Covid-19 : la Tchéquie durcit encore ses mesures sanitaires
Fermeture de toutes les écoles du pays, mais aussi des restaurants, bars et boîtes de nuit, interdiction des rassemblements de plus de six personnes : le gouvernement tchèque a présenté lundi soir ses nouvelles mesures de restriction anti-Covid, alors que le pays compte désormais plus de 121 000 cas de contamination depuis le 1er mars et que le nombre de cas journaliers ne donne pas de signes encourageants. Ces restrictions s'inscrivent à la suite de celles qui restreignent déjà la vie culturelle, sportive et sociale dans le pays.
Parents, gérants de restaurants, bars et boîtes de nuit, et plus généralement l'ensemble de la population tchèque : il va falloir serrer les dents une fois de plus, après l'annonce des nouvelles mesures sanitaires du gouvernement tchèque.
Alors que la République tchèque fait face à une situation épidémiologique critique et qu'elle est désormais un des pays du monde où le coronavirus se diffuse le plus rapidement, les dernières semaines ont été une suite de nouvelles mesures imposées progressivement pour tenter d'endiguer la fameuse « deuxième vague » de l'épidémie de Covid-19.
Contrairement au printemps où, dès les tous premiers cas dépistés et sans même enregistrer un seul décès, le gouvernement tchèque avait réagi rapidement en imposant fermeture des frontières, interdiction de la libre circulation des personnes et port du masque obligatoire, l'automne s'apparente davantage à une quête d'équilibre délicat entre la nécessité de ne pas mettre totalement à l'arrêt l'économie et celle d'« aplatir la courbe », selon l'expression désormais consacrée. Et ce alors, que la Tchéquie vient de symboliquement dépasser la barre des 1 000 décès (1 051 à ce jour), que le nombre de soignants contaminés a doublé en une semaine (actuellement près d'un millier de médecins et plus de 1 800 infirmières) et que le système de santé peut très vite arriver à saturation.
Ainsi, alors qu'en fin de semaine dernière, le gouvernement se voulait rassurant sur la question du maintien des cours en présentiel pour le premier niveau des écoles primaires, c'est désormais toutes les écoles (hormis les maternelles), qui vont fermer leurs portes ce mercredi 14 octobre, et rebasculer dans l'enseignement à distance comme au printemps dernier. Premier ministre, ministre de la Santé et ministre de l'Education l'ont martelé lors de la très tardive – et très attendue – conférence de presse de lundi soir : l'objectif est un retour sur les bancs de l'école le 2 novembre, après la semaine allongée des vacances d'automne qui doit clore le mois d'octobre.
Autre mesure hautement symbolique : la fermeture des restaurants, bars et et boîtes de nuit à partir du 14 novembre, prévue, pour l'heure, jusqu'à la fin de l'état d'urgence, soit le 3 novembre. Les restaurants pourront toutefois, comme lors du confinement, proposer leurs plats en vente à emporter. La consommation d'alcool est également interdite sur la voie publique et les rassemblements limités à six personnes maximum. Le port du masque, obligatoire dans les transports en commun, est également imposé aux arrêts de tramways, trolley-bus, bus, et quais de gares du pays dès ce mardi.
Si elles n'étranglent pas l'ensemble de l'économie du pays, les nouvelles mesures imposées touchent à nouveau durement le secteur de la restauration déjà bien mal en point après les restrictions du printemps et la quasi absence de touristes, à Prague notamment. C'est également le cas du monde de la culture, gelé depuis lundi dans le cadre de la vague précédente de restrictions, et qui a voulu marquer le coup dans la soirée avec l'illumination de dizaines d'institutions culturelles pour signaler symboliquement leur place dans la société.
L'annonce des nouvelles mesures prévue à l'origine en début, puis en fin d'après-midi est arrivée tard dans la soirée de lundi, après de longues discussions du cabinet qui auraient achoppé sur la fermeture totale, souhaitée par le ministre de la Santé Roman Prymula, ou partielle des bars et restaurants – variante soutenue par le Premier ministre qui manifestement n'a pas eu le dernier mot. Prévu à l'origine vers 20h, un discours du ministre de la Santé a même été annulé en raison de la prolongation du conseil des ministres.
L'opposition a exprimé de vives critiques après les annonces de lundi, pas tant sur le fond que sur la forme, estimant « mauvaise » la communication du gouvernement vis-à-vis de la population, et pointant du doigt l'absence de compensations financières pour le secteur de la restauration.
Enfin, d'aucuns n'ont pas manqué de relever le fait que les célébrations de la fête nationale prévues le 28 octobre au Château de Prague, sont, pour l'heure maintenues, en dépit de la limitation de tous les rassemblements à six personnes maximum. Les services d'hygiène sont les seuls à pouvoir accorder une éventuelle dispense. Si une réduction drastique des participants est plus que probable, le président Zeman, 76 ans, a d'ores et déjà fait connaître son opposition à toute annulation de la cérémonie célébrant la création de la Tchécoslovaquie indépendante.