Cinéma: Mona Achache parle de son hérisson
Parmi les films français présentés à la 45e édition du Festival du film de Karlovy Vary, Le hérisson, de Mona Achache, adapté du best-seller L’élégance du hérisson écrit par Muriel Barbery. Le film raconte l’histoire d'une rencontre improbable : celle d’une petite fille de 11 ans, redoutablement intelligente et suicidaire, d’une, concierge parisienne solitaire, et d’un mystérieux japonais. Dans le rôle titre de la concierge, la comédienne Josiane Balasko. Au micro de Radio Prague, la réalisatrice Mona Achache qui lui a expliqué comment elle avait découvert l'histoire:
C’est quoi ou c’est qui ce hérisson ?
« Ce qui m’a touché dans cette histoire c’est qu’on est un peu tous des hérissons dans la vie. On a tous cette part de ce qu’on veut bien montrer aux autres et ce qu’on garde pour soi, soit par pudeur, soit par timidité, soit parce qu’on est trop victimes des préjugés, des apparences. Le principal hérisson du film reste cette concierge qui se dissimule dans sa bibliothèque pour cacher son érudition aux autres habitants de l’immeuble. »Cette concierge est jouée par Josiane Balasko, c’était inespéré pour vous qu’elle accepte le rôle ?
« Il y a eu plein de choses inespérées sur ce film. C’était inespéré de travailler sur l’adaptation d’un roman qui a eu tant de succès parce que ça m’a permis de faire le film dans des conditions qu’il n’aurait jamais eues autrement. De la même manière qu’après avoir lu le livre et appris qu’il y avait d’autres réalisateurs intéressés, j’avais cette espèce d’évidence que cette histoire, je voulais en faire quelque chose, et que Josiane Balasko était la comédienne évidente pour le rôle. J’aurais été évidemment très triste qu’elle refuse. Quand elle a dit oui, ça ne m’a donc pas impressionné, car c’était vraiment la comédienne que je voulais pour ce rôle. Elle est magnifique dans ce rôle. J’ai un regard critique sur le film, mais s’il y a une chose dont je suis heureuse, c’est de son travail à elle. Mais évidemment, ça a été une grande chance ! »Vous avez choisi de situer l’histoire dans un immeuble Art nouveau. C’est frappant car en République tchèque notamment, il y a énormément de bâtiments Art nouveau. Pourquoi ce choix ?
« Ca fait partie du processus d’adaptation. Il y avait une manière plus radicale et réaliste de parler d’une concierge, de la lutte des classes, d’une petite fille suicidaire. Il se dégage dans le livre quelque chose de très poétique, très onirique, qui lui donne l’aspect d’un conte de fée moderne. Je suis une grande amoureuse de l’Art nouveau. Je me suis dit que c’était une chance inouïe de travailler sur des décors Art nouveau car il y a une dimension dans cette architecture très atemporelle, très végétale, très organique. Pour moi cet immeuble avait une grande importance, comme un quatrième personnage. Il fallait vraiment qu’il raconte aussi quelque chose de l’atmosphère du film. On est dans un réalisme mais pas totalement non plus. C’est aussi quelque chose que je voulais : qu’on ait l’impression du présent, mais pas entièrement. Il y a eu tout un tri dans les objets : il n’y a pas de téléphone portable, pas d’ordinateur... C’est un peu comme s’ils étaient enfermés dans l’immeuble. En fait on s’est servi d’une façade d’immeuble à Paris et tout l’intérieur a été réinventé en studio. »