Présidences de l’UE, ouverture du marché du travail français, Année économique : France et Tchéquie main dans la main pendant un an
Après la Slovénie et avant la République tchèque, le 1er janvier prochain, la France a pris, mardi, pour six mois la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Un relais qui s’effectue dans un climat délicat alors que la ratification du Traité de Lisbonne pose problème dans certains pays, dont la République tchèque. Mais ce 1er juillet marque aussi l’ouverture du marché du travail français aux pays qui ont rejoint l’UE en mai 2004, ainsi que le début de l’Année économique tchéco-française.
Cette guéguerre des mots ne gâche cependant pas la satisfaction tchèque de voir la France enfin supprimer les dernières restrictions administratives à la libre circulation des travailleurs de huit pays dits « nouveaux », à savoir qui ont intégré l’UE en mai 2004. La décision de Paris entre symboliquement en application le jour du début de la présidence française. Et même si les Tchèques ne s’apprêtent pas, loin s’en faut, à envahir un marché du travail français qu’ils considèrent généralement comme très difficile d’accès, ils estiment néanmoins qu’il s’agit là d’une mesure qui pourrait les aider à les faire sortir de leur statut d’« Européens de seconde zone ». Un sentiment de se trouver à la périphérie d’une Europe à plusieurs vitesses dont les Tchèques souffrent parfois et qui pourrait donc progressivement disparaître, comme l’a reconnu le ministre de l’Industrie et du Commerce, Martin Říman :
« Le fait que les pays membres de l’UE possèdent les mêmes droits et les mêmes obligations a surtout un effet psychologique. Pour nous, c’est très important parce que les quatre libertés fondamentales sur lesquelles repose la communauté européenne sont la liberté de circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux. C’est un avantage essentiel que désirait la République tchèque qui veut être membre à part entière de l’UE. »Dans les faits, seules quelques centaines de Tchèques pourraient aller travailler en France. Les raisons de ce désintérêt sont la méconnaissance du français, la faible pratique par les Français des langues étrangères et un taux de chômage relativement élevé, contrairement au marché tchèque qui manque, lui, de main-d’œuvre qualifiée. Selon le ministère du Travail et des Affaires sociales, la France ne figure ainsi qu’en 17e position au classement du nombre de Tchèques travaillant dans les pays de l’UE. Quant aux autorités françaises, elles ont indiqué n’avoir délivré que 114 permis de séjour à des Tchèques pour raisons professionnelles en 2007.
Si la circulation des personnes dans le sens République tchèque – France est donc très réduite, les échanges commerciaux sont plus reluisants. A l’occasion, mardi, du lancement de l’Année économique tchéco-française, le ministre tchèque de l’Industrie et du Commerce a souligné que si la France n’était que le quatorzième partenaire commercial de la République tchèque en 1989, elle occupait la quatrième place en 2006 et 2007. Un classement qui est aussi celui de la France en tant qu’investisseur en République tchèque. Enfin, le volume des exportations tchèques en France a été multiplié par dix-neuf entre 1993 et 2007 et par neuf dans le sens inverse. Mais comme n’a toutefois pas non plus manqué de le souligner Martin Říman, « il y a encore de la place pour faire mieux ». Ce sera donc l’objectif de cette Année économique tchéco-française qui s’achèvera en même temps que la présidence tchèque de l’UE le 1er juillet 2009.