alsace près de Strasbourg. C’est une entreprise qui emploie 250 personnes environ et qui fabrique 11 000 tonnes de produits alsaciens par an. On fait tout ce qui est salaison, fumaison, tous les produits d’accompagnement de la choucroute comme les Strasbourg, les Francfort, cervelas, viandes fumées, échines, palettes, etc. et puis aussi la tarte flambée, la flammekueche... »Pensez-vous que vos produits ont une chance de plaire aux consommateurs tchèques ?
« Oui, dans la mesure où le consommateur tchèque est un gros consommateur de produits de porc, qui représentent 95% de notre production. Avec des goûts différents de ce qui se consomme en Tchéquie on s’est dit qu’on pourrait essayer de cibler ce marché pour vendre quelques unes de nos spécialités. On apporte des choses un peu différentes du terroir alsacien. On est là pour chercher des contacts, surtout dans les supermarchés mais aussi chez les restaurateurs. Mais notre cible reste quand même les hyper et supermarchés, parce que la plupart de nos produits sont emballés et ont trois à quatre semaines de durée de vie. On exporte déjà, en Allemagne, en Belgique, au Luxembourg, un petit peu en Hongrie... Pourquoi pas en Tchéquie, ça fait partie de nos pays-cibles. »« Je suis Pierre-Emmanuel Brotelande, je représente le consortium du Jambon de Bayonne, l’un des produits-phare du Sud-Ouest, que l’on souhaite faire découvrir aux Tchèques. Pour l’instant on a reçu un très bon accueil. Ce produit n’est pas encore connu ici, on exporte beaucoup en Belgique, en Allemagne, un peu au Japon et très prochainement en Corée du Sud. On est confiant, on est venu avec un producteur local et on espère qu’il y aura des suites. »Un événement comme ça, c’est un risque pour vous ?« C’est un peu un pari, on était cet été en Autriche, où ce sera un peu plus difficile car ils ont une habitude de consommation des jambons italiens. Il faut là-bas un gros effort de communication pour faire savoir qu’il n’y a pas que le jambon de Parme mais aussi celui de Bayonne... »
Est-ce qu’il faut faire un effort ici au niveau du prix, puisque le pouvoir d’achat n’est pas le même qu’en France ou en Autriche ?
« Oui, effectivement, on va voir ce qu’on peut faire, sans non plus brader notre produit parce que c’est clair que le jambon de Bayonne fait partie des produits haut-de-gamme, qu’on va acheter pour une certaine occasion. On a eu un point hier lors d’une réunion à la mission économique. On va voir ce qu’on peut faire... »