Cotisations patronales : aller au-delà du classement du cabinet de conseil Deloitte

Photo: Archives de Radio Prague

Le cabinet de conseil Deloitte a publié à la fin du mois de février un classement des pays en fonction du montant des cotisations patronales. Selon ce classement, les employeurs en République tchèque seraient soumis à des coûts sociaux des plus élevés au monde. Si nous excluons les pays tels que la Chine ou la Russie, seuls la France, la Belgique et la Slovaquie devanceraient la République tchèque, qui se partage la quatrième position avec l’Estonie. Mais un regard plus approfondi sur les chiffres présentés par Deloitte laisse penser que cela n’est pas exactement le cas.

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Le titre du communiqué de presse, qui a été repris par la majorité des médias tchèques, mérite déjà d’être remarqué : « Les cotisations patronales en République tchèque sont parmi les plus élevées au monde ». A ce propos, il faut noter que dans la conception de ce classement, le monde est composé de trente-six pays comprenant surtout les pays de l’Union européenne, mais également la Chine, la Russie et les Etats-Unis. Aucun pays d’Amérique du Sud, d’Afrique ni par exemple de la région d’Asie centrale n’est représenté.

Selon la déclaration du porte-parole de la société Deloitte, l’étendue géographique de leurs études change en fonction de la commande spécifique, ici il s’agirait des Etats avec lesquels, la République tchèque a des liens commerciaux importants. Si tel est le cas, on remarque l’absence du Japon ou de la Corée du Sud, d’où provenaient au total 4% de nos importations, tandis que la présence de la Malaisie peut surprendre car il n’est que le 30e partenaire commercial tchèque du point de vue de chiffre d’affaires.

De plus, dans ce cas précis, les lecteurs curieux doivent se contenter d’un communiqué de presse de trois pages car l’intégralité de l’étude « La sécurité sociale à travers le monde » (Social Security in the World, 2013) n’est pas disponible.

Contrairement à ce qui est énoncé dans le titre mais selon une des conclusions du rapport, le montant des cotisations patronales en République tchèque se trouve dans la moyenne européenne en ce qui concerne le salaire moyen. C’est pour les salaires qui se situent au-dessus des 50 000 couronnes (1850 euros) par mois que les employeurs dépensent le plus par rapport à la majorité des pays de l’UE (et du monde selon Deloitte). Le coût total d’un tel salarié est donc de 67 000 couronnes (2480 euros).

Mais l’économiste Jiří Šteg souligne que le salaire moyen tchèque est de 25 000 couronnes (925 euros) et non pas de 50 000 couronnes utilisés dans le calcul du rapport Deloitte. Ainsi, les dépenses de l’employeur pour ce salarié au revenu moyen s’élèvent à 33 500 couronnes (1240 euros). Cette somme, Jiří Šteg propose de la comparer à des chiffres analogues de la Grande Bretagne, situés bien plus bas dans le classement avec ses 13,8% des cotisations patronales. Mais le salaire moyen britannique est de 2 990 livres sterling (3 600 euros) à quoi s’ajoutent les cotisations d’un montant d’environ 325 livres (392 euros). Au total, l’employeur anglais doit compter avec des dépenses environ trois fois plus élevées à l’égard de ses salariés. Jiří Šteg conclut que la République tchèque dispose donc d’une main-d’œuvre relativement bon marché et il met en garde contre la lecture simpliste des chiffres relatifs au montant des cotisations patronales.