Congrès du PSE à Prague: "reformuler notre socialisme"

Photo: CTK

Le huitième congrès du Parti socialiste européen (PSE) se tient lundi et mardi dans la capitale tchèque. Le PSE rassemble les partis socialistes, sociaux-démocrates et travaillistes de l'Union européenne. A la veille de ce congrès Radio Prague a posé quelques questions à Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire du Parti Socialiste français chargé des affaires internationales et européennes et venu à Prague avec Martine Aubry, la première secrétaire du PS.

« Un congrès du PSE, c’est la réunion de tous les partis socio-démocrates en Europe, qui discutent de leur orientation commune et de ce qu’ils veulent faire pour l’Europe. »

Quels sont les principaux points au programme de ce huitième congrès ?

Photo: CTK
« Il y aura plusieurs points à l’ordre du jour. D’abord la nécessité de discuter sur les raisons de notre échec, car nous avons connu un échec historique dans l’ensemble de l’Europe. La grande vague rose des années 1980 a laissé la place à une grande vague bleue, dans une situation économique qui normalement devrait plutôt permettre à la gauche de l’emporter. Donc il faut quand même s’interroger sur le fait que notre défaite n’est pas conjoncturelle mais structurelle : la social-démocratie, les partis socialistes sont concurrencés aujourd’hui par les verts et d’autres formations politiques. Et puis il faut aussi discuter de la crise économique à laquelle nous faisons face en Europe. Enfin, essayer de réfléchir à la manière dont nous allons reformuler notre socialisme et essayer de voir comment nous allons nous structurer par rapport aux prochaines élections européennes en 2014. »

Les formations réunies au sein du PSE sont bien différentes. Sur les thèmes importants comme les solutions à la crise voyez-vous surtout des divergences ou d’abord des points de convergence ?

« Dans le PSE il y avait une fracture très importante entre les tenants disons du social-libéralisme, de la troisième voie, du nouveau centre et puis ceux comme le PS français par exemple, avec les Grecs, les Suédois ou encore les Danois qui défendaient l’idée d’un socialisme plus étatique. Mais avec la crise que nous avons connue évidemment on ne peut plus être social-libéral comme auparavant. Quand on est Gordon Brown et qu’on nationalise les banques pour faire face à la crise, ce n’est plus tout à fait le tout-marché qui doit s’imposer et l’Etat qui doit reculer là où le marché ne va pas. Donc quelque part on est dans un moment historique qui permet aux socialistes de reformuler leur pensée. Certes il faut un marché mais en même temps il faut un Etat-stratège. La question de l’intérêt général est une question qui doit être posée et que le marché ne pose pas spontanément. On le voit notamment par rapport à la question écologique.
Photo illustrative: Commission européenne
Il y a toute une série de questions qui doivent nous permettre de nous rapprocher les uns des autres. Des questions géopolitiques aussi. Aujourd’hui Barack Obama et les Etats-Unis s’occupent moins de la jeune Europe contre la vieille Europe, ils sont plus occupés à reconstruire leur propre pays. Donc on a un moment assez particulier qui peut permettre une reformulation de notre socialisme.

Robert Fico,  photo: CTK
Pour parler de l’Europe centrale, un des points de ce congrès concerne le parti social-démocrate du premier ministre slovaque Robert Fico, qui avait été exclu provisoirement à cause de son alliance avec l’extrême-droite. Il est question aujourd’hui de le réintéger mais cela ne fait pas l’unanimité parmi les différentes formations.

« Il n’y aura pas de débat en tant que tel, on ne veut pas en faire le centre du débat, il y aura un vote. Pour ce qui est du PS français, nous avons constaté que la politique menée était peut-être même plus à gauche que certaines politiques menées par d’autres partis socio-démocrates mais que les formulations et les phrases que nous avons entendues sont proprement insupportables. On ne peut pas le supporter parce que le socialisme ce n’est pas simplement de l’économie et de la redistribution sociale, c’est aussi une éthique de comportement entre les peuples et on ne peut pas accepter un certain nombre de formulations entendues ici ou là. Donc le PS français votera contre. »

Le PSE doit également élire ou réélire son président. Qui sont les favoris ?

Poul Rasmussen,  photo: CTK
« Je crois que Poul Rasmussen a fait du bon boulot, dans une conjoncture très difficile. On ne peut pas dire que ce soit lui qui porte la responsabilité de défaites qui sont plus des défaites nationales que des défaites européennes, puisque précisément on a eu du mal à avoir un candidat commun contre Barroso. Donc Rasmussen doit pouvoir continuer son travail, je ne connais pas d’autre candidat à l’heure actuelle. »