Covid-19 : « Je souhaite aux personnes contaminées de n'avoir que de légers symptômes comme moi »
Les chiffres du coronavirus sont en hausse à Prague et en République tchèque et la tendance qualifiée d’ « inquiétante » par l’OMS. De nouvelles mesures sont entrées et vont entrer en vigueur pour tenter de l’inverser. Témoignage aujourd’hui sur notre antenne d’un Pragois testé positif le mois dernier. Ressortissant français installé depuis quelques années dans la capitale tchèque, Samuel nous a raconté son expérience, en commençant par les premiers symptômes qu’il a ressentis :
Samuel : « C’était aux alentours du 15 août, après une grande journée de travail en extérieur et au soleil, j’ai ressenti une certaine fatigue mais je ne me suis pas inquiété immédiatement pensant que cela allait passer. Le lendemain en revanche, aux alentours de midi et pendant une heure, j’ai ressenti une grand coup de fatigue sans pour autant présenter de symptômes : aucune toux, migraine ou fièvre. J’étais assis sur ma chaise et en raison de cette grosse fatigue, je ne pouvais presque pas bouger, juste contempler ce qui se passait autour de moi. »
A quel moment vous êtes-vous dit « il faut que je me fasse dépister » ?
« Au début je laisse passer car après une heure la fatigue avait disparu, tout comme le jeudi. Le vendredi, le lendemain donc, j’ai ressenti que quelque chose n’allait pas. J’ai donc prévenu mes collègues que j’allais me faire dépister. »
Où êtes-vous allé pour faire ce dépistage ?
« J’ai été dans un premier temps à l’hôpital de Vinohrady. Cependant, ils n’y acceptaient que des personnes ayant pris rendez-vous et en voiture. N’ayant pas de voiture, je suis allé à l’hôpital de Bulovka où cela s’est passé très rapidement. Je suis allé à la tente d’inscription où ils ont pris ma carte d’assurance maladie et m’ont demandé si j’acceptais de payer, ce que j’ai accepté. »
Combien ?
« 1735 CZK, le prix classique il semble. J’ai ensuite fait le test nasal PCR qui n’est pas douloureux, juste désagréable. »
Combien de temps avez-vous attendu le résultat ?
« Ça a été un peu surprenant. Par rapport à mes collègues et à mon entourage, j’ai demandé au personnel médical ce que je devais dire aux gens autour de moi. Ils m’ont dit de rentrer chez moi, de me mettre en quarantaine et que, si j’étais positif, ils aviseraient. C’est ce que j’ai fait et les résultats sont tombés environ 48 heures après. »
Traçage peu efficace
48 heures après, on vous dit « Bonjour Monsieur, vous êtes positif ». Qu’est-ce qu’on vous dit d’autre ?
« C’est là où c’est incroyable… Après avoir appelé moi-même, on me dit au téléphone que je suis positif et la dame au bout du fil voulait presque raccrocher pour terminer l’appel. Je lui dis alors que je dois prévenir les personnes avec lesquelles j’ai été en contact, mes collègues, les gens autour de moi et on me répond que le service d’hygiène me rappellera sous 24 à 48 heures. Il n’a pu m’appeler que 72 heures après, c’était assez déstabilisant. »
« Par acquit de conscience, j’avais anticipé et j’avais bien évidemment averti les personnes de mon entourage en leur demandant d’aller se faire tester. Lors de la semaine durant laquelle j’ai présenté les symptômes, j’avais côtoyé environ une centaine de personnes. Je les ai toutes prévenues, à peu près 45 sont allées faire le test avec des résultats négatifs, y compris ma femme qui était en quarantaine avec moi. »
C’est un sujet de débat en ce moment à Prague : le traçage des personnes en contact avec les personnes contaminées. Pour ce qui est de votre cas, ce n’était pas vraiment tracé de ce que vous nous dîtes ?
« Effectivement… Comme j’ai participé à des activité extra-scolaires avec mes enfants et beaucoup d’autres, J’avais fait un tableau Excel avec toutes les personnes avec lesquelles j’avais été en contact et je l’ai transmis au service d’hygiène. Personne n’a été appelé par le service, peut-être parce qu’il disposait de toutes les infos sur ces personnes, à savoir les numéros de téléphone, les adresses, etc. Une personne travaillant avec le consulat de France m’a informé que ce n’était pas normal et que l’information avait été remontée auprès du service hygiène ou ministériel. Il s’est avéré que ce n’est pas normal que personne n’ait été contacté puisque moi-même je n’ai été appelé qu’une seule fois et pendant 15 minutes par le service d’hygiène. Je n’en ai plus jamais entendu parler par la suite. »
Perte du goût et de l'odorat, isolement social
Vous avez eu d’autres symptômes, notamment cette perte de goût et d’odorat. C’est bien ça ?
« C’est extrêmement surprenant, déstabilisant. Je me mets en quarantaine le vendredi, le dimanche je reçois le résultat positif et dans la même journée je perds l’odorat. Je n’ai donc plus de repères. On voit un citron, on sait exactement ce que ça sent et quel goût ça a mais là, plus rien… Pour tout ce qui était salé je pouvais avoir le goût du sel, pareil pour le sucre mais sans aucun autre goût derrière. »
Combien de temps cela a-t-il duré ?
« Ça a été extrêmement long puisque ça a duré au moins un mois alors que les autres symptômes comme la fatigue ont duré 5-6 jours. »
Il faut préciser que vous êtes en très bonne santé par ailleurs, que vous êtes âgé d’une quarantaine d’années. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
« Très bien ! C’est cela qui est déstabilisant puisque je me suis retrouvé dans une « case Covid », comme si c’était marqué sur mon front et qu’il ne fallait plus me rencontrer. Je pense être assez fort psychologiquement avec ma famille qui m’entoure, mais pour quelqu'un de seul face à cela, cette période serait perturbante puisqu’on nous dit de rester chez nous, de nous mettre en télétravail, les amis au courant évitent de nous rencontrer. Ce n’est pas dit clairement mais on est victime de quelque chose qu’on ne maîtrise pas. Je tiens à m’excuser auprès de toutes les personnes pour avoir eu le Covid mais je ne l’ai pas choisi. Beaucoup me demandent où j’ai été contaminé mais je n’en sais absolument rien. On va devoir passer au travers de cela et même en faisant attention, je pense qu’on n’y échappera pas et si jamais une personne de votre entourage l’attrape, soyez prudents mais faîtes aussi attention à cette personne, qui pourrait être touchée psychologiquement en étant rejetée par la société. »
Il y a des spéculations sur le fait de pouvoir attraper la Covid-19 une deuxième fois. Vous a-t-on donné des indications, chez le médecin ou à l’hôpital, sur les anticorps que vous auriez ou non dorénavant ?
« Absolument pas. Aucune information ne m’a été donnée à ce propos et je n’ai pas cherché à en avoir puisqu’on trouve de tout et n’importe quoi sur internet. Par contre, le service d’hygiène avait bien précisé qu’il était extrêmement important de continuer toutes mes activités une fois les symptômes disparus. C’était très clair de leur part, il le fallait absolument, peut-être afin de transmettre les anticorps que j’aurais développés. Je n’ai aucune information quant à une éventuelle deuxième vague qui pourrait m’arriver. Je peux seulement souhaiter à toutes les futures personnes contaminées de présenter de légers symptômes comme ce fut le cas pour moi. »