Confusion et incertitude sur la scène politique tchèque

Jan Kohout, photo: CTK
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C'est à ne plus rien y comprendre. Si vous nous suivez régulièrement sur Radio Prague, vous savez déjà que le pays traverse une grave crise politique depuis des semaines. Après de multiples rebondissements, nous vous annoncions qu'un accord avait enfin été trouvé dans la nuit de mercredi à jeudi entre les principaux acteurs pour y mettre un terme. Mais quelques heures plus tard, cet accord était déjà mort et enterré. Où en est-on en cette fin de semaine ?

Jan Kohout,  photo: CTK
« Je vais rentrer à Bruxelles, où je vais remplir mes obligations d'ambassadeur » : c'est ce qu'a déclaré, plus que déçu, Jan Kohout, l'homme qui aurait pu devenir Premier ministre d'un gouvernement sur lequel s'étaient mis d'accord les trois formations de la coalition au pouvoir depuis les dernières législatives de 2002.

Aujourd'hui, il conviendrait mieux de parler de « l'ancienne coalition », tant la volte-face des sociaux-démocrates (CSSD) semble avoir définitivement sonné le glas de la majorité parlementaire dont ils disposaient avant la crise avec les chrétiens-démocrates (KDU-CSL) et les unionistes (US-DEU).

Contre toute attente, les sociaux-démocrates ont en effet refusé d'entériner l'accord qu'avaient pourtant négocié leurs propres dirigeants, dont le Premier ministre Stanislav Gross, et qui aurait permis - au moins provisoirement - de sortir de l'interminable crise dans laquelle est plongé le gouvernement. La principale raison de ce refus serait le trop grand nombre de concessions faites aux chrétiens-démocrates de Miroslav Kalousek, qui s'étaient prononcés contre le gouvernement la semaine dernière, lors du vote d'une motion de censure. Nouveau paradoxe donc, sur une scène politique qui frise l'absurdité ces derniers temps : le Premier ministre négocie un accord que le parti qu'il préside rejette...

Le Premier ministre Stanislav Gross,  photo: CTK
Dès l'annonce de cette décision, les ministres unionistes de la Justice et de la Défense ont remis leur démission, ce qui porte déjà à sept le nombre de ministres démissionnaires.

A la veille du week-end, les commentaires de la presse nationale ne sont qu'un reflet de la confusion et de l'incertitude qui règnent à Prague, une longue suite de questions et d'hypothétiques scenarios de sortie de crise. Le journal économique Hospodarske noviny reprend les termes de la Constitution et explique que le gouvernement ne peut tomber qu'à la suite d'une nouvelle motion de censure, soutenue cette fois-ci par les communistes, ou bien en cas de démission de Stanislav Gross, ou encore en cas de démission d'au moins dix ministres de son gouvernement.

« Soit un gouvernement minoritaire, soit des élections anticipées » envisageait en une le quotidien Pravo daté de ce vendredi. Le même jour pourtant, le président de la République a exclu de nommer un gouvernement qui ne s'appuierait pas sur une majorité à la Chambre basse. Vaclav Klaus ne voit que deux issues possibles à cette crise : un accord - entre ceux qui n'arrivent plus à s'entendre - ou des élections anticipées, qui seraient selon les sondages largement remportées par le Parti civique-démocrate (ODS), un parti dont il reste le Président d'honneur et qui réclame l'organisation de ces élections dès l'automne prochain.