Crise gouvernementale: le parti Affaires publiques lance un ultimatum au Premier ministre
Depuis plusieurs jours, le gouvernement traverse une crise sans précédent qui risque bien de le conduire à sa chute. Embourbé dans une série d’affaires de corruption, le parti de la coalition gouvernementale Affaires publiques a menacé, hier mardi, d’envoyer au Premier ministre les lettres de démission des ministres nommés sous les couleurs du plus jeune parti gouvernemental. Cette démission si elle avait lieu, conduirait à la tenue d’élections anticipées.
« La conférence du parti Affaires publiques et le club des députés appellent les ministres nommés sous les couleurs du parti Affaires publiques à déposer sans tarder leurs démissions au Premier ministre. »
Pour beaucoup d’observateurs, cette manœuvre participe d’une stratégie de survie du parti dont l’existence est remise en question, notamment, en raison du procès pour corruption de l’un de ses membres fondateurs, Vít Barta, et par les écoutes de la députée de Kristýna Kočí dans lesquelles elle aurait appelé à un renouvellement de la tête du parti en accord avec les dirigeants de l’ODS et de TOP09, les deux autres partis de la coalition gouvernementale.
Jugeant qu’il s’était sans doute exprimé de manière trop hâtive, Radek John a ajouté ce mercredi matin que son parti donnerait, au plus tard le 1er mai, les lettres de démission au Premier ministre. Quelques semaines jugées nécessaires, selon lui, afin de redéfinir l’accord de coalition signé lors des élections de 2010. Sur ces développements écoutons Michel Perottino, politologue à la Faculté des Sciences sociales de l’Université Charles :« Les membres du parti Affaires publiques veulent démontrer par leurs activités qu’ils ne sont pas les seuls à avoir des problèmes. Ils essaient donc de mouiller les autres partis du gouvernement de manière à obtenir un nouveau compromis qui leur permettrait de continuer, chose que les responsables des autres partis refusent. »
La réaction du premier ministre Petr Nečas à l’ultimatum lancé mardi en fin de journée ne s’est pas faite attendre, déclarant « qu’à partir du moment où les ministres d’Affaires publiques déposeront leurs démissions, ils fermeront définitivement l’espace de négociation et la poursuite de la coopération entre les trois partis de la coalition ». Dans ce cas de figure jugé très probable, le Premier ministre a annoncé être prêt à l’éventualité d’élections anticipées :
« Dans le cas d’un développement de la situation conduisant à la chute du gouvernement, je ne crains pas la tenue d’élections anticipées que je considère comme la posture la plus responsable venant des dirigeants du pays. »Et de conclure, toutefois, que la tenue d’élections anticipées, si elles avaient lieu, devrait être convoquée le plus rapidement. Même son de cloche de la part du second parti de coalition, TOP 09 qui, par la voix de son vice-président et ministre des Finances Miroslav Kalousek, souhaite la disparition de la scène politique du parti Affaires publiques :
« En aucune circonstance nous laisserons la place au chantage. Les élections anticipées n’apportent rien de bon, mais elles sont néanmoins une issue plus honorable que la prolongation de cette agonie du gouvernement. En outre, elles apporteront quelque chose de positif pour la culture politique de la République tchèque, c’est-à-dire la disparition pour toujours et le plus vite possible d’un objet politique visqueux et dégoutant comme le parti Affaires publiques. »La tenue d’élections anticipées est un avis partagé par le vice-Président du parti social-démocrate ČSSD, Lubomír Zaorálek, qui a appelé à la réunion des dirigeants des principaux partis du Parlement afin de définir au plus vite l’agenda des élections législatives. Une réunion des responsables de la coalition gouvernementale est, par ailleurs, prévue ce jeudi.