Corruption : tout le championnat tchèque de football est-il truqué ?
Selon une information de source policière rapportée dans son édition de vendredi par le quotidien Mlada fronta Dnes, quatorze des seize clubs de football du championnat tchèque de première division seraient impliqués dans des affaires de corruption. D'ores et déjà, cinq arbitres sont accusés d'avoir perçu des dessous de table de l'ex-directeur sportif du FC Synot, club cinquième au classement de la Ligue Gambrinus, dans ce qui constitue l'un des plus graves scandales de l'histoire du football en Tchéquie.
Depuis cette première affaire, la police, toujours sur la base d'écoutes, a accusé de corruption quatre autres arbitres. 120 000 couronnes : tel était, cette fois-ci, le montant de la proposition faite par le même Jaroslav Hastik à Vaclav Zejda, désigné pour diriger le match Chmel Blsany - FC Synot en novembre 2003. Après avoir accepté, Vaclav Zejda a informé l'un de ses assistants, Bohuslav Kratky, et le quatrième arbitre de la rencontre, Josef Dvoracek, de l'accord conclu. Le FC Synot a remporté la rencontre (3-1). Dix jours plus tard, la police enregistrait une bande vidéo sur laquelle Jaroslav Hastik remettait la somme convenue à Vaclav Zejda. Mais l'affaire ne s'arrêtait pas là. Le même jour, Vaclav Zejda appelait un autre arbitre de première division, Jaromir Hlavac, jusque-là étranger à tout arrangement, pour lui demander de distribuer la moitié de la somme reçue, soit 60 000 couronnes, à Bohuslav Kratky et Josef Dvoracek. Jaroslav Hlavac accepte. Il donne donc, comme convenu, 30 000 couronnes à Bohuslav Kratky, ainsi qu'à Josef Dvoracek, à charge pour ce dernier de garder 10 000 couronnes et de remettre les 20 000 restantes au délégué du match. A noter qu'au cours de ce match, seule la deuxième arbitre-assistante, Dagmar Damkova, qui est également la seule femme à officier en première division, n'a donc reçu aucun dessous de table.
Désormais, la police tchèque laisse entendre que seuls deux des seize clubs de première division peuvent avoir la conscience tranquille. D'ici à deux mois, elle entend rendre publique une liste de coupables qui en fait déjà trembler plus d'un parmi les plus hautes instances du football tchèque. « Si tout cela s'avère vrai, je ne veux même pas imaginer ce qui se passerait. Mais ça aurait des conséquences tragiques pour le football », a admis Milan Brabec, le vice-président d'une fédération qui, de tout temps, a préféré adopter la politique de l'autruche face à des pratiques mafieuses qui n'ont jamais relevé que du secret de Polichinelle.