Crise migratoire : une exposition s’attaque aux problématiques de discrimination
Le DOX accueille actuellement, et jusqu’au 21 mars, une exposition HateFree issue d’une collaboration artistique avec l’association gouvernementale éponyme. Lutte contre les discriminations sexuelles et raciales, dénonciation des sévices à l’égard des réfugiés, HateFree Culture résonne d’autant plus dans un contexte de crise où la xénophobie est largement stimulée par quelques groupuscules d’extrême-droite.
« Nous faisons une campagne contre le racisme et la haine. Nous ciblons le renforcement de l’information sur les questions de racisme et de xénophobie parmi les jeunes. Nous travaillons beaucoup avec les minorités auxquelles la majorité ne laisse pas suffisamment droit à la parole. Nous nous y employons par le dialogue, des discours et en montrant de vraies informations. Ces minorités-là sont aussi une partie importante de notre société et il ne faut pas les marginaliser. »
Depuis fin janvier, le centre d’art contemporain de Prague présente une trentaine d’œuvres en collaboration avec HateFree Culture afin de soulever les problématiques actuelles. Photos, vidéos, peintures, une pluralité de supports artistiques sont utilisés et tous dénoncent racisme et discrimination. Adam Podhola complète :« Nous voyons les résultats d’un ‘open call’ que nous avons mené en coopération avec le centre DOX. Au printemps de l’année dernière, nous avons demandé aux artistes de nous envoyer des réflexions pour les sujets de notre campagne. »
Lutter contre la violence des discriminations est en effet le sujet de la campagne menée par HateFree. L’exposition regroupe de nombreuses pistes de réflexion et met en lumière la haine de l’autre comme la beauté de la différence. D’une vidéo montrant la brutalité de la police hongroise à l’égard des réfugiés à la simple phrase « les femmes ont des couilles », le champ de la critique est large et incisif.Pour Adam Podhola, la collaboration avec les artistes permet de diffuser plus facilement des messages politiques. L’association est en effet parfois bloquée par sa collaboration avec le gouvernement :
« Les artistes ont souvent la liberté de s’exprimer sur des questions sensibles. Notre position avec le gouvernement n’est pas facile, nous ne pouvons pas parler ouvertement. Mais avec les artistes, avec cette collaboration, c’est vraiment très positif. »La portée politique des actions artistiques a en effet récemment pris sens. S’interrogeant sur le contenu du décret municipal de Duchcov, qui stipule l’interdiction de s’asseoir dans les lieux publics à l’exception des bancs, les artistes collaborant avec HateFree ont permis de dénoncer via des productions vidéos l’illégalité de cette mesure.
Projet réussi pour Adam Podhola, l’art permettrait selon lui de sensibiliser plus efficacement les populations :
« Nous ne pouvons pas encore mesurer l’impact de notre campagne, ce sera notre tâche dans les prochaines années. Mais, au moins, nous pouvons mesurer l’intérêt des gens à participer aux discussions. »La campagne médiatique et artistique de HateFree attire donc un public toujours un peu plus nombreux, même si son véritable impact sur l’opinion publique reste, lui, encore à mesurer.
L’exposition est à voir et à revoir jusqu’au 21 mars au DOX.