Constitution européenne - Claudie Haigneré à Prague : "la partie n'est pas gagnée"

Claudie Haigneré et Cyril Svoboda (Photo : CTK)
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Claudie Haigneré, ministre chargée des Affaires européennes pour le gouvernement français, était à Prague ce lundi pour une conférence sur la Constitution européenne. Avant cette conférence, Claudie Haigneré s'est entretenue avec plusieurs membres du gouvernement tchèque, dont le chef de la diplomatie, Cyril Svoboda.

Claudie Haigneré et Cyril Svoboda  (Photo : CTK)
Après ces entretiens, Radio Prague a demandé à la ministre française si elle avait ressenti certaines craintes concernant la ratification de la Constitution européenne chez ses interlocuteurs tchèques.

« Nous avons bien sûr discuté de la ratification du Traité constitutionnel, aussi bien en France qu'en République tchèque, en sachant que la partie n'est pas gagnée. Les interlocuteurs que j'ai eus en face moi aujourd'hui sont tous convaincus de la nécessité de franchir une étape supplémentaire pour doter l'UE de meilleures règles de fonctionnement, de lui donner de meilleures capacités de décider, de parler avec ses citoyens pour construire. Il faut beaucoup de pédagogie, d'information. Il faut mobiliser, parce qu'il y a parfois un désintérêt par rapport au projet européen.

Jiri Dienstbier et Claudie Haigneré  (Photo : CTK)
Nous sommes tous engagés ; c'est vrai qu'en République tchèque c'est sans doute différent de l'opinion publique française. Vous venez de rejoindre l'UE, peut-être pas encore depuis suffisamment de temps pour en constater les bénéfices par rapport au projet à construire. En France, on s'est un peu endormi sur les bénéfices de l'UE, et il faut arriver à convaincre de la nécessité d'un pas complémentaire. On a tous une responsabilité, chacun des Etats membres, par rapport à l'Europe, pour son fonctionnement. Et puis je crois que chacun des Etats aura plus de poids s'il est au sein d'une UE qui fonctionne bien, que ce soit la France - sa possibilité de parler - ou la République tchèque - sa possibilité de jouer un rôle et d'avoir du poids. Donc j'espère que l'on aura la capacité de conviction pour convaincre nos citoyens respectifs. »

L'une des différences importantes réside dans le fait qu'ici le principal parti de l'opposition, au plus haut dans les sondages, est contre la ratification, ce qui n'est pas le cas de la France puisque les principaux partis sont favorables à cette ratification. Est-ce que la République tchèque est perçue comme un pays à risque ?

Claudie Haigneré et Michal Fulier  (Photo : CTK)
« Je crois qu'on peut effectivement dire que si chez certains de nos partenaires on n'a pas de doutes sur le résultat, il y a certains partenaires de l'UE sur lesquels on n'est pas sûr du résultat. Et c'est vrai que nous sommes très attentifs à l'évolution de la position en République tchèque, comme nous le sommes pour le Royaume-Uni, comme nous le sommes pour la France elle-même avec cette nécessité de s'engager pour expliquer, faire avancer la compréhension des enjeux européens. Des eurosceptiques, il y en a partout, dans tous les Etats membres, en France aussi bien sûr. Certains, nous ne les convaincrons pas parce qu'ils n'ont jamais adhéré à l'idée européenne. Ceux qui se posent des questions, ceux qui ne sont pas mobilisés, c'est ceux-là sur lesquels nous devons faire ce travail d'explication, mais aussi bien en France qu'en République tchèque. Je crois que nous sommes solidaires pour ça, et c'est l'idée avec laquelle je travaille, avec laquelle le gouvernement travaille. Et nous nous refusons à envisager des exclusions, je crois que ce n'est pas ça du tout le projet européen ; c'est de faire en sorte que la dynamique soit positive pour tout le monde. »

Mais ici, le gouvernement doit travailler également contre la Présidence de la République.

« Le référendum, ce sera l'expression des citoyens, c'est l'expression des citoyens français, des citoyens tchèques. Donc il faut ce travail de pédagogie, d'explication. Ce n'est pas une décision politicienne, c'est une décision pour des enjeux européens, je crois que c'est ça qu'il faut qu'on arrive à expliquer à nos citoyens. »

Le fait que la République tchèque soit un « pays à risque » concernant cette Constitution a-t-il été déterminant dans le choix de votre visite à Prague ?

« C'est vrai qu'avec la République tchèque nous souhaitons renforcer ces liens, pouvoir aller plus loin dans cette longue tradition de coopération, d'amitié. Vous savez que votre Premier ministre va venir en France dans quelques semaines, que d'ici quelques années nous allons avoir cette présidence commune de l'UE. Ce sont des enjeux majeurs pour lesquels il faut continuer à travailler, mieux se connaître, et mieux partager ces enjeux. »