Le gouvernement tchèque a donné son aval au projet de loi sur le règlement des rapports de propriété entre l’Etat et les Eglises. Cette loi rejetée par l’opposition et la majorité de la population tchèque a semé la discorde également au sein de la coalition gouvernementale. Ce n’est pas la première fois que le parti Affaires publiques menace l’existence de la coalition gouvernementale qu’il forme avec le Parti civique démocrate ODS et le parti TOP 09. Les commentateurs en viennent à se demander s’il s’agissait là d’un différend grave ou d’une nouvelle tempête dans un verre d’eau.
Photo: Archives de Radio Prague
Le projet de loi en question est appelé en général inexactement « loi sur la restitution des biens des Eglises ». Il ne s’agit cependant pas que de la restitution des biens confisqués par le régime communiste mais aussi de compensations pour les biens des Eglises qui ne peuvent être restitués. D’après le projet, qui semblait d’abord acceptable à toutes les parties concernées, l’Etat restituerait aux Eglises et à différents mouvements religieux 56 % de leurs biens et leur verserait progressivement aussi une compensation de 59 milliards de couronnes, quelque 2,36 milliards d’euros. Cependant les Eglises ne recevront pas immédiatement cette somme mais les versements s’échelonneront sur une période de 30 ans.
Petr Nečas, photo: CTK
Récemment, le parti Affaires publiques a retiré son soutien inconditionnel à ce projet qu’il s’était pourtant engagé à soutenir dans l’accord de coalition, et a demandé un supplément d’information sur son financement. Il a pris l’initiative de chercher lui-même une solution et a proposé la fusion des ministères de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement pour réunir les moyens nécessaires. L’initiative s’est cependant heurtée au refus ferme des deux autres membres de la coalition, le Parti Civique démocrate ODS et le parti TOP 09. Le premier ministre Petr Nečas est allé jusqu’à menacer Affaires publiques de relever de leurs fonctions les ministres qui représentent ce parti dans le cabinet, mesure qui aboutirait inévitablement à la fin de la coalition gouvernementale. Face à cette menace, les députés d’Affaires publiques avaient fini par autoriser les ministres de leur parti à voter pour le projet de loi controversé ce qui a été fait dans la matinée de ce mercredi. Le président d’Affaires publiques, Radek John, a expliqué ce tournant par les garanties que le parti aurait obtenues de la part du Premier ministre :
Radek John, photo: CTK
« Nous nous sommes mis d’accord avec le Premier ministre que les compensations aux Eglises seront financées par des mesures d’économie budgétaires et la réduction de la bureaucratie. Il ne s’agira donc pas de coupes dans les budgets de divers ministères ou de coupes dans les prestations sociales. Le citoyen ne sera pas touché par ce règlement. L’argent sera trouvé ailleurs. »
D’après le commentateur du journal Hospodářské noviny, Petr Honzejk, nous assistons ici à l’aspect théâtral de la politique. D’après lui, Affaires publiques ne peut tout simplement pas se permettre de désagréger la coalition gouvernementale car l’existence même de ce parti en dépend :
« En ce moment la cote de popularité d’Affaires publiques n’atteint que deux 2%. La chute du gouvernement serait probablement suivie par une période transitoire et puis par des élections anticipées. Dans une telle situation, l’existence d’Affaires publiques en tant que projet politique serait définitivement finie. »
Et Petr Honzejk de constater qu’il ne reste donc plus à Affaires publiques que de continuer à jouer le rôle d’opposition factice au sein de la coalition gouvernementale pour se rendre visible et pour améliorer son image politique.