Courrier des auditeurs

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Cette semaine, le Courrier des auditeurs commence à Rennes, « capitale régionale de la Bretagne mais aussi d’activités universitaires » lit-on au verso d’une jolie carte postale signée Jacques Augustin. « C’est dans ce cadre que se situe le très célèbre Jardin du Thabor – deuxième de France – d’où j’ai le plaisir de vous adresser, à toutes et tous de Radio Prague, mon meilleur souvenir. »

Passons ensuite à un message destiné à Nathalie Frank qui collabore au Tchèque du bout de la langue – magazine que vous venez d’entendre et dont la cote de popularité auprès de vous, nos auditeurs, est très élevée… et on s’en réjouit ! Stanislav Kubacek (ou Kubáček ? Il faudrait que vous nous précisiez de quelle manière vous prononcez votre nom de famille… mais puisque nous parlons de la rubrique des tchécophiles de Radio Prague, je le prononce, si vous le permettez, « à la tchèque »). Donc M. Kubáček, vous nous parlez de l’émission diffusée début février et où Nathalie Frank vous expliquait (avec humour et inventivité, je trouve), le sens du mot tchèque « trapný », difficilement traduisible, voire intraduisible, selon Nathalie, en français. On pourrait le rapprocher de « honteux », « embarrassant » ou « gênant », mais son sens est plus nuancé... Finalement, Nathalie propose de révolutionner le français, je cite :

« Améliorons la langue française, empruntons « trapný » aux Tchèques ! Il est suggéré de franciser l’adjectif, afin de le rendre plus prononçable pour tous. La proposition la plus satisfaisante est simple et efficace : « trap’ ». Bientôt, on s’étonnera de l’origine tchèque d’expressions populaires comme : « j’ai passé une soirée si trap’ »… ou encore « il est sympa, mais un peu trap’ ». Ceci se décline évidemment en « trapitude », « trapophilie »… bref, avis aux inventifs ! » Et alors, un de ces inventifs, Stanislav Kubáček, n’a pas hésité à réagir :

« Je vis depuis quelques années entre Paris, Prague et Londres. Et donc j'importe naturellement des mots étrangers dans mon vocabulaire tchèque. En sens inverse, je n'y ai pas encore pensé. Je commencerai avec "trapný" ou "trap" en français et en anglais, selon votre recommandation. Mme Frank, y en a-t-il d'autres que l’on peut utliser ? »

Votre message est transmis, M. Kubáček, vous n’avez qu’à écouter ou à lire sur notre site www.radio.cz, attentivement, Le Tchèque du bout de la langue.

Václav Richter parlait récemment, dans Faits et événements en République tchèque, de la construction d’un barrage anti-inondation, au nord-est du pays, dans la région de Krnov. Ce projet qui vient d’être avalisé par le gouvernement a suscité des réactions houleuses dans le village de Nové Heřminovy, qui devrait être partiellement inondé lors de la construction du lac… Philippe Marsan a écrit, à ce sujet :

„Connaissez-vous l’histoire du site de Medrano, province de l’Aragon, en Espagne ? Un village fut englouti par les eaux suite à la construction d’un barrage hydroélectrique. La doyenne du village était montée au sommet du clocher de l’église pratiquement immergée, ne voulant pas quitter son village. Les ouvriers de la compagnie d’électricité sont allés la chercher avec une barque lui indiquant que si elle ne quittait pas son clocher, elle serait aussi engloutie. La vieille damme dut finalement s’y résigner… Tous les ans, au mois d’août, on vide le lac et les touristes peuvent aller visiter ce village ‚englouti‘ et rempli de vase et de boue, triste cette petite église qui semble témoigner ainsi de ‚la folie‘ des hommes !!!“

Intéressante cette histoire que vous nous avez conté, M. Marsan, et que, pour ma part, je ne connaissais pas. Je comprends tout à fait l’angoisse des gens dans des situations pareilles, étant, moi-même, originaire d’une très belle ville historique, nommée Most, presque entièrement détruite dans les années 1960-1970, à cause de l’extraction du charbon.

On continue avec le courriel de Philippe Marsan, daté du 21 avril :

« Ce matin, c'est avec une grande émotion que j'ai visionné le film en DVD de Patrick Rotman : "68". De nombreux documents cinématographiques et télévisuels de l'époque, et d'origine mondiale. Je fus plus particulièrement touché par les événements de Prague, et l'invasion de la Tchécoslovaquie par les chars. D'abord, le compromis de Bratislava avec les Soviets et Alexander Dubcek, comment les Pragois l'ont ils ressenti, les dés étaient-ils "pipés", ? Ensuite les accords de Moscou où il fallut malheureusement se rendre à l'évidence qui entraîna "la normalisation"; le reportage se termine sur les obsèques de l'étudiant Yan Palach. Le film montre des incidents graves à Prague avec des tirs de la part des troupes du pacte de Varsovie, la détermination des Tchécoslovaques qui, d'après les documents, démontent les panneaux de signalisation et d'indications, tout cela à Paris, nous le savions très peu; je le découvre à près de 58 ans ! En effet, depuis juin 1968, le pouvoir de la cinquième république avait repris la main mise totale sur la radio nationale et la télévision. Cependant, en France, même s'il y eut ces événements et cette révolte du printemps, nous étions en république, donc relativement "libres". »

Merci, M. Marsan, de nous avoir fait part de vos impressions sur ce film, merci pour cette réflexion sur les événements de 1968, en Tchécoslovaquie et en France. Il serait intéressant pour moi de savoir comment vous, les autres auditeurs de Radio Prague, vous les avez vécus. Si vous avez envie de nous le raconter, dans une lettre ou dans un e-mail, n’hésitez pas. Le quarantième anniversaire de mai et d’août ’68 est une bonne occasion...

Une chanson interprétée par le groupe « Mig 21 » à la fin de ce Courrier des auditeurs, chanson que je voudrais dédier à Frédérique et Hervé Brien de Talence. Je salue également Mohamed Bouzeboudja d’Oran, en Algérie, Labiad Bouabid d’Azilal, au Maroc, ainsi que Michel Arlie de France qui nous ont récemment envoyé leurs rapports d’écoute. Merci à vous tous de nous écouter et de nous écrire... A très bientôt !