Coronavirus : de nouveau à l’arrêt, le sport tchèque est au bord du gouffre

Photo illustrative: congerdesign/Pixabay, CC0

En République tchèque, l’avenir d’un grand nombre de clubs de sport est plus que jamais menacé par la crise du coronavirus. Décidée par le ministère de la Santé, la nouvelle interruption de toutes les compétitions, y compris professionnelles, pourrait porter un coup fatal à une activité économique à part entière particulièrement fragile.

Photo: Site officiel de la Reprezentace tchèque du football

Ce mercredi soir l’équipe de République tchèque de football défie l’Ecosse à Glasgow, dans un stade qui une nouvelle fois sonnera désespérément creux. Sur un plan purement sportif, l’enjeu de ce match sera la première place du groupe 2 en Ligue B des nations. Mais dans le contexte actuel, avec encore plus de 8 000 nouveaux cas de contamination au Covid-19 enregistrés en l’espace de vingt-quatre heures mardi en République tchèque, le véritable intérêt de cette rencontre repose aussi ailleurs. Pour les amateurs de sport tchèque, il s’agit peut-être bien là de l’une des dernières occasions de passer encore un peu de bon temps.

En mai dernier, après la Bundesliga allemande et au bout d’un peu plus de deux mois ­d’interruption, la Fortuna Liga avait été un des premiers championnats à redémarrer en Europe. Une reprise précoce qui avait été possible parce que la République tchèque avait été relativement épargnée par le virus. Moins de cinq mois plus tard, alors que la deuxième vague annoncée tout au long de l’été est devenue réalité, le championnat tchèque est le premier à s’arrêter. Aucun match ne sera disputé ce week-end, pas plus que les deux prochains.

Suite aux mesures annoncées en fin de semaine dernière pour endiguer la propagation du virus, toutes les compétitions sportives en République tchèque, y compris donc professionnelles, sont désormais interdites. Pour l’heure seulement le temps de deux semaines, comme pour l’essentiel des autres restrictions, mais si la situation sanitaire ne s’améliore pas d’ici-là, il est possible que cette interdiction soit prolongée.

Alors que de multiples précautions souvent très onéreuses ont été prises en début de saison, notamment en multipliant les tests de dépistage ou en isolant les joueurs, c’est peu de dire que cette nouvelle suspension des compétitions constitue pour beaucoup de dirigeants une pilule particulièrement difficile à avaler. Dans un pays où les montants des droits télévisés sont sans aucune mesure possible avec ceux versés ailleurs en Europe, boucler le budget d’une saison relève bien souvent du numéro d’équilibriste pour une grande majorité de clubs.

Qu’il s’agisse du football ou du hockey, les deux principales ligues professionnelles en République tchèque, et plus généralement de tous les autres sports, les principales ressources financières pour les clubs proviennent du bon vouloir des sponsors, des subventions publiques et des diverses recettes réalisées dans les stades ou dans les salles les jours de match. En l’absence de public et de compétitions, et donc de visibilité pour les sponsors, le calcul du manque à gagner et des pertes est vite fait…

Dušan Svoboda,  photo: ČT

Propriétés du milliardaire Daniel Křetinský et d’un groupe d’investissement chinois, les deux grands clubs pragois de football du Sparta et du Slavia sont sans doute les deux seuls clubs moins menacés que les autres. Car pour le reste, comme le confirme Dušan Svoboda, le président de la Ligue professionnelle de football, toutes les restrictions actuelles menacent la poursuite d’une activité économique souvent considérée à tort comme différente des autres :

« Cette décision a d’abord des incidences sportives parce que la préparation des équipes et des joueurs n’est pas optimale. Mais on ne peut bien sûr pas non plus laisser de côté l’aspect économique. Certes, les matchs qui ne pourront pas être disputés cet automne peuvent être reportés à cet hiver en mordant sur la trêve. Mais nous sommes dans un pays où nous devons tenir compte des conditions climatiques. Jouer en hiver, cela signifie chauffer les pelouses. Même si les stades des clubs de l’élite sont équipés d’un système de chauffage, cela représente un coût important. Les gens peuvent penser qu’un décalage de trois à quatre semaines n’est pas grave. Mais ils se trompent gravement. Cela peut vite devenir un problème irrésoluble, voire même fatal. »

Ce mercredi, dans le cadre du programme appelé « Covid sport », le gouvernement a approuvé le versement d’une subvention de 500 millions de couronnes (18,5 millions d’euros) aux clubs et aux organisateurs de manifestations sportives. Les clubs de dix compétitions professionnelles auront accès à cet argent qui doit les aider à faire face à la situation d’ici à la fin de l’année en cours.

Par ailleurs, alors que les entraînements dans les lieux clos sont interdits depuis lundi et que six personnes au maximum sont autorisées à s’entraîner en même temps en plein air, l’incertitude continue de planer quant à la bonne tenue des rencontres comptant pour la Ligue Europa de football le jeudi 22 octobre à Prague entre le Sparta et Lille et à Liberec entre le Slovan et les Belges de La Gantoise.